Série 1 – Episode 10
Nise Satsu Tsukuri wo Nerae !
Sus au Faussaire !

– Non, c'est un vrai.
– Les vôtres font encore plus vrai. ça fait longtemps que je n'avais pas été impressionné de la sorte."
Le Baron d'Ukraine est un chef mafieux spécialisé dans la fabrique de fausse monnaie. En conflit avec Lupin qui vient de le ridiculiser publiquement avec ses faux billets, son bras droit, Flynch, lui recommande les services de Mine Fujiko pour se débarrasser de lui, avant d'aller requérir l'aide de sa tante, la Renarde d'Ukraine, pour fabriquer des billets plus réussis.

Afin de damer le pion au Baron, Lupin part pour le royaume de Kowalsky pour trouver la Renarde d'Ukraine, qui abrite dans sa tour d'horloge le meilleur faussaire du milieu, Ivanov, alias les Doigts de Fée. Mais ce dernier s'est retiré du métier pour se consacrer à sa passion, les horloges, et n'a aucune intention de se remettre à la fabrication de faux billets, pour qui que ce soit.

Dès le début de l'épisode, en l'espace de cinq minutes, on a toutes les info. Difficile de faire plus clair !
Sus au Faussaire ! est l'un des épisodes qui préfigurent l'intrigue du Château de Cagliostro, avec ses faux billets et sa tour d'horloge qui recèle des secrets. Et pour cause, il s'agit du deuxième épisode réalisé par Miyazaki et Takahata.
L'influence du Roi et l'Oiseau de Paul Grimault et Jacques Prévert est prégnante dans les débuts de Miyazaki et Takahata. Ainsi, les mécanismes et décors cachés sont l'incarnation vivante et récurrente de cette influence chez Miyazaki à cette époque, et on retrouvera ce concept à de multiples reprises au cours de cette première série.

C'est véritablement à partir de cet épisode que la série opéra un changement dans le ton de ses histoires. Moins grivoises, moins hard-boiled, Lupin et ses compagnons s'assagissent un tout petit peu (alliances, trahison, Fujiko est désormais rodée à ce jeu), et se consacrent presque exclusivement à la chasse au trésor, au vol de bijoux ainsi qu'à quelques épreuves de dextérité et de sauvetages de jeunes damoiselles en détresse.
Un Lupin un peu plus Miyazaki-esque, en somme !

Les dézinguages se font toujours, mais de manière moins sanglante, plus proprette, dans le genre western américain des années 50, où les méchants tombent après un râle de circonstance, sans plus de cérémonie. Et, sur ce point, le final est assez réussi, en dépit du fait qu'il passe à côté du sujet de départ pour partir dans le délire à la "Eye of the Tiger" de Lupin et Flynch, le bras droit du Baron !

A défaut d'être raccord et logique avec l'histoire (c'est-à-dire au lieu de s'attarder sur le dénouement tragique de l'affaire de la fausse monnaie, qui aurait pu rendre l'épisode bien meilleur), les auteurs préfèrent donc s'attarder sur un combat de coqs somme toute assez comique.
Au moins, le ton est donné ! Moins de tragique, plus de comique.
On peut pester contre cet état de fait, mais ce serait plutôt inutile et stérile dans une revue de toute la série. La meilleure chose à faire étant donc d'accueillir ces changements avec un point de vue positif !

Le ton légèrement désabusé et cynique, ainsi que la variété des histoires en souffrent, mais les scénarios de Miyazaki et Takahata (pour les épisodes 8, 10 et 11, puis 13 à 23), ainsi que les designs de Yasuo Ôtsuka (présent depuis le début de la série) forment une contrepartie largement acceptable. Et puis, le ton des histoires reste malgré tout assez mature pour l'époque, bien que plus abordable pour un jeune public.
C'est un compromis qui permet de rendre cette seconde partie, aujourd'hui encore, agréable à voir et à revoir, même si, une fois de plus, on y perd en variété.

"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead