Les manga culturels

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Posté dans : Manga & BD

  • Cyril
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    Cyril le #535468


    Je viens d’acheter les derniers tomes du manga qui me manquaient, Anime store les proposant régulièrement en occasion. C’est donc le moment pour faire un petit topo sur cet excellent seinen, au ton très proche d’un shônen, malgré 2-3 scènes de sexe (pas très longues) et surtout plus de sang et de morts.

    Kingdom adapte les guerres d’unification de la Chine qui ont eu lieu au 3ème siècle avant notre ère; une adaptation fidèle dans les grandes lignes, mais avec quand même des variantes importantes : El Sei, le roi de Qin apparaît bien moins sanguinaire ; Shin est à l’origine un esclave alors qu’il était le fils d’un esclave ; plusieurs combattants ou stratèges sont des femmes… Mais on peut violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants et Kingdom se débrouille très bien.

    La série est principalement axée sur les intrigues politiques et les guerres. Pour les premières, on a notamment les luttes entre Sei et son chancelier, Ryo Fui, pour le contrôle du pouvoir à Qin :

    Ca donne lieu à un grand débat idéologique sur la façon de faire la paix, ce qui est l’objectif du monarque comme de son ministre. Mais le premier veut l’obtenir en unifiant la Chine par la guerre, le second par le commerce puisqu’il est un ancien marchand devenu immensément riche. Ca donne surtout lieu à de grosses intrigues, alliances et magouilles de la part des deux protagonistes, avant la conclusion qui arrive au tome 45. Les 7 états de Chine se livrent aussi régulièrement à des conflits et à des alliances avec, bien sûr, de nombreuses arrière-pensées pour ces dernières qui durent au mieux quelques années avant un autre retournement.

    L’essentiel de la série concerne cependant les guerres et les batailles, dont l’enjeu se résume souvent à éliminer les généraux ennemis puisque, lorsqu’un général tombe, son armée s’effondre généralement dans la foulée. La stratégie employée vise donc souvent à pouvoir atteindre le général ennemi pour que le protagoniste principal de la bataille puisse l’atteindre et l’éliminer, ce qui donne souvent lieu à des duels épiques – même si certains généraux sont plus des stratèges que des combattants et se font alors one-shoter. D’autres en revanche sont des monstres physiques, comme Moubu, un général de Qin, ou Houken, principal antagoniste (sur le plan physique du moins) de la série jusqu’au volume 58.

    L’aspect seinen est visible par l’importance de la stratégie et des alliances, avec notamment Riboku, le plus grand général de Zhao. Il est visible également par le fait que certaines atrocités ne sont pas cachées : Sei fait écarteler certains révoltés ; Kanki, un des généraux de Qin et donc faisant partie du camp des héros de la série, fait la démonstration de goûts artistiques assez particuliers :

    Mais l’aspect shônen me semble encore plus présent. On en retrouve beaucoup d’éléments, au premier rang desquels son héros principal, Shin. Celui-ci est donc à l’origine un orphelin, esclave, qui a un grand rêve, devenir le plus grand général sous les cieux (roi des pirates, hokage ou champion du mondede foot étant déjà pris). Comme tous les héros de shônen, outre une grande ambition, il a donc des origines modestes (pour le coup, je serais surpris qu’on découvre ensuite que ses parents avaient une origine spéciale, cela n’étant pas du tout abordé), un mentor qui meurt assez rapidement, une certaine moralité (il ne veut pas qu’on touche aux civils ou aux prisonniers qui se rendent, ce qui le met souvent en porte-à-faux par rapport à Kanki), des amis-rivaux… Il est intéressé par la gloire mais pas tellement par l’argent puisqu’il partage équitablement ses récompenses avec ses hommes et porte toujours ses vêtements de clodo du début de la série, à la grande consternation de ses amis. On ajoutera aussi que, même s’il fait de gros progrès en terme de stratégie, c’est loin d’être une flèche et que, même si ambiance de corps de garde aidant, il va se vanter et multiplier les propos et quelques gestes grivois, il est toujours, comme dirait Lancelot, « une grosse pucelle. »
    Les combats ne sont pas non plus très réalistes, certains coups d’épée ou de guandao de personnages faisant voler des têtes par paquet de 10 ou repoussant des cavaliers avec leurs chevaux sur plusieurs mètres. Les personnages ont aussi des looks très spéciaux. J’aime beaucoup la barbe d’Ouki (ou, dans un style plus européen, la moustache de Tou) ou les looks de certaines armures, comme celle d’Ousen ; les guerriers des montagnes ont aussi des armes et des vêtements bien à eux.

    L’humour est aussi très présent, reposant souvent sur la stupidité de Shin – mais pas mal d’autres personnages ne sont pas en reste, comme Tou avec ses sarcasmes sur Rokuomi, son subordonné ; ou les hommes des montagnes qui rêvent tous de coucher avec leur reine Yotanwa – et se font systématiquement éconduire.

    Cela fait de Kingdom un excellent manga, parfois dur (on parle de guerres, avec leurs lots d’atrocités) mais aussi souvent épique, drôle et touchant. Et on apprend aussi des choses sur l’histoire de la Chine antique – même s’il faut aussi prendre le manga avec des pincettes.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #535471

    Kingdom jouit en effet de pas mal de popularité, Cyril, et il a le mérite de traiter de cette époque troublée, la fin des Royaumes Combattants successivement brisés par l’Etat de Qin. On peut considérer ce dernier comme le troisième Etat-caserne de l’histoire, après l’Assyrie et Sparte, nations également organisées pour la guerre avant tout. Tu as raison de préciser le côté très fictionnel du récit, et son genre typiquement shônen, y compris par les aspects gore, adorés en fait par les plus jeunes ados, public-cible des shônen (voir la foule de collégiens ou lycéens à l’étonnant potentiel de combat contre les démons, les monstres et zombies qu’ils explosent et dézinguent après avoir rituellement frôlé la défaite). Mais sans doute, si ce manga explore aussi les contextes stratégiques, il se situe à la frange du seinen.

    Le dessin, malgré son originalité, est malheureusement mou et lourd, cela me gêne l’oeil personnellement. Je l’ai donc exclu de mes achats après quelques feuilletages.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #535512

    Autre objet de mes feuilletages, un manga que je trouve imbuvable :

    A quoi tu joues, Ayumu ?! par Soichiro Yamamoto.

    Il s’agit d’après la 4ème de couverture d’une lycéenne (?) présidente du club de shôji et d’un lycéen ; elle est persuadée que ce participant au club est amoureux d’elle, et c’est le cas, comme elle en est ravie, mais il s’est juré de la battre au shôji avant de lui déclarer sa flamme. Or elle est super-forte évidemment.

    La haute pile de ce manga en Fnac ne diminue pas, depuis 1 ou 2 semaines, ce qui n’a rien d’étonnant : d’abord, autant des Occidentaux peuvent très bien s’intéresser au “go”,  jeu de pure stratégie spatiale, autant le shôji leur est quasi impénétrable, avec ses pièces de jeu écrites en kanji et ses combinaisons très complexes,  dont certaines “invincibles” sont en fait des pièges…. D’autre part, Ayumu semble à peine dix ans par son look, je dirais même huit ou neuf ans ! Ce qui rend le marivaudage des plus glauques. Comme disent les femmes de trente ans de Tarereba Girls, “les mecs sont tous pédophiles !”. Et la tendance en effet n’est pas très rare dans les mangas. Qui pourrait être attiré par une telle oeuvre ? Quelle mouche a piqué l’éditeur Nobi Nobi de nous traduire ça ?

    Cyril
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    Cyril le #535533

    Pour le dessin de Kingdom, je vois bien son aspect lourd, avec des personnages aux physiques imposants et improbables. En revanche, je ne comprends pas pourquoi tu dis qu’il est mou. Je trouve les dessins très dynamiques, que ce soit lors des scènes de combat ou même dans certains dialogues tendus ainsi que dans les scènes plus humoristiques.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #535556

    Pour le dessin de Kingdom, je vois bien son aspect lourd, avec des personnages aux physiques imposants et improbables. En revanche, je ne comprends pas pourquoi tu dis qu’il est mou. Je trouve les dessins très dynamiques, que ce soit lors des scènes de combat ou même dans certains dialogues tendus ainsi que dans les scènes plus humoristiques.

    Chacun ses goûts en dessin ou autre, bien sûr cher Cyril, mais mon père, artiste amateur, m’a appris en rectifiant mes dessins que le dessin “mou” est le contraire de lignes nerveuses, fines, assurées, nettes ; le “mou” est souvent “lourd” aussi, autrement dit surchargé en épaisseur, plein d’ombres et hachures. Il me semble que c’est tout à fait le cas dans Kingdom, mou et lourd. Le mouvement m’a paru aussi fait surtout d’effets de flou et de lignes de force et non d’anatomies (d’ailleurs commodément cachées par les énormes armures) en véritable activité du corps : c’est stylisé pour “impressionner”. Mais si on aime cela, je n’ai pas à critiquer ce goût, et tu suggères une bonne qualité  dans les intrigues stratégiques.

    Cyril
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    Cyril le #535558

    Merci pour ces explications. Je ne connaissais pas ce sens.

    Xanatos
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    Xanatos le #535664

    Arte tome 16

    Arte tome 16

    Scénario et dessins: Kei Ohkubo

    Avant d’écrire ma critique, je tiens à adresser mes sincères remerciements à l’ami Yupa qui m’a prévenu de la sortie de ce nouveau volume tant attendu de Arte le jour J: j’ai été tellement fou de joie que je l’ai commandé derechef, reçu avant hier et lu hier !

    Merci Yupa ! 😀

    Attention Spoilers

    Comme toujours, il s’agit là d’un très bon volume.

    Le récit de ce nouveau tome débute à Florence. Léo le maître de notre héroïne va voir Monsieur Ubertino une vieille connaissance qui est à l’agonie. Celui-ci évoque les souvenirs qu’il a gardé de Léo qu’il a pris sous son aile après le décès de son maître.

    Le flash back est très intéressant car il parle d’un homme ayant réellement existé, en l’occurrence Jérome Savonarole un moine faisant vivre une vie ascétique implacable envers le peuple. Il avait même ordonné à ce que l’on brûle toutes les oeuvres d’art de Florence. Or ce qui est particulièrement ironique, c’est que l’amas de peinture et de sculptures entreposé afin qu’ils soient brûlés ont éveillé la vocation de Léo, ébloui et émerveillé par tant de beauté et qui l’incitèrent à devenir artiste peintre.

    A noter aussi que la guerre est aux portes de Florence et Ubertino demande à Léo s’il compte quitter la ville pour échapper à ce futur conflit. Il lui déclare ouvertement qu’il n’en a aucunement l’intention, car il n’aurait nulle part où aller et préfère rester dans cette ville.

    Nous revenons ensuite vers Arte: nous découvrons que huit longues années se sont écoulées depuis son “départ” de Florence et elle est à présent devenue une magnifique jeune femme âgée de 22 ans.

    Elle apprend qu’une guerre aura bientôt lieu mais avant que celle-ci n’éclate, elle désire à tout prix retourner à Florence revoir Léo.

    On apprend quelques éléments sur la vie de Arte, comme quoi dame Irène avait engagé deux femmes de ménage qui ont travaillé pour elle. Notre jeune artiste peintre à la base ne voulait pas afin de les ménager mais se rendit compte ensuite qu’elle leur a fourni une aide précieuse, car pendant qu’elles se chargeaient des tâches ménagères, elle avait enfin davantage de temps à se consacrer à sa carrière artistique et laisser libre cours à sa créativité. Arte se montra très bienveillante et gentille envers ses deux “employées” et leur a même appris à lire et toutes deux furent très reconnaissantes envers elle. Elle leur offrit même des affaires dont elle ne voulait plus.

    Notre héroïne se montra aussi un peu mélancolique à l’idée de quitter dame Irène (enceinte de son quatrième enfant !) et Azucena et elle avait du mal à se faire à l’idée qu’elle ne le reverrait sans doute jamais plus…

    Irène engagea alors trois gardes du corps qui devront veiller sur la sécurité de Arte afin qu’elle n’encourt aucun risque lors de son retour à Florence.

    La rencontre de celle-ci avec les hommes chargés de veiller sur elle et l’évolution de leurs relations est très bien menée: au début, ils croyaient qu’elle serait une noble raffinée et distinguée qui refuserait de s’embarquer sur une galère et qui serait capricieuse.

    Or pas du tout, et ils furent agréablement surpris de découvrir que celle-ci est très naturelle, chaleureuse, absolument pas fanfaronne et sympathisèrent très vite et s’appelèrent par leurs prénoms plutôt que de leurs noms, sans s’embarrasser de formalités pompeuses. L’un d’entre eux la trouva même physiquement très séduisante et fort jolie !

    Malheureusement, le voyage ne sera pas de tout repos car le bateau sera pourchassé par d’implacables pirates…

    Le tome se conclut par Kei Ohkubo et leur mari qui parlent une fois de plus de leurs sources d’inspiration et déclarèrent que la dernière fois que notre héroïne emprunta un bateau remonte au tome 4 !

    Pour ma part, il s’agit là une fois de plus d’un excellent volume mêlant comme toujours très bien fiction et réalité historique, et, bien que Arte ait mûri, elle demeure cette jeune femme adorable, extrêmement gentille, chaleureuse et passionnée ayant le coeur sur la main 😀 .

    Comme toujours, vivement le volume suivant ! ^_^

    Pour conclure, j’ai trouvé de belles illustrations couleurs de Arte par Kei Ohkubo, les voici ! 🙂

    Arte travaillant dur

    Arte enthousiaste

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #535705

    Arte tome 16 Arte tome 16 Scénario et dessins: Kei Ohkubo Avant d’écrire ma critique, je tiens à adresser mes sincères remerciements à l’ami Yupa qui m’a prévenu de la sortie de ce nouveau volume tant attendu de Arte le jour J: j’ai été tellement fou de joie que je l’ai commandé derechef, reçu avant hier et lu hier ! Merci Yupa ! 😀 Attention Spoilers Comme toujours, il s’agit là d’un très bon volume. Le récit de ce nouveau tome débute à Florence. Léo le maître de notre héroïne va voir Monsieur Ubertino une vieille connaissance qui est à l’agonie. Celui-ci évoque les souvenirs qu’il a gardé de Léo qu’il a pris sous son aile après le décès de son maître. Le flash back est très intéressant car il parle d’un homme ayant réellement existé, en l’occurrence Jérome Savonarole un moine faisant vivre une vie ascétique implacable envers le peuple. Il avait même ordonné à ce que l’on brûle toutes les oeuvres d’art de Florence. Or ce qui est particulièrement ironique, c’est que l’amas de peinture et de sculptures entreposé afin qu’ils soient brûlés ont éveillé la vocation de Léo, ébloui et émerveillé par tant de beauté et qui l’incitèrent à devenir artiste peintre. A noter aussi que la guerre est aux portes de Florence et Ubertino demande à Léo s’il compte quitter la ville pour échapper à ce futur conflit. Il lui déclare ouvertement qu’il n’en a aucunement l’intention, car il n’aurait nulle nulle part où aller.   Arte travaillant dur Arte enthousiaste

     

    Très belle analyse, Xanatos ! Et remarquables illustrations !

    Bien sûr, on le devine, si Leo refuse de quitter Florence quoique très menacée par la guerre, c’est parce qu’il sait qu’Arte y reviendra et qu’en vrai mec bourru, taiseux, viril, il aime Arte mais en grand secret (“N’avoue jamais, jamais, jamais, jamais, jamais / Que tu l’aimeuh !”). Le lecteur doit encaisser que notre jeune peintresse a glandé pendant huit ans en Espagne, et malgré l’excellente qualité de ce volume c’est un peu étrange. Elle aurait donc 22 ans ? mais a t-elle commencé à 14 ans ? c’est à vérifier. Seule une très longue natte arrière change un peu son look. Pourquoi Kei Ohkubo ne la ramène t-elle en Italie que si tard ? L’Espagne très gothique des débuts du règne de Charles Quint n’était pas du tout adaptée à son art “Renaissance”, et la grande époque picturale de ce pays ne viendra qu’un siècle plus tard (Pacheco,Vélasquez, Ribera, Zurbaran…). En peintre privée au palais, pour des portraits exclusifs de Dame Caterina, Arte a plombé sa carrière alors qu’en Italie elle aurait pu briller, Vinci et Raphaël déjà morts (1519, 1520). Ce n’est qu’en 1527 qu’elle y rentre enfin, peu avant le sac de Rome et les pillages par les troupes de l’empereur, en conflit avec la Sainte Ligue de Cognac (François Ier, le pape Clément VII et les principales villes italiennes voulant secouer le joug germano-hispanique). Ce tome 16 a ses moments de belle émotion, au moment des adieux avec “dame Irène” (devenue l’épouse du roi du Portugal), et aussi avec Azucena. Sans compter la mort d’un des personnages, brillamment mise en scène de bouleversante façon. On a aussi de très bons aperçus “culturels” sur les avantages des galères comparées aux voiliers.

    Difficile de savoir comment notre mangaka envisage la fin du manga. J’espère en tout cas Arte enfin grande artiste, surtout pas matrone au foyer chez Leo, à lui faire des enfants : ce serait trop décevant, tout ça pour ça !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #535795

    J’ajoute quelques points sur les galères comparées aux voiliers, car Kei Ohkubo ne pouvait alourdir trop ce volume 16 de Arte . Elle remarque que dans les océans les voiliers (galions à l’époque) étaient plus utilisés que les galères, ce qu’elle explique par le fait que les galères, plus basses et instruments de guerre, se cachaient aisément derrière les nombreuses petites îles et criques de la Méditerranée et étaient “plus maniables” que les voiliers. Pas faux ma chère Ohkubo-san, mais la vraie raison est qu’en l’absence de vents bien réguliers dans cette mer fermée, les galères bénéficiaient d’un moteur : les rameurs. En zone océane les distances de voyage entre deux ports étaient si grandes qu’elles interdisaient le repos indispensable aux rameurs, qu’il fallait bien ménager et nourrir sous peine de décès du “moteur”. Et les galères avaient très peu de place pour les cargaisons (eau et vivres), vous le signalez. Les hautes vagues de l’Océan submergeaient aisément les galères, et les gros voiliers en profitant des alizés laissaient sur place ces bateaux à rames surbaissés.

    En France on condamna les délinquants aux galères jusqu’à ce que le bateau à vapeur périme ce bateau, et permette de les envoyer au bagne, vers 1820 / 1830 ( Jean Valjean  est un bagnard, mais seulement de Toulon, et il n’a pas été galérien). En fait il valait mieux être condamné aux galères, car la condamnation était très rarement “pérenne” (= perpétuité) : on avait besoin de rameurs pas trop usés par l’âge, pas trop mal nourris, et motivés pour être un jour libérés dans un port méditerranéen, donc décidés à défendre la survie de leur bateau (souvent un garde-côtes ). Au contraire, le bagne à Cayenne était totalement déprimant : travaux bien plus rudes de défrichement de la Guyane, climat étouffant, paludisme presque assuré, et une fois libéré, presque impossible pour un déclassé de s’offrir le retour en métropole…

    Xanatos
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    Xanatos le #535803

    Très intéressant ton analyse au sujet des voiliers et des galères mon cher Yupa ! 🙂

    Cela me rappelle un fait historique étonnant et fascinant ayant eu lieu au cours de la guerre des Gaules en l’an 56 avant Jésus Christ.

    Parmi les peuples Gaulois que Jules César et son armée affrontait, il y avait les Vénètes qui étaient de grands marins et de redoutables guerriers.

    Lors d’une bataille en mer, l’armée de Brutus qui avait des galères ne faisait pas le poids face aux voiliers des Vénètes beaucoup plus puissants et destructeurs, le fils adoptif de César et ses légionnaires étaient à deux doigts de la défaite… Quand tout à coup, le vent cessa de souffler, paralysant par conséquent les voiliers des Vénètes !

    Comme les galères des romains avaient des rameurs, elles n’étaient nullement handicapées par l’absence de vent, se rassemblèrent, se coordonnèrent et purent prendre l’ascendant sur leurs ennemis et terrassèrent la marine Vénète !

    Et merci beaucoup pour tes gentils compliments sur mon analyse du tome 16 de Arte ! 😀

    Oui, on se doute bien effectivement que Leo ne veut pas quitter Florence dans l’espoir de revoir son apprentie bien aimée.

     

    Après, il me semble que je me trompe sur l’âge de Arte au début de la série: il me semble que dans le premier tome, elle a 15 ou 16 ans ce qui fait qu’elle a à présent 23 ou 24 ans.

    Et les adieux de dame Irène et Azucena sont effectivement très émouvants…

    Il est très intéressant aussi de savoir que l’art pictural en Espagne ne se développera qu’à partir du XVIIè siècle comparativement à l’Italie où il connut son apogée au XVIe siècle…

    Je me demande aussi comment se conclura le manga, Arte épousera-t-il Leo et fondera-t-elle une famille, continuera-t-elle à se consacrer à sa passion pour la peinture, ou combinera-t-elle les deux ? Ou alors connaîtra-t-elle une autre destinée ?

    J’espère toutefois que l’oeuvre aura droit à une happy end, notre chère Arte est une jeune femme adorable, passionnée et profondément gentille qui mérite vraiment d’être heureuse…

     

     

     

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #536060

    Ken Takahama, autrice de l’excellent La Lanterne de Nyx, très bien documenté sur les rapports du Japon avec les grandes expositions universelles tenues à Paris fin 19ème siècle, y revient dans Les Saisons d’Ohgishima, où elle campe à nouveau en héroïne centrale une adolescente, Tama. Nous sommes dans une “préquelle” puisqu’on y retrouve les amis Momo, métis franco-japonais, et Victor, Français fils de famille expat au Japon, bien plus jeunes que dans la Lanterne de Nyx. Cela se passe en 1866, peu avant les troubles et le conflit amenant la prise de pouvoir par l’empereur Meiji et la grande réforme moderne du Japon. Tama, 14 ans, née dans les quartiers réservés aux prostituées, est donc destinée à le devenir aussi, car de mère pauvre, sans connaître son père. Ces gamines étaient vendues par leur famille comme “kamuro”, domestiques des prostituées adultes, avant de s’y mettre aussi. Les ami(e)s de Tama s’en désolent un peu, car visiblement elle est primesautière, amusante, curieuse, adore apprendre, se questionner… Mais va t-elle échapper à ce sordide destin ? On l’espère bien !

    En fait, aujourd’hui on insiste beaucoup sur le fait que les “geisha” ou “geiko” sont des artistes fort cultivées et pas du tout des putes, mais c’est la modernisation à marches forcées du Japon qui a changé la donne peu à peu, pour coller aux modèles “vertueux” de l’Occident, surtout après 1950 (fermeture des très nombreuses “maisons closes” en France, et des “maisons de plaisir ” au Japon). Le tome 1 est un peu cher (10,75 euros), mais passionnant sur l’îlot des seuls Occidentaux autorisés, Dejima , en 1866, dans le port de Nagasaki, si cher à la mangaka !

    Xanatos
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    Xanatos le #537850

    Je me livre à ce remontage de topic pour vous prévenir que le tome 17 de Arte est sorti depuis quelques jours ! 😀

    Je l’ai d’ores et déjà commandé sur le site de la Fnac il y a quelques jours et je devrais le recevoir avant ce week end.

    Un IMMENSE merci à toi Yupa de m’avoir prévenu ! 😀

    J’en ferai évidemment une critique développée comme à l’accoutumée immédiatement après l’avoir lu. 😉

    DD69
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    DD69 le #537851

    @xanatos : c’est le titre à ne pas manquer. Avec le maître des mots, pour moi, indiscutablement ce sont les deux meilleurs titres. Komikku a un catalogue riche et d’excellente qualité. Je ne suis pas déçu.

    https://mangatoons.forumactif.com/

    Cyril
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    Cyril le #537891

    Malheureusement, pour les deux titres que je fais chez cet éditeur, il y a dans certains volumes de très nombreuses fautes de français (orthographe ou expression, phrases qui n’ont pas de sens…). Ca ne me donne pas envie de faire d’autres séries chez cet éditeur.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #537894

    Malheureusement, pour les deux titres que je fais chez cet éditeur, il y a dans certains volumes de très nombreuses fautes de français (orthographe ou expression, phrases qui n’ont pas de sens…). Ca ne me donne pas envie de faire d’autres séries chez cet éditeur.

    Tu parles de quelles séries et quel éditeur, Cyril ? je ne vois pas de message précédent qui le précise…

    Xanatos
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    Xanatos le #537900

    Je pense que l’ami Cyril parle de l’éditeur Komiku qui traduit justement en français Arte mon cher Yupa. En revanche, je ne sais pas quels titres il suit chez cet éditeur.

    Après, pour ma part, je n’ai pas décelé de fautes d’orthographe ou de conjugaison dans la traduction française de Arte.

    Arte tome 17

    Arte tome 17

    (Je n’ai malheureusement pas réussi à trouver la couverture du tome 17 dans mes moteurs de recherche, j’ai donc opté pour cette belle illustration de Kei Okhubo mettant bien en valeur notre très jolie héroïne ^_^ ).

    Nous reprenons donc là où nous étions arrêtés au volume précédent.

    ATTENTION SPOILER

     

    Encore très affectée par la mort brutale et inattendue de Paco, un de ses gardes du corps, Arte fait part à Guido de son souhait d’aller à Florence seule afin d’épargner la vie de ses compagnons.

    Assez ulcéré par les propos de Arte, Guido lui dit vertement et ouvertement que leur cliente les ont payé pour l’accompagner jusqu’à destination, que Paco connaissait les risques et qu’elle n’avait pas à culpabiliser pour cela.

    Persuadé qu’elle risquait de leur fausser compagnie, il demanda à l’un de ses amis de garder la porte de sa chambre afin qu’elle ne s’échappe pas.

    Il se dira cependant plus tard si il n’a pas été trop dure et acerbe avec elle…

    Avant de poursuivre leur périple, Arte confie à Guido qu’elle souhaite enterrer Paco et lui rendre pas conséquent un dernier hommage…

    Notre jeune artiste peintre et ses gardes du corps poursuivent donc leur aventure qui demeure semée d’embûches, ils se font même attaquer par des pillards qui veulent les tuer après avoir massacré une famille innocente !

    Ils parviennent cependant, non sans mal, à les occire, et Arte viendra même en aide à l’un de ses gardes du corps en mauvaise posture en donnant un coup d’épée à son assaillant ! Le barbare finit par être abattu et le garde du corps de notre héroïne lui témoigne sa gratitude.

    Nous avons ensuite l’agréable surprise de revoir Angelo et Dacia ! 😀

    Nous découvrons ensuite que tous deux se sont mariés !

    Ensuite, je comprends Angelo: même si cela sautait aux yeux qu’il est tombé amoureux de Arte, il réalisa bien vite que cette dernière n’éprouvait pas de sentiments réciproques envers lui et était déjà éprise de Léo son maître. Quant à Dacia, elle a perfectionné et consolidé ses aptitudes, non seulement pour devenir plus autonome, mais aussi pour aider et épauler son mari.

    Ses retrouvailles avec notre chère Arte sont particulièrement émouvantes: il faut dire que notre héroïne a toujours été gentille, douce et attentionnée envers elle et lui appris à lire !

    Nous découvrons ensuite que Florence est toujours encerclée par l’armée ennemie et que Léo se retrouve toujours à l’intérieur de l’enceinte de la cité. Arte est plus déterminée que jamais à retrouver Léo, néanmoins si Guido est d’accord pour l’aider, il ne veut pas prendre de risques inconsidérés, hors de question de faire courir des dangers à l’artiste peintre.

    Encore un très bon tome passionnant de bout en bout et qui s’avère très touchant.

    Toutefois, je regrette un peu l’époque où Arte se consacrait pleinement à son art en déployant toute l’étendue de son talent, d’autant plus que sa passion est très communicative.

    Néanmoins, vu ce qu’elle traverse en ce moment, je comprends aisément qu’elle n’a pas la tête à peindre en ce moment.

    Vivement en tout cas ses retrouvailles avec Léo ! 😀

    Kei Okhubo a déclaré dans la postface de ce tome qu’elle a bien l’intention de poursuivre la série encore un peu.

    Les tomes précédents laissaient sous entendre que nous nous approchions du dénouement, il faut croire que non.

    Mais bon, je me dis que tant que la mangaka se renouvelle et que la série demeure de qualité et captivante, je ne m’en plaindrai pas !

    Vivement la suite ! 😀

    DD69
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    DD69 le #537901

    @ Xanatos

    Concernant Arte, je l’ai lu et j’ai bien aimé. Il m’est impossible de savoir s’il y’a des fautes d’orthographe ou de syntaxe, vu mon niveau.

    cependant j’ai rien vu de spécial qui m’a fait grincé les dents. Pour moi Komikku sont les meilleurs, leur catalogue est de qualité et les titres très intéressants.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 an par DD69 DD69.

    https://mangatoons.forumactif.com/

    Cyril
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    Cyril le #537908

    Je pensais au Chef de Nobunaga et à The dungeon of black company, chez Kommiku effectivement. Sur certains volumes, la traduction était au moins aussi catastrophique que chez J’ai lu il y a plus de 20 ans.

    Pour le chef de Nobunaga 26 (qui est ce que j’ai lu de pire, mais d’autres volumes ont aussi de gros problèmes), je m’étais fendu d’un mail à l’éditeur (mail resté bien sûr sans réponse) tellement c’était catastrophique. J’avais relevé les erreurs suivantes :

    La conscience de nos crimes et la peur des représailles nous pousse ensuite à tuer de nouveau…
    Ah mince, c’est vrai que le seigneur m’avait demandé de te proposer d’être au service de sa famille et non le mien.
    Pourquoi insistes-tu à jouer le jeu de son mensonge ?
    A partir du maintenant, on est tous les deux sur le même bateau
    Vue que tu n’es ici que pour t’informer sur un détail
    Tu montras avec lui et il te relâchera sur le continent
    Mon maître a déjà eu suffisamment de précautions à faire aujourd’hui
    Il ne souhaite pas que son père ne se doute de quoi que ce soit
    Je t’avais prévenu que je te remercierais
    Les conditions qu’Oda auraient pu me proposer
    As-tu une femme en qui tu tiens beaucoup ?
    L’acidité contenue dans les jus d’agrumes agit sur les protéines du poisson et les décomposent
    Où étiez-vous donc passé, vous deux ?
    Ceci mettra fin à la longue histoire de la piraterie japonaise dont des textes témoignèrent de leur existence depuis des temps immémoriaux.
    Ainsi j’ai fait une pierre deux coups
    Je dois donc les cuire à plus basse température et plus longtemps pour qu’elle sèche encore plus.
    la fois où j’ai passé plusieurs jours alités

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 an par Cyril Cyril.
    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #537918

    Ah ouais, d’accord Cyril, quel tableau de déshonneur ! Je crois que cela se produit quand l’éditeur ne confie pas le texte traduit à un adaptateur.

    Bon, ça y est, j’ai lu le tome 17 d’Arte , que tu résumes à merveille Xanatos ! Habilement Kei Ohkubo montre que Guido, le chef des gardes du corps, finit par admirer Arte, mais n’oublie en rien son intérêt financier et celui de ses compagnons. Curieux, ce but pour lui et son père adoptif “l’île de Vera Cruz”. Vera Cruz est un port du Mexique, mais une île ?? et pourquoi ? On le saura peut-être. Point faible : Arte devrait bien se renseigner auprès de Dacia et Angelo sur la présence ou non à Florence du cardinal qui l’a fait condamner. Je l’ai déjà dit d’ailleurs son emprisonnement est une invraisemblance du récit. A part cela, l’ambiance est celle de la découverte mutuelle entre Guido et Arte, et elle est très bien menée.

    Tu mets le doigt tout juste sur le point qui me dérange aussi un peu : et la peinture, dans tout ça ? Oubliée ici. Or certes Arte est très mignonne et bien courageuse, mais ses amours m’indiffèrent, et au risque de te choquer Xanatos je me fiche qu’elle épouse Léo et lui fasse des bambins, je préfère qu’elle vive comme son modèle historique, Artemisia, qui eut pas mal de compagnons passagers mais vivait libre, en très célèbre peintre. De plus, sa passion amoureuse pour Léo, son maître nettement plus âgé, bourru, taiseux, rappelle le très naïf “complexe du père” chez quantité de jeunes filles : celles qui sont lucides ne tombent pas dans le panneau.

    Dans le réel, Michel-Ange en 1527 avait fui  l’attaque de Rome et se trouvait alors réfugié à Florence, menacée mais qui n’a pas été prise par les Impériaux. Ce serait bien que notre héroïne le rencontre ! Comme les Turcs arrivaient aux portes de Vienne et l’assiégeaient, Charles Quint a dû abandonner sa tentative de sujétion de l’Italie par une paix de compromis (1529). Donc ça va aller, après un moment pénible !

    Bref, toujours passionnant à lire, mais je souhaite moins de sentiments et plus de peinture.

    Xanatos
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    Xanatos le #537953

    C’est toujours un plaisir de te lire mon cher Yupa et nos avis se rejoignent parfaitement sur ce volume 17 de Arte ! 😀

    Oui bien vu au sujet du cardinal, Arte aurait du demander à ses ami(e)s ce qu’il est advenu de lui afin qu’elle ne se fasse pas arrêter et qu’elle puisse venir en toute quiétude à Florence (enfin façon de parler).

    Je comprends ton point de vue au sujet de la relation entre Léo et Arte.

    Si je veux bien sûr que notre héroïne soit heureuse, l’élément qui me captive le plus dans cette oeuvre, c’est sa passion dévorante pour l’art dans laquelle elle s’épanouit complètement. Espérons donc qu’elle pourra à nouveau s’y adonner.

    Oui ce serait génial si elle rencontrait Michel-ange et ce génie la galvaniserait et la pousserait certainement à se surpasser ! 😀

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