Les manga culturels

20 sujets de 341 à 360 (sur un total de 392)

Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531795

    Attention, je ne dis pas que les femmes étaient étudiées et avaient facilement accès à la culture dite ”savante” ! Même si c’est durant la seconde moitié du XIXe que l’on voit pour la première fois des femmes obtenir un baccalauréat (et encore elles ont dû se battre) ou devenir avocates, ça restait l’apanage des hommes. Non ce que je veux dire, c’est ce parti-pris du manga de visiblement avancer que les femmes occidentales étaient analphabètes à l’époque. Il y avait des écrivain(e)s depuis longtemps, certes pas autant reconnues que leurs comparses masculins, mais il y en avait.

    Je suis un peu étonné, chère Veggie, à propos de ce “parti-pris du manga” sur les “femmes occidentales analphabètes” au 19eme siècle. Quels mangas ? Justement, dans Isabella Bird dont nous avons parlé, l’héroïne montre peut-être (?) un début d’attrait pour son guide-interprète, mais en tout cas en 1877 elle a un haut niveau culturel et le manga ne cesse de le prouver. Dans La Lanterne de Nix les femmes parisiennes de 1879 paraissent très “libérées” à l’adolescente japonaise, ce qui se conçoit, mais le récit ne montre aucune faiblesse culturelle chez elles. Et si elles semblent plus ou moins vouées à une carrière de galanterie, voire de prostitution, ce n’était que trop vrai. Dans Good Bye my rose garden , une autre jeune Japonaise devient la domestique d’une aristocrate anglaise très cultivée, et même écrivain célèbre, obligée encore en 1900 de publier sous pseudonyme masculin (telle George Sand, et George Eliot, entre autres). Bref, je ne vois pas d’analphabètes ou illettrées dans les mangas  historiques, et la petite soubrette de Shirley sait très bien lire malgré sa pauvreté.

    Marrant, Xanatos, on a parlé récemment de Madame Bovary et je comprends pleinement ta soeur !! Quel tableau, où Flaubert visait à dénoncer les lectures “catastrophiquement romantiques” d’Emma ! En ce 19eme siècle où, comme tu le dis, la condition féminine dans les classes moyennes a plutôt régressé (évidemment elle a un peu progressé, très peu, dans les classes vraiment pauvres), la lecture pour les filles et les femmes était strictement calibrée par un système de relégation dans les livres “anodins”. Surtout rien de sérieux ! Ou la fille était moquée comme “bas bleu”.

    Et Flaubert, glorifié par nos profs, conclut L’Education Sentimentale (que j’ai été obligé de faire semblant de lire) de ses deux jeunes hommes par leur nostalgie des prostituées de leur première expérience, genre “c’était le bon temps” ! ! Il y avait avant 1945 près de 3000 maisons closes grandes ou petites à Paris, déguisées ou non en hôtels… Le manga Marion situé en 1940 ne le cache pas, et il a raison.

    Je manque de temps, chère Veggie, pour lire le très long article que tu as mis en lien, c’est dommage, car le sujet m’intéresse… Pour l’anecdote HS, je viens juste hier d’abandonner ma tentative de lecture de Bouvard et Pécuchet de Flaubert, encore un livre à vous tomber des mains ! Et où l’on cherche les femmes.

    Akiko_12
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    Akiko_12 le #531809

    Et quand elle était ado, une de ses héroïnes fétiches a été Buffy Summers, l’héroïne de Buffy contre les Vampires car c’était une jeune fille/femme forte, intrépide, drôle et dure à cuire.

    Haha je ne peux qu’applaudir, et j’adore aussi Tornade dans X-Men ! *_*

    Concernant Madame Bovary, on nous l’avait fait lire en seconde, et au contraire de mes petits camarades j’avais plutôt aimé. C’est un roman sur l’ennui, en cela je trouve qu’on le ressent très bien. Emma dépérit, enfermée dans une une vie domestique d’une chiantise absolu, avec un type qu’on ne peut même pas blâmer : il lui donne un statut social de petite bourgeoise (avec l’argent qui va avec, puisque de toute façon elle est forcée d’être dépendante), il est même très gentil – voire crétin. Le truc c’est qu’il est beaucoup plus âgé, ils ne partagent aucun centre d’intérêt, ils n’ont rien en commun. Si encore ils pouvaient avoir quoi, des conversations intéressantes quand il revient enfin de son travail ? Mais non. Le vide absolu. Le seul échappatoire qu’elle finit par se trouver, se sont ses amants, ce qui valut un procès à Flaubert. Quoi ? Cette femme n’est pas contente de sa condition ? Pourquoi ? Elle a pourtant tout pour être heureuse ! (Selon les bons critères fixés par ceux qui la dominent, là est la nuance.) Et comment ose-t-elle verser dans ce péché qu’est l’adultère, voire carrément finir par l’acte de Judas, le suicide ?!

    J’avais trouvé qu’en décrivant la triste, morne vie d’Emma, Flaubert permettait aux lecteurs hommes de peut-être comprendre ce qu’elle endurait, le pourquoi de ses actes. Cependant j’ajouterai des nuances, et peut-être qu’une relecture (mais je n’ai pas le courage :lol:) permettrait de préciser mes souvenirs… Car, comme le souligne Yupa, il me semble que Flaubert insistait beaucoup sur les lectures d’Emma, des bouquins au romantisme pété, qui en gros lui auraient inculqué une sorte de rêve/fantaisie expliquant son insatisfaction constante. Bien sûr, là, c’est sujet à caution : veut-il dire qu’en gros, elle n’aurait pas dû lire ? Que rester inculte lui aurait permis de mieux avaler la pillule ? Auquel cas, il vaudrait mieux retirer tous les bouquins des mains des femmes, même ces trucs insipides qu’on leur permet de lire ? Ou, au contraire, le fait qu’elles n’aient que cette littérature minable à se mettre sous la dent (à défaut de livres savants/intelligents) est-il en cause, et là il deviendrait urgent de diversifier ? Troisième hypothèse : ces livres ne l’ont-ils pas rendue malade parce que grâce à eux, elle s’est aperçue du gouffre entre sa vie réelle et celle des héros/héroïnes fictifs, de la misère de sa condition ?*

    * Notons que les femmes du peuple, elles, n’ont pas ce problème. Elles ont bien assez à s’occuper des repas, du ménage, de leur marmaille et de leur mari pour avoir trop le temps de lire, et pire, de s’ennuyer !

    Sur France 2, ils ont diffusé un très bon téléfilm  il n’y a pas longtemps, Emma Bovary. J’ai trouvé vraiment terrible, mais ô combien parlant, ce passage où après avoir fantasmé le sexe de son futur bébé (“Tu seras un garçon, ainsi, tu seras libre !”), Emma demande d’une voix angoissée s’il s’agit bien d’un garçon… L’accoucheuse révèle que c’est une fille. Là, Emma retombe sur son lit, au plus bas moralement. Sa malédiction se prolonge via son enfant, qu’elle va délaisser, en toute logique (cruelle).

     

    Je manque de temps, chère Veggie, pour lire le très long article que tu as mis en lien, c’est dommage, car le sujet m’intéresse… Pour l’anecdote HS, je viens juste hier d’abandonner ma tentative de lecture de Bouvard et Pécuchet de Flaubert, encore un livre à vous tomber des mains ! Et où l’on cherche les femmes.

    Je te recommande les dernières pages au pire, même si tout est intéressant. ^^
    Elles évoquent l’exercice de style auquel s’est livré Camille Sée lors du vote de la loi pour l’ouverture de l’enseignement secondaire aux filles dans des écoles publiques. Le bonhomme marche sur un fil : d’un côté il doit expliquer que la République souhaite avoir des femmes pas 100% débiles (“capables de raisonner”), et en même temps, il faudrait pas qu’elles raisonnent trop :

    Il y a, pour ainsi dire, un “programme féminin” à subsituer à toutes ces sciences abstraites dont elle ne feront jamais aucun usage, dont il faut souhaiter qu’elles ne fassent jamais aucun usage.

    En bref un florilège instructif de sexisme version “éducation nationale”, une institution qui reflétait (et perpétuait en même temps) une pensée XIXe et un mode de domination bien crades.

     

    Même si c’est durant la seconde moitié du XIXe que l’on voit pour la première fois des femmes obtenir un baccalauréat (et encore elles ont dû se battre)

    Peut-être évoques-tu là des “exceptions exceptionnelles” comme Julie-Victoire Daubié, mais dans les faits, le baccalauréat n’a été officiellement ouvert aux filles qu’en 1924 – en tout cas, en France – lorsque les programmes (et épreuves) des filles/garçons ont été égalisés.

    J’ajouterai qu’avoir un diplôme c’est bien, mais encore faut-il avoir un débouché.
    Je vous passerai les chiffres actuels sur les PDG, le CAC 40, les hauts postes à pouvoir et responsabilités… Flemme de chercher !

    Veggie11
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    Veggie11 le #531815

    Je suis un peu étonné, chère Veggie, à propos de ce “parti-pris du manga” sur les “femmes occidentales analphabètes” au 19eme siècle. Quels mangas ? Justement, dans Isabella Bird dont nous avons parlé, l’héroïne montre peut-être (?) un début d’attrait pour son guide-interprète, mais en tout cas en 1877 elle a un haut niveau culturel et le manga ne cesse de le prouver.

     

    Je parlais du manga ”L’Oiseau d’or de Kainis” qui est prévu cette année chez Glénat. En voici le résumé sur Manga News :

    ”Début du XIXe siècle, à l’est de Gloucestershire, Lea a grandi au milieu de livres “inaccessibles pour son cerveau féminin“ et se passionne pour l’écriture, un art réservé à la gent masculine. C’est donc sous l’identité fictive d’Alain Wedgwood qu’elle va débarquer à Londres pour faire publier ses ouvrages, se plonger le monde littéraire et se faire de nouveaux amis. Que va-t-elle pouvoir découvrir sous sa nouvelle apparence ?”

    Concernant Isabella Bird, dont je continue évidemment d’en louer les points forts, c’est la personnalité d’Isabella qui me gêne, trop excentrique pour une Anglaise de l’époque victorienne issue d’un milieu aisé. Après, il est possible qu’Isabella Bird était réellement ainsi ou du moins perçue ainsi par les Japonais de l’époque, mais comme l’auteur l’a déjà rajeunie, je ne serais pas étonnée qu’il ait fait de même pour son caractère.

    Pour ”Madame Bovary”, je ne peux malheureusement pas en parler davantage, les tentatives de lire du Flaubert me sont toutes tombées des mains.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531819

    . Le seul échappatoire qu’elle finit par se trouver, se sont ses amants, ce qui valut un procès à Flaubert. Quoi ? Cette femme n’est pas contente de sa condition ? Pourquoi ? Elle a pourtant tout pour être heureuse ! (Selon les bons critères fixés par ceux qui la dominent, là est la nuance.) Et comment ose-t-elle verser dans ce péché qu’est l’adultère, voire carrément finir par l’acte de Judas, le suicide ?! J’avais trouvé qu’en décrivant la triste, morne vie d’Emma, Flaubert permettait aux lecteurs hommes de peut-être comprendre ce qu’elle endurait, le pourquoi de ses actes. Cependant j’ajouterai des nuances, et peut-être qu’une relecture (mais je n’ai pas le courage :lol:) permettrait de préciser mes souvenirs… Car, comme le souligne Yupa, il me semble que Flaubert insistait beaucoup sur les lectures d’Emma, des bouquins au romantisme pété, qui en gros lui auraient inculqué une sorte de rêve/fantaisie expliquant son insatisfaction constante. Bien sûr, là, c’est sujet à caution : veut-il dire qu’en gros, elle n’aurait pas dû lire ? Que rester inculte lui aurait permis de mieux avaler la pillule ? Auquel cas, il vaudrait mieux retirer tous les bouquins des mains des femmes, même ces trucs insipides qu’on leur permet de lire ? Ou, au contraire, le fait qu’elles n’aient que cette littérature minable à se mettre sous la dent (à défaut de livres savants/intelligents) est-il en cause, et là il deviendrait urgent de diversifier ? Troisième hypothèse : ces livres ne l’ont-ils pas rendue malade parce que grâce à eux, elle s’est aperçue du gouffre entre sa vie réelle et celle des héros/héroïnes fictifs, de la misère de sa condition ?* * Notons que les femmes du peuple, elles, n’ont pas ce problème. Elles ont bien assez à s’occuper des repas, du ménage, de leur marmaille et de leur mari pour avoir trop le temps de lire, et pire, de s’ennuyer !

     

     

    Tout à fait, Akiko ! Historiquement il y a toujours eu césure, et en presque toutes les civilisations, entre les femmes de l’élite, disposant des moyens et loisirs pour lire, voire écrire, et celles du peuple, sur qui retombait tout le poids des obligations du foyer et des enfants et qui n’avaient pas une minute à elles ! Aux 17 e et 18 e siècle les femmes nobles échappèrent au simple ânonnement du catéchisme et commencèrent à lire et écrire (la Sévigné, Mme de Lafayette… ) voire à être des scientifiques aux moeurs libres (Mme du Châtelet, amie de Voltaire, et qui découvrit avant Einstein l’augmentation au carré de la masse par la vitesse !), mais au 19 e siècle, le recul de leur analphabétisme ou illettrisme  a été accompagné de celui de leur liberté, et on en arrive donc à Emma Bovary, cantonnée à une littérature d’évasion romantique et sucrée. Flaubert était certainement sensible à la déréliction d’Emma, mais je ne pense pas qu’il en tirait autre chose que du chagrin pour elle : “c’est la vie”, qu’il voyait sans optimisme aucun. Bouvard et Pécuchet, vieux célibataires endurcis, parlent des femmes quand ils se rencontrent et sont d’accord : “Frivoles, acariâtres, têtues. Malgré cela, elles étaient souvent meilleures que les hommes ; d’autres fois, elles étaient pires. Bref, il valait mieux vivre sans elles.” Les deux héros sont des exemples de sot conformisme intégral pour Flaubert, mais donc représentatifs. D’ailleurs Zola lui, est bien plus misogyne, non content de tromper sa femme, comme tous les hommes de l’époque ou presque.

    Veggie, L’oiseau d’or de Kainis me semble très proche de Goodbye my rose garden : en effet on y voit Hanako, une jeune Japonaise, débarquer à Londres en 1900 ; dans ce Japon Meiji féru d’occidentalisation elle a appris l’anglais et découvert avec passion les romans de Victor Franks, qu’elle veut à tout prix rencontrer pour lui montrer le roman qu’elle a écrit. Elle trouve sa maison éditoriale et en fait le siège chaque jour, mais l’éditeur la rejette sans cesse et lui lance qu’elle ferait mieux de se marier et de faire des enfants. Elle s’écrie alors qu’elle a traversé l’océan pour rien vers un pays qu’elle rêve “libre”. C’est alors qu’elle s’effondre sur le perron, en larmes, qu’une lady, Mademoiselle Alice, la prend en pitié et lui offre de devenir sa femme de chambre (comme je le disais, on pense beaucoup à Shirley de Kaoru Mori). Seulement Mademoiselle Alice n’est autre que Victor Franks, seul moyen pour une femme d’être publiée hors des livres de cuisine ou de botanique. Qui plus est, Alice a connu une histoire d’amour avec une gouvernante forcée de partir. Et elle va bientôt devoir se marier, contrainte pour mettre fin à la rumeur. Ce manga en 3 tomes est en effet un yuri (très pudique !) et Hanako, bien sûr vite tombée amoureuse d’Alice et réciproquement, devra éviter un épilogue tragique. La postface du mangaka masculin “Dr. Pepperco”, signale qu’il a dû faire des recherches poussées sur la condition féminine et homosexuelle à l’époque en Angleterre, et qu’il ne la croyait pas si dure, des larmes lui en venant : les Japonais continuent à s’imaginer l’Occident comme un joyeux paradis libre, mouarf… Ce qui me rappelle les fantasmes de ma jeune épouse Yuki arrivant à Paris en 1990…

    Veggie11
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    Veggie11 le #531851

    La postface du mangaka masculin “Dr. Pepperco”, signale qu’il a dû faire des recherches poussées sur la condition féminine et homosexuelle à l’époque en Angleterre, et qu’il ne la croyait pas si dure, des larmes lui en venant : les Japonais continuent à s’imaginer l’Occident comme un joyeux paradis libre, mouarf… Ce qui me rappelle les fantasmes de ma jeune épouse Yuki arrivant à Paris en 1990…

     

    Oh ce n’est pas propre aux Japonais, tu mets Thomas et Claire, la vingtaine, fans de mangas et de sushis, au milieu de Shinjuku durant 3 semaines, leur vision idyllique du Japon s’effondre bien vite. Et je peux te garantir que ce n’est pas propre aux pays éloignés, beaucoup de Français par exemple ont une vision de la Suisse très imagée et faussée.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531922

    Tout à fait d’accord avec toi Veggie sur la Suisse ! Je connais des exemples. Sur le Japon en revanche je n’ai rencontré personnellement que des gens, jeunes ou moins jeunes, franchement éblouis par le contact. Des cas connus de rejet partaient d’un a priori politisé comme Cabu, odieusement assassiné, gentil anarcho-syndicaliste (comme on disait dans un passé qui s’éloigne déjà) mais que je n’ai jamais pris pour un maître à penser, ou Johann Sfar dont l’univers culturel est aux antipodes du climat japonais.

    Un manga culturel sur lequel personne n’osera peut-être me répondre : Sex Education 120 % . D’après la jaquette, la mangaka Kikiki (quel prénom ! :-)) Tataki est “très intéressée par les informations et les anecdotes concernant le sexe dans son ensemble”. Et de fait les informations sur le sexe au Japon (mais pas que !!) ne manquent pas ici, ni l’humour, qui est largement de la partie (c’est le mot !).

    On suit Mme Tsuji, continuellement en survêt’ car prof d’EPS nouvellement nommée dans un lycée pour filles. Malgré les réclamations presque unanimes des filles la France essaie de maintenir la mixité dans l’enseignement public, mais le Japon a opéré un retour fréquent aux lycées non-mixtes.  Les profs d’EPS nippon(e)s font cours de sport, mais aussi en classe sur le corps humain. Or Mme Tsuji, en rupture avec son manuel très timoré, est bien déterminée à briser les tabous qui laissent ses élèves dans une pudique ignorance non certes sur la reproduction, mais sur l'”avant”, l'”après”, et ce qu’on fait de son corps à côté de cela (je me demande d’ailleurs si l’on est plus explicite en France). Et à la première question d’une élève  ; “Madame, comment on fait pour inviter quelqu’un à avoir un rapport sexuel ?” elle s’écrie “Très bonne question !!” Puis “On va réfléchir aux différents moyens de passer à l’acte !” Les statistiques qui suivent sont très sérieuses et documentées. En fait dans le manga, on va suivre 4 de ses élèves : l’une, Matsuda, est une grande fan de mangas Boy’s Love ; une autre, Moriya, est en couple avec Aikawa, une autre fille ; et Kashiwa, petite binoclarde, sait tout sur le sexe mais ne vit que pour son chat. On apprendra plus loin qu’être un “chat” au Japon consiste à être le/la soumis(e) dans un couple sado-maso. Aussi quand Mme Tsuya se met à distribuer gratuitement des préservatifs, Kashiwa en prend un stock en disant que son chat les déchire tout le temps, ce qui fait beaucoup fantasmer ses camarades !

    Puis Mme Tsuya oriente son cours sur la masturbation. Alors intervient une de ses collègues scandalisée, Mme Nakazawa, mais peine perdue, notre luronne a réponse à tout et tient bon, même face aux remontrances de son directeur. En effet elle se lance ensuite sur l’usage d’un instrument curieux (ignoré en France… je crois  !), la digue dentaire, carré de latex utile aux pratiques orales sur les deux orifices :  accessoire qui va vivement intéresser Aikawa, l’amante de Moriya !

    On rit beaucoup de la façon dont l’impayable Mme Tsuji embarque sa collègue Mme Nakazawa dans ses “recherches sur le sexe” et lui fait frôler le lesbianisme devant un Love Hôtel… Hilarant chapitre aussi sur le sexe chez les animaux : saviez-vous que l’éléphant mâle n’a pas de testicules ? que le phalanger volant (sorte d’écureuil) possède un pénis bifide évoquant des antennes ? que les hyènes femelles ont un faux pénis capable d’érection ?

    Bref, tout cela est franchement drôle en même temps que fort bien documenté ! Personnellement j’attends avec impatience le tome 2. 🙂

    Cyril
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    Cyril le #531923

    Sortie prévue dans deux semaines.

    La lecture a aussi été une bonne surprise et m’a beaucoup fait penser à Azumanga Daioh, avec une prof un peu foldingue et une amie plus “raisonnable” mais qui se laisse emporter dans ses délies, ainsi qu’un groupe d’amies et une faible présence de personnages masculins. Le manga n’est pas racoleur : s’il parle de sexe, il ne le montre pas (on a tout juste un début de relation entre les deux lycéennes lesbiennes). L’humour fait aussi régulièrement mouche, avec une mention spéciale pour le passage du love hôtel – en revanche, je n’ai pas accroché à celui sur les animaux.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #531970

    Sortie prévue dans deux semaines. La lecture a aussi été une bonne surprise et m’a beaucoup fait penser à Azumanga Daioh, avec une prof un peu foldingue et une amie plus “raisonnable” mais qui se laisse emporter dans ses délies, ainsi qu’un groupe d’amies et une faible présence de personnages masculins. Le manga n’est pas racoleur : s’il parle de sexe, il ne le montre pas (on a tout juste un début de relation entre les deux lycéennes lesbiennes). L’humour fait aussi régulièrement mouche, avec une mention spéciale pour le passage du love hôtel – en revanche, je n’ai pas accroché à celui sur les animaux.

    Ah, je suis très content, Cyril, que tu aies bien aimé Sex Education 120% ! Sortie du tome 2 dans deux semaines, c’est rapide, merci pour l’info !

    Et bien vu, en effet les deux profs rappellent le duo de celles d’Azumanga Daioh, la prof d’anglais bien déjantée et la raisonnable prof de sport, dans un contexte où le genre masculin compte fort peu. Comme notre rentre-dedans Mme Tsuji  le proclame, au Japon (en France aussi) on surestime beaucoup le taux de 1ère expérience sexuelle au lycée : dans les faits ce ne serait que 10 à 20 % des élèves (moins encore à mon avis, puisqu’on ne peut guère se fier qu’à des sondages, et que tout le monde sait mentir pour se valoriser)..

    Dommage, le graphique de 1974 à 2005 sur les étudiant(e)s  est plutôt illisible, mais le “fromage” sur la masturbation féminine est clair, et révélateur d’une très probable égalité des sexes. Hilarante provocation de Mme Tsuji envers Mme Nakazawa sur ce thème !

    L’adaptation en français me semble parfaite et sait justement restituer tout le sel humoristique de ce manga, aux infos très sérieuses pourtant !

    Cyril
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    Cyril le #531995

    Ah, je suis très content, Cyril, que tu aies bien aimé Sex Education 120% ! Sortie du tome 2 dans deux semaines, c’est rapide, merci pour l’info !

    Et faux, hélas : report au 11 mars.

    https://www.facebook.com/OtotoEditions

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #532665

    Report encore plus loin, car ce tome 2 vient seulement de paraître en France. Je l’ai acheté et en reparlerai dès que lu.

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #532779

    Donc quelques mots de Sex Education 120% : cela reste très plaisant à mon avis, car l’humour ne perd pas ses droits, tout en éclairant les lycéen(ne)s et même les adultes. Par exemple on ne cesse de me proposer de verser mes sous contre l’endométriose, or personne ne m’a jamais expliqué ce qu’est au juste l’endomètre, et Mme Tsuji a parfaitement éclairé ma lanterne : les règles sont tout simplement le produit de la désagrégation mensuelle d’un “nid à bébés”, l’endomètre, qui devient obsolète chaque mois en cas de non-fécondation.  Et ne me dites pas que vous le saviez parfaitement, à part peut-être Sharbett. On s’intéresse ici également aux garçons sujets au phimosis, problème assez fréquent dont l’opération est absolument analogue à la circoncision. On entre bien dans les paradoxes créés par la pression sociale du patriarcat sur les comportement sexuels des filles (et des garçons, par contrecoup, car en fait le problème ne vient ni d’un genre ni de l’autre, mais d’une systémique ). Dans ce tome 2 Kikiki Tataki approfondit donc l’analyse, tout en restant des plus concrètes, par exemple avec la culotte menstruelle (ce n’est que récemment que j’en ai vu des pubs à la TV française). Et la percutante Mme Tsuji continue à faire du gringue  à sa collègue la belle Mme Nakazawa…

    Cyril
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    Cyril le #532900

    Avis plus mitigé, mais quand même très positif, sur ce tome 2 (j’ai souvent éclaté de rire), ce qui vient en partie, je pense, d’une différence culturelle entre France et Japoin. Le manga est en effet souvent très drôle, grâce aux dessins mignons de l’auteur ou au caractère loufoque et décomplexé (“Oui, je suis timbrée”) de madame Tsuji et aux dialogues avec les autres personnages. Les sujets abordés sont essentiels et, si certains points du manga devraient être évidents (le chapitre sur le consentement, celui sur les injonctions faites aux femmes, et aux hommes aussi d’ailleurs), les actualités montrent régulièrement que les aborder est nécessaire. Le chapitre sur les règles était intéressant également, et m’a appris des choses tout en restant drôles.

    Restent quelques passages qui m’ont laissé perplexe. Au niveau du vocabulaire par exemple, avec le chapitre sur la circoncision qui, pour moi, est avant tout quelque chose de religieux – mais je suppose qu’il y a assez peu de juifs ou de musulmans au Japon et ça semble être une pratique assez massive aux Etats-Unis, vu les gags dont je me souviens dans certaines séries (Friends, Sex and the city). L’auteur emploie davantage le terme posthectomie qui, pour ma part, était complètement inconnu au bataillon (idem pour “phimosis”) mais qui semble plus connu que “circoncision” par les autres personnages. Dans le registre des incompréhensions, il y a aussi le fait de considérer “homos” comme une insulte homophobe ou de parler de la pilule contraceptive sous l’angle de la lutte contre les règles douloureuses plutôt que sous celui de la… contraception.

    Xanatos
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    Xanatos le #533482

    Le tome 15 de Arte est sorti aujourd’hui ! 🙂

    Je l’ai par ailleurs reçu par la poste.

    Je le lirai soit ce week end, soit le week end d’après, et j’en ferai bien évidemment la critique dans la foulée. C’est mon manga préféré du moment et c’est toujours un bonheur de suivre la carrière artistique passionnante de cette chère Arte ! 😀

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #533505

    Pas encore lu le tome 15 Arte mais demain ou après-demain ce sera chose faite. La 4eme de couverture me frappe : on dirait l’immense palais de l’Escurial ! Mais ce n’est pas possible, car il a été construit sous Philippe II , qui n’est même pas encore né à l’époque de notre héroïne ! Bon, on verra après lecture. Mais en tout cas, et Kei Ohkubo le sait, la Cour d’Espagne du temps n’avait pas de résidence bien fixe (tout comme les autres Cours européennes) et Valladolid fut capitale assez longtemps, bien avant Madrid.

    Xanatos
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    Xanatos le #533511

    Je n’ai pas encore lu le tome 15 de Arte mais je l’ai d’ores et déjà acheté.

    Je le lirai demain matin et ensuite, je serai plus que ravi d’en écrire une critique détaillée et d’en débattre avec toi mon cher Yupa 🙂 .

    Espérons en tout cas que les aventures de notre artiste peintre préférée soient toujours aussi exaltantes !

    Xanatos
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    Xanatos le #533528

    Arte tome 15

    Arte tome 15

    Attention comme toujours petits SPOILERS

    Encore un excellent volume, cette fois-ci très sentimental et émouvant.

    La majeure partie du volume étant axé sur la relation entre Arte et sa mère.

    Même si on le savait déjà, le père de Arte était quelqu’un de très ouvert d’esprit et ce tome nous permet d’en apprendre davantage sur son passé. Si sa mère était au début d’accord que sa fille apprenne à peindre, cela ne devait pas, selon elle, se faire au détriment des autres aptitudes requises pour être une future “bonne épouse” et son père a fait le maximum pour soutenir sa fille, la galvaniser et l’encourager afin qu’elle puisse s’épanouir dans cette voie. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié que dame Irène chante les louanges de cet homme en disant de lui qu’il est un “précurseur”.

    On sent toutefois au fil du récit à quel point Arte est intimidée par sa mère alors que d’ordinaire, c’est une jeune fille très enthousiaste et éloquente.

    En tout cas, j’ai énormément apprécié qu’elles se parlent de coeur à coeur, expriment leurs sentiments, leurs ressentis…

    Après sa “fugue”, Arte avait régulièrement écrit à sa mère pour lui donner de ses nouvelles, lui parler de sa carrière artistique… Et cette dernière, même si elle demeurait “fâchée” après sa fille était à côté de cela très heureuse qu’elle soit devenue autonome, indépendante financièrement et que finalement elle ait pu exercer un métier, une activité la passionnant et où elle donne le meilleur d’elle même.

    C’était touchant d’apprendre que, si la mère a brûlé les toiles les plus récentes de son enfant, elle a cependant précieusement gardé les oeuvres où elle l’a peint elle et son mari, émue sans doute que leur progéniture leur rende hommage.

    Je trouvais cela également captivant que cette femme dise ouvertement les griefs qu’elle avait envers son mari comme le fait qu’il n’ait pas été suffisamment prévoyant pour créer une dote conséquente et assurer un avenir serein pour sa fille… Mais qu’elle l’aimait énormément pour sa générosité et sa grandeur d’âme…

    Plus tard, après avoir quitté sa mère bien aimée, Arte, Dame Irène et Azucena se dirigent dans une ville ayant été pillée et brûlée par des soldats. Notre artiste peintre favorite se retrouve face à un enfant grièvement blessée et au moment où elle s’apprêtait à l’aider, Azucena l’en empêche. On est d’abord stupéfait car cette jeune femme n’est pas de nature égoïste ou indifférente. On découvre alors la raison de son geste : elle s’inquiétait sincèrement de la santé de Arte car la peste noire faisait des ravages lors de cette guerre et elle ne voulait pas que la jeune fille contracte cette maladie mortelle et ô combien contagieuse.

    Irène étant cependant peinée par la détresse dans laquelle se trouvait l’enfant et par son état physique pathétique lui offrit une pièce d’or afin qu’il puisse se sustenter…

    Décidément, Arte ne nous déçoit pas : la série continue à demeurer passionnante, sait se renouveler, ne s’essouffle pas, et est toujours aussi plaisante et envoûtante…

    On apprend dans l’encart historique habituel de Kei Ohkubo que Azucena a enseigné des cours de Catalan à Arte afin qu’elle puisse parler sans problèmes aux Espagnols et nous donne aussi un aperçu du contexte historique de l’époque.

    Vivement le tome 16 !

    Mais d’ici là, je compte relire une énième fois cette très belle série qui reste mon coup de coeur actuel parmi les manga que je suis ! 😀

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #533542

    Arte tome 15 Arte tome 15   Décidément, Arte ne nous déçoit pas : la série continue à demeurer passionnante, sait se renouveler, ne s’essouffle pas, et est toujours aussi plaisante et envoûtante… On apprend dans l’encart historique habituel de Kei Ohkubo que Azucena a enseigné des cours de Catalan à Arte afin qu’elle puisse parler sans problèmes aux Espagnols et nous donne aussi un aperçu du contexte historique de l’époque.

    Houlà, Xanatos, pas des cours de catalan, mais de castillan, un point qui reste très sensible en Espagne ! Simple lapsus calami comme on dit… Tout à fait d’accord en tout cas, ce tome 15 ne démérite absolument pas et reste passionnant ! Certes, on a d’abord le sentiment que Kei Ohkubo tire un peu à la ligne en s’attardant à Florence, mais bien sûr la transition Italie/ Espagne ne doit pas être brutale (d’autant que ça va être 8 mois de voyage selon le manga !). Et puis, le rapport d’Arte à sa mère, si froide et dure en apparence, mais aimante en réalité, est très finement mené, apportant l’émotion finale de leur séparation. Je parierais que l’auteure transpose pas mal de son vécu, s’étant elle-même tournée vers une aventureuse carrière de mangaka, sûrement tôt aussi et sans doute peu approuvée par une famille normative (ou par sa mère). J’aime beaucoup le soutien très adroit qu’Arte reçoit de dame Caterina, ses encourageantes mimiques souriantes, leur affection réciproque ; et celle-ci avouée par Arte, Azucena sans jalousie fraternise avec notre jeune peintre. Bien sûr au final on s’en doute, le beau Guido risque de faire hésiter notre jeune peintre sur sa fidélité amoureuse envers Leo…

    Le contexte en Espagne est très bien restitué et exact : une très dure rébellion frappe l’Espagne de 1518 à 1521, menée à la fois par des classes appauvries par l’inflation énorme (l’or du Nouveau Monde n’apportait nullement une prospérité générale, boostant tous les prix) et par une aristocratie effrayée de voir les Flamands s’emparer des hauts postes à la suite de Charles Quint arrivant de Gand sans même savoir parler le castillan. Ohkubo le montre très bien. P. 145 elle dessine un palais  clairement inspiré de celui de l’Escurial (1563 à 1584), ce qui n’est pas possible : en 1520, il s’agissait sans doute de châteaux médiévaux de style gothique, car en Espagne, en France et ailleurs, l’impact de la Renaissance italienne n’arrive que vers 1530 / 1540 en architecture. Pas grave ! Très beau tome 15 !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #533602

    L’énigme de ce palais p. 145 vient de m’être résolue par une émission historique à la télé  : en fait il s’agit de l’Alcazar de Tolède, fidèlement représenté. Pas de bol pour Ohkubo, elle n’échappe pas à l’anachronisme : l’ancien château arabe de l’Alcazar a bien été changé en ce palais par Charles Quint, mais dans Arte il vient juste d’arriver en Castille et n’a pas pu encore lancer cette longue reconstruction, ni s’y installer et y recevoir Arte ! Pas grave.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #534510

    Sex Education 120%, tome 3, disponible en rayonnages.

    C’est toujours aussi instructif, car je doute que ce qu’on appelle “éducation sexuelle” dans nos lycées soit aussi précise et sorte de la reproduction et du simple sermon “il n’y a pas de déviants”, un point que ce manga met en relief, lui.

    Les pages “12 sujets sur les ennuis liés au sexe” sont particulièrement bienvenues. Toutefois, la série change de genre (sans jeu de mot !).  On savait le récit tourné vers l’humour très rentre-dedans de Mme Tsuji envers Mme Nakazawa (l’infirmière), pure provocations au début ; mais maintenant Tsuji craque vraiment pour elle, ce qui paradoxalement (quoique…) la rend timide. En effet elle est bisexuelle, dit-elle, bien qu’elle n’ait jamais eu d’expérience avec un homme. Elle fait ici son coming-out, bien accueilli par ses élèves, mais rien n’est simple. L’autrice frôle de bien près l’intrigue classique d’un yuri au contexte plus sérieux. Toutefois le début du volume reste hilarant, Mme Nakazawa masculinisée ayant accepté de jouer un sketch avec Tsuji, qui débarque en classe affolée : “Les filles, je suis enceinte !” et sa collègue : “Ah ? Je ne savais pas que je t’avais mise en cloque.” etc… le sketch ayant pour but de traiter de l’IVG, autorisée au Japon comme en France, mais plus difficile voire impossible selon le nombre de semaines de grossesse (22 au Japon, mais 14 seulement en France).

    Le rituel voyage scolaire se passe à Osaka, où Tsuji s’empresse de révéler à ses élèves que le quartier Dôyama est celui des LGBT, tout comme le “2ème district” à Tokyo. Le manga traite ensuite des transgenres, en élargissant énormément le concept, et là je ne suis plus tellement d’accord. Restons concrets, que diable ! Bâtir des étiquettes de genre sur l’imaginaire des gens… Et je trouve contestable qu’une jeune femme de 23 ans (Tsuji) se dise “bisexuelle” alors qu’elle n’a jamais eu d’expérience avec un homme. Le sexe, ça se pratique pour de vrai ou bien ce n’est qu’un fantasme. Une fille qui crie d'”amour” (croit-elle) devant Beyoncé et aussi devant Brad Pitt n’a aucun titre à se dire “bisexuelle”, les mots ont un sens. C’est comme de dire que les hommes hétéros fans de foot qui hurlent de passion pour Mbappé ou Messi et achètent leurs maillots sont bisexuels. Au niveau inconscient, oui, mais c’est tout, ils ne le savent pas. Sans sexualité vécue, il n’y a pas de bisexualité. La confusion du virtuel et du réel fait d’immenses progrès et habite certaines des multiples “identités de genres” (fantasmées !) du manga. Et j’aimerais que notre autrice en ait montré une certaine conscience, bien qu’elle milite à juste titre pour la liberté des moeurs. Y aura t-il un tome 4 ? Ce n’est pas le cas, semble t-il, puisque nous avons le mot “FIN”.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #535255

    Isabella Bird, tome 9

    Notre courageuse exploratrice, prise dans des intempéries constantes, échappe de peu à y disparaître, mais en vient à manquer de vivres dans un hameau perdu et bloqué par les pluies battantes et les éboulements de terrain. Ito se décarcasse pour elle. Même la traversée du bras de mer jusqu’à Hokkaido se passe très difficilement, dans un vieux bateau à aubes. Ito, trop confiant dans la modernité, a la surprise d’apprendre que les roues à aubes manquent cruellement d’efficacité face aux hélices qui, déjà en 1878, les remplacent presque partout.

    C’est seulement à Hakodate qu’Isabella trouve un peu de repos, de calme et de soins pour son dos par le Dr. Hepburn.  Un point contradictoire : au nom de sa fervente foi, qu’elle affirme, Isabella (fille de pasteur) a protégé des chrétiens japonais houspillés et maltraités par des villageois ; de même à Hakodate c’est la confortable Résidence des Missionnaires qui l’accueille. Mais un flashback nous la montre en fait “missionnée” pour enquêter sur les Aïnous par… Charles Darwin, son idole, considéré comme l’Antéchrist par les chrétiens jusqu’en 1966 ! C’est en effet le pape Jean XXIII qui a admis l’évolution et défini la Bible comme un message moral symbolique et non scientifique. Bien sûr ni l’Islam ni bon nombre de sectes protestantes (qui pullulent aux USA) n’admettent ce qu’ils appellent la “théorie darwinienne”. Isabella  en 1878 peut difficilement être à la fois une disciple de Darwin et une chrétienne convaincue !

    L’aspect politique est mieux rendu par Taiga Sassa, montrant le consul d’Hakodate apportant un solide appui à Isabella pour renforcer la souveraineté du Japon sur Hokkaido, île très menacée par la poussée russe dans le duel pour l’empire mondial entre l’Angleterre et la Russie de 1850 à 1910, et qu’on appelait le Grand Jeu (The Big Game).  Le manga reste passionnant et riche sur les moeurs et usages du Japon profond de l’époque, insistant sur la pauvreté rurale (mais vers 1870 la situation des campagnes en Europe n’était guère meilleure).

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