Tiens justement je voulais revenir sur ”Isabella Bird” dont le tome 8 est sorti. J’ai un peu peur qu’on tombe également dans la romance potentielle et ça l’est encore plus vrai depuis ce fameux tome 8. Il y a quelques temps, j’ai vu un film mentionnant l’histoire de Lucy Walker, première femme à avoir atteint le sommet du Cervin ; la coréalisatrice du documentaire est ensuite intervenue (il s’agissait d’une séance de présentation du film) où elle racontait qu’encore maintenant, beaucoup de biographes sont titillés par la relation entre cette femme et le guide de montagne qui l’accompagnait lors de ses excursions. Comme si un duo homme/femme ne pouvait nouer que des relations amoureuses. Hé bien j’ai la même impression dans ”Isabella Bird”. Sauf qu’il y a un problème dont s’est totalement déchargé l’auteur : Isabella Bird avait alors la cinquantaine lorsqu’elle a visité le Japon et son guide tout juste 20 ans. Or dans le manga elle paraît avoir le même âge et je dois dire que ses expressions exagérées et sa curiosité exubérante commencent un peu à me taper sur les nerfs. J’en viens à regretter que le mangaka n’ait pas respecté les différences d’âge et donné plus de retenue à Isabella (après tout c’est une jeune femme d’un certain standing victorien).
Tout à fait d’accord, chère Veggie ! J’allais justement faire une remarque allant dans le même sens : Isabella frise le rentre-dedans avec Ito dans ce tome 8, comme si c’était inévitable, oui, et tu fais très bien de mentionner l’âge véritable de l’exploratrice (moi je n’ai pas fait de recherche). Goût immodéré de la romance ? Crainte d’un récit trop froid chez Taiga Sassa ou son éditeur ? Toujours est-il que la description des moeurs et rites autour du “mariage volé” d’O-Shino, bien que longue, est richement documentée et passionnante. La route aventureuse vers Hokkaido se poursuit, et les pluies battantes et crues torrentielles de début d’été (j’ai subi une sacrée saucée un 5 juillet à Tokyo, au grand dam de mes chaussures noyées !) n’en font pas une mince affaire. Pas de fête des mâts à lampions à Akita, je le regrette mais on n’est pas ici à la saison où j’y ai assisté. Moment tragique et désespérant sur le fleuve. Au total, un récit à formidables détails de décors, voire vue urbaines (p. 123) ; Sassa maîtrise mieux le dessin des membres, point faible des précédents volumes, par exemple dans le 7 les raccourcis des bras du consul britannique sur son divan sont une catastrophe. Ici p. 88 de l’épaule au coude le haut du bras d’Isabella est bien trop long et “déboîte” son avant-bras !
Je comprends très bien que tu trouves un vif intérêt aux Carnets de l’Apothicaire grâce aux intrigues “policières” à empoisonnements, mais ce marivaudage Jinshi / Mao Mao me met mal à l’aise, y compris par l’innocence toute puérile de celle-ci… Pas eu envie de continuer après le tome 3.