Bonjour!
Je viens vous parler d’un manga culturel mais pas que. Il est signé Cuvie et s’appelle En scène!
Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois, ça ne s’est pas bien passé… Voyez plutôt:
Vous avez vu ce rose, le tutu, la pose pleine de grâce de la danseuse saisie en plein vol? J’ai pensé “M’enfin, tu vas pas prendre ça, Sharbettt, ça PUE le produit marketé pour les petites filles, et pis t’as vu Black Swan, et pis le milieu de la danse classique, c’est un milieu hyper discriminant et conservateur où les gens se font du mal à eux-mêmes, et quand ils ne s’en font pas, ils cassent du verre dans les chaussons de leurs petits camarades! La danse classique, c’est dégueulasse, voilà! et en plus, t’y connais rien!”
Oui, je suis pleine de bêtes préjugés, de clichés, mais je me soigne, promis.
Cependant, tourne-vire et vire-tourne autant que je veux dans la bibliothèque municipale, impossible de me sortir le bouquin de la tête, l’expression du personnage me hante. Oui, rose, oui, tutu, oui, mignon, mais le visage de la danseuse exprime la tension, l’inquiétude, elle essaie de regarder derrière elle: son saut ne se passe pas bien. Je reviens donc vers la table et le prends en maugréant.
Et j’ai bien fait, parce que j’ai découvert un manga adorable, positif, intéressant et instructif!
De quoi ça parle?
La petite Kanade assiste au spectacle de danse de Lisa, sa voisine. La fillette, éblouie par la beauté des costumes et de sa voisine, demande aussitôt des cours de danse à ses parents. Elle se retrouve donc en studio, mais quelle déception! On porte pas de jolis costumes! On fait que des exercices ennuyeux! Et la prof la reprend tout le temps, parce qu’elle fait tout mal! Kanade craque et finit par éclater en sanglots… mais consolée par ses aînées, elle reprend ses esprits et finit par développer une passion brûlante pour la danse, une passion qui dure maintenant depuis 16 tomes en France, pour ma plus grande joie!
Alors, pour la petite anecdote, Kanade se tourne vers la danse pour les mêmes raisons que l’étoile Agnès Letestu dont j’avais lu l’autobiographie… en sortant d’un ballet justement: toutes les deux voulaient porter de beaux costumes. Bref! revenons au manga et à son perso principal.
Kanade est simplement… a-do-ra-ble! Elle possède un caractère heureux, ouvert, bienveillant. Elle vit littéralement dans une carapace d’optimisme et de gentillesse qui la rend imperméable à la méchanceté ou à la compétition. Même la terrible Sakura, danseuse hors pair, ne peut résister à tant de lumineuse candeur.
Kanade me rappelle un peu Tohru de Fruits Basket: en étant elle-même, joyeuse et passionnée pour sa discipline, elle fait fondre les sentiments négatifs des autres et elle va même inspirer et créer des comportements positifs chez d’autres danseurs. Mon petit coeur de midinette ne peut que craquer pour elle!
Bon, c’est bien joli tout ça, mais je poste dans Les mangas culturels et pas dans Les mangas feel-good. Alors, c’est cuturel ou pas?
Oui, complètement! pas de danse classique sans citation de ballets, d’écoles, de rôles! Pour les ignorants dont je suis, ce manga propose une ouverture vers d’autres formes d’art. Je me suis amusée à chercher sur Youtube les danses et rôles que joue Kanade. Je ne suis pas toujours réceptive, mais parfois si, et ces vidéos m’apportent un complément et une meilleure compréhension de ce qu’elle fait.
Je faisais allusion à la dureté du milieu plus haut. Le manga n’occulte pas cet aspect, toutefois, il le garde en arrière-plan et ledit aspect concerne davantage l’injustice de la discipline que la jalousie entre apprentis: une blessure trop grave, un buste ou des bras trop longs, et vous ne ferez jamais partie d’un corps de ballet…
La série s’interroge aussi sur la pression subie par les jeunes: est-il juste de la leur infliger? Personne ne répond à cette question, elle hante cependant la professeure de Kanade… au lecteur de se faire son avis (ou pas).
Quant au desssin, aïe aïe aïe! Dans les premiers tomes, on sentait qu’il était difficile de rentrer certaines jambes dans la case, certaines perspectives ne fonctionnent pas… mais ces défauts s’effacent au fur et à mesure que la série avance. Toujours plus de plaisir!
Conclusion: je ne nourrissais aucun intérêt particulier pour la danse classique, pourtant j’ai trouvé ce manga enrichissant et surprenant 😀 Comme quoi, il ne faut pas s’arrêter au jugement de la couverture.