Attention, je ne dis pas que les femmes étaient étudiées et avaient facilement accès à la culture dite ”savante” ! Même si c’est durant la seconde moitié du XIXe que l’on voit pour la première fois des femmes obtenir un baccalauréat (et encore elles ont dû se battre) ou devenir avocates, ça restait l’apanage des hommes. Non ce que je veux dire, c’est ce parti-pris du manga de visiblement avancer que les femmes occidentales étaient analphabètes à l’époque. Il y avait des écrivain(e)s depuis longtemps, certes pas autant reconnues que leurs comparses masculins, mais il y en avait.
Je suis un peu étonné, chère Veggie, à propos de ce “parti-pris du manga” sur les “femmes occidentales analphabètes” au 19eme siècle. Quels mangas ? Justement, dans Isabella Bird dont nous avons parlé, l’héroïne montre peut-être (?) un début d’attrait pour son guide-interprète, mais en tout cas en 1877 elle a un haut niveau culturel et le manga ne cesse de le prouver. Dans La Lanterne de Nix les femmes parisiennes de 1879 paraissent très “libérées” à l’adolescente japonaise, ce qui se conçoit, mais le récit ne montre aucune faiblesse culturelle chez elles. Et si elles semblent plus ou moins vouées à une carrière de galanterie, voire de prostitution, ce n’était que trop vrai. Dans Good Bye my rose garden , une autre jeune Japonaise devient la domestique d’une aristocrate anglaise très cultivée, et même écrivain célèbre, obligée encore en 1900 de publier sous pseudonyme masculin (telle George Sand, et George Eliot, entre autres). Bref, je ne vois pas d’analphabètes ou illettrées dans les mangas historiques, et la petite soubrette de Shirley sait très bien lire malgré sa pauvreté.
Marrant, Xanatos, on a parlé récemment de Madame Bovary et je comprends pleinement ta soeur !! Quel tableau, où Flaubert visait à dénoncer les lectures “catastrophiquement romantiques” d’Emma ! En ce 19eme siècle où, comme tu le dis, la condition féminine dans les classes moyennes a plutôt régressé (évidemment elle a un peu progressé, très peu, dans les classes vraiment pauvres), la lecture pour les filles et les femmes était strictement calibrée par un système de relégation dans les livres “anodins”. Surtout rien de sérieux ! Ou la fille était moquée comme “bas bleu”.
Et Flaubert, glorifié par nos profs, conclut L’Education Sentimentale (que j’ai été obligé de faire semblant de lire) de ses deux jeunes hommes par leur nostalgie des prostituées de leur première expérience, genre “c’était le bon temps” ! ! Il y avait avant 1945 près de 3000 maisons closes grandes ou petites à Paris, déguisées ou non en hôtels… Le manga Marion situé en 1940 ne le cache pas, et il a raison.
Je manque de temps, chère Veggie, pour lire le très long article que tu as mis en lien, c’est dommage, car le sujet m’intéresse… Pour l’anecdote HS, je viens juste hier d’abandonner ma tentative de lecture de Bouvard et Pécuchet de Flaubert, encore un livre à vous tomber des mains ! Et où l’on cherche les femmes.