J’ai achevé le visionnage total de la série Le Fils du Futur, déjà une grande oeuvre dès 1978 !
Bon, on a le sentiment qu’au début le récit peine un peu à se mettre en route, n’évitant pas quelques remplissages de peu d’intérêt, mais il devient de plus en plus prenant : Miyazaki trouve ses marques, invente, frappe le spectateur à un rythme plus soutenu.
Le monde futur n’est qu’un vestige presque noyé par l’océan après une gigantesque apocalypse guerrière.
La grande cité Industria est une réussite technologique de haut niveau, mais cela n’est obtenu qu’au prix du travail forcé d’une masse de population très pauvre et déclassée habitant les sous-sols et les baraquements autour du colossal Trigone dont les trois tours jumelées abritent une demi-douzaine de savants gestionnaires d’écrans et une horde de soldats-fonctionnaires dévoués au Secrétaire Général Lepka et à la Vice-Secrétaire Monsley. Bientôt à court d’énergie et de stocks, Industria cherche à annexer et exploiter les îles indépendantes, mais aussi à s’emparer de Lana, la petite-fille d’une dizaine d’années d’un savant introuvable, le professeur Raoh, qui cache le dangereux secret de la formidable “énergie solaire” : le but serait de lui forcer la main pour qu’il se livre avec son secret.
Loin d’Industria, une autre troupe de survivants a fondé son antithèse, High Harbor, sur une île fertile, et développé un mode de vie rural et paysan en une belle harmonie heureuse, du moins en apparence. Quand Lana, venant de High Harbor mais naufragée, s’échoue sur l’îlot habité seulement par Conan, garçon de son âge, et le grand-père de celui-ci, une grande affection lie rapidement les deux enfants. Mais Monsley surgit avec son hydravion et capture la fillette. Dès lors Conan n’aura de cesse de la sauver en un chassé-croisé de libérations et de nouveaux enfermements de l’un ou de l’autre qui serait monotone si les péripéties multiples, les nouveaux personnages et les changements de situation et de lieux ne captivaient pas le spectateur jusqu’à l’arc final, grandiose et dramatique. Le meilleur est en effet dans ce climat d’aventures au sein d’un monde au bord des pénuries, et dans l’approfondissement des personnages.
CONAN : garçon pétulant, ignorant au départ mais avide de tout connaître, lucide, il s’adapte très vite à toutes les situations. Sa force physique est stupéfiante, tout comme sa résistance et son acharnement indomptable, bien qu’il n’y ait rien de magique là-dedans. Curieusement ses orteils préhensiles l’aident souvent, évocation lointaine du Roi des Singes Son Goku.
LANA : D’abord craintive et totalement dépendante de Conan, vouée à être kidnappée et sauvée, elle finit par montrer de la décision, du courage et même une grande lucidité vers la fin. Elle est capable parfois de communiquer par télépathie avec son grand-père, puis avec Conan.
GIMSY : petit sauvageon très “primitif” qui noue amitié avec Conan jusqu’à jalouser Lana, il finit par apprécier cette dernière, voulant tout partager de son ami.
LEPKA : Sinistre individu complètement amoral, un des seuls “méchants” miyazakiens avec Muska dans “Le Château dans le Ciel”. En principe simple administrateur d’Industria qui quémande des moyens au Comité de savants, il prend vite une stature de comploteur et de maître absolu avide de domination et de conquêtes armées (il ressemble physiquement à Napoléon !).
MONSLEY : Un des personnages les plus intéressants. C’est une jeune femme-officier très efficace, dure, impitoyable par dévouement total “patriotique” à Industria. Elle pilote un hydravion armé, le Falcon ; au fil de ses affrontements avec Conan elle finit par admirer quelque peu le gamin. Mais surtout en découvrant la preuve que son supérieur Lepka se moque de détruire la population d’Industria, elle change de camp.
DYCE : Le capitaine du vaisseau Barracuda. C’est un personnage rustaud, bouffon, et même assez répugnant au début car ayant libéré ou plutôt capturé Lana, il cherche à la séduire dans sa cabine par un banquet, dans le but avoué de vivre avec elle en couple (au scandale de son équipage). Lana le traite avec dégoût, ce qui renforce sa haine jalouse envers Conan. Mais il changera peu à peu ; Miyazaki sans doute ne voulait que montrer la bêtise rustre du personnage, puis l’a en quelque sorte réhabilité pour son côté comique.
RAOH : Alias Patch, vieil homme borgne et témoin des horreurs de la chute de la civilisation antérieure, il ne cède jamais au désir de Lepka de lui fournir une énergie destructrice immense. Curieusement il est le grand-père de Lana tout comme Conan vit au début avec son grand-père, et nous ne rencontrons pas les parents directs, disparus, des deux enfants : peut-être Miyazaki n’a t-il pas voulu s’encombrer de 4 autres personnages et d’intrigues familiales autour de Conan et Lana. Les deux grand-pères meurent, de plus.
Il y aurait bien plus à dire sur cette merveilleuse série, aux images souvent fascinantes et fortes ! A voir absolument !