Miyazaki, Takahata et Studio Ghibli

20 sujets de 41 à 60 (sur un total de 489)

Posté dans : Anime & Animation

  • Iceman57
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    iceman57 le #271862

    Citation (Lord Yupa @ 09/06/2009, 09:51)
    Intéressant renseignement, Iceman 57! et bien d'accord sur ce “point culminant” de l'oeuvre miyazakienne que représente Mononoke Hime.
    … Réflexion sur le duel entre la Nature et l'Homme, et je pense que Miyazaki reste avant tout “humaniste” et non “écologiste”, du moins pas à la manière de certains excès propres à ce mouvement, par ailleurs respectable.

    Religion Shinto tout simplement.

    C'est une éducation socio-culturelle qui transpire dans ses oeuvres.
    Basée sur le respect des ancêtres et de la nature, avec une pointe de nostalgie pour le sortir de la guerre comme chez Matsumoto…

    L'acquisition de la licence par Buena Vista, laisse présager une refonte du secteur comme on a pu voir ses 15 dernières années avec Disney, nous sommes passés d'un film tout les 3 ans à un film par an pour “Noël”.

    L'accélération laisse présager une baisse de qualité du niveau de finition, mais les fonds disponibles permettent à M. Miyazaki d'avoir recours aux procédés traditionnels à partir des cellulos.
    J'ai donc une crainte que le maître perde de sa superbe en augmentant la cadence, mais gagne en renommée par l'utilisation de méthodes traditionnelles en se posant comme l'un des derniers bastions.

    Une interview donnée au monde fait un tacle au niveau de la jugulaire à la Toei pour qui le crédo et d'être le leader de l'animation digitale.
    “La voie que la technologie nous a ouverte nous faisait perdre l'âme du dessin animé par le travail des animateur et de toutes les équipes”.

    Que dire ?… Au japon un trésor national est un savoir faire, et une personne peut le devenir de son vivant.
    Vouloir maintenir cette tradition de plusieurs décennies d'animation lui ouvrirait les porte de cette accession puisqu'il serait le représentant de cet art au Japon et ailleurs.

    Si ce que je pressent arrive un jour, sa cote va s'envoler… dressant un piedestal le mettant à une marche de Tezuka.

    Imaginez…
    Dans le monde global ou nous vivons, feu Osamu Tezuka fut souvent appelé “le Disney japonais”.
    En 2009, Walt n'est plus, quel auteur représente une aura globale telle même outre atlantique ?…

    … Personne… le constat est donc sans appel.

    Si Mononoke Hime est entré à l'inventaire du MoMa (Museum of Modern Art / Equivalent de Beaubourg coté Américain) ce n'est pas le fruit du hasard…
    _______

    Citation (Kaiser Panda @ 09/06/2009, 10:32)
    Ouais c'est vraiment THE defaut du film : sa simplicité exacerbee. Moi je m'en fous car l'instant d'evasion etait reel (a la Totoro, un peu. Puis les gens ici le savent, KP rime avec bon public en general…), mais je comprends tout a fait le point de vue…

    L'immersion dans Totoro était plus intense avec une magie et un sentiment étrange.
    La caverne dans l'arbre géant, … Le bus, … L'arbre qui pousse en une nuit…

    Je me souviens aussi des enfants qui crillaient dans la salle “Mei !!” “Mei !!” quand les villageois cherche la petite Mei égarée avec son épi de maïs. Rapporté à Ponyo, l'histoire est somme toute plus accessible, des enfants qui emmenagent et un gros nounours dans un arbre.
    C'est comme au cirque d'hiver, pour avoir du succès avec des petits, il faut des

    Il n'y a par ailleurs que deux séquences qui ont produit le même effet magique frissonnant pour moi : l'effet de transparence avec la barque qui avance sur l'eau alors qu'en dessous defilent des énormes baleines préhistoriques, et la voiture qui évite les vagues dans une course poursuite avec Ponyo qui cours sur les vagues en les pourchassant…

    Citation (Kaiser Panda @ 09/06/2009, 10:32)
    Sinon j'attends toujours la sortie de l'ULTIME Ghibli jamais sorti en France & pourtant bien loin d'etre nul : Mimi O Sumaseba : ils font quoi chez Buena Vista ? Ils baillent aux corneilles ?

    – Que disent leurs études de marché ?
    – Faut il attendre X années entre le royaume des chat (risque de mémoire du spectateur à cause du chat) et ce film pour qu'il soit rentable ?…
    – Qui a t'il de prévu coté Disney Pixar comme film pour ne pas faire se cannibaliser les recettes entres elles ?…
    – Qu'en est t'il de la situation des droits, Buena Vista dispose de tous les droits ou achète oeuvre par oeuvre ?…

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #271863

    Citation (iceman57 @ 09/06/2009, 14:26)
    L'acquisition de la licence par Buena Vista, laisse présager une refonte du secteur comme on a pu voir ses 15 dernières années avec Disney, nous sommes passés d'un film tout les 3 ans à un film par an pour “Noël”.

    L'accélération laisse présager une baisse de qualité du niveau de finition, mais les fonds disponibles permettent à M. Miyazaki d'avoir recours aux procédés traditionnels à partir des cellulos.
    J'ai donc une crainte que le maître perde de sa superbe en augmentant la cadence, mais gagne en renommée par l'utilisation de méthodes traditionnelles en se posant comme l'un des derniers bastions.

    Que dire ?… Au japon un trésor national est un savoir faire, et une personne peut le devenir de son vivant.
    Vouloir maintenir cette tradition de plusieurs décennies d'animation lui ouvrirait les porte de cette accession puisqu'il serait le représentant de cet art au Japon et ailleurs.

    Si ce que je pressent arrive un jour, sa cote va s'envoler… dressant un piedestal le mettant à une marche de Tezuka.

    Imaginez…
    Dans le monde global ou nous vivons, feu Osamu Tezuka fut souvent appelé “le Disney japonais”.
    En 2009, Walt n'est plus, quel auteur représente une aura globale telle même outre atlantique ?…

    … Personne… le constat est donc sans appel.

    Il n'y a par ailleurs que deux séquences qui ont produit le même effet magique frissonnant pour moi : l'effet de transparence avec la barque qui avance sur l'eau alors qu'en dessous defilent des énormes baleines préhistoriques, et la voiture qui évite les vagues dans une course poursuite avec Ponyo qui cours sur les vagues en les pourchassant…

    Bien d'accord sur tout cela, à ceci près que dans Ponyo il n'y a pas que ces deux moments impressionnants et “magiques”. On peut citer aussi les premières images, de Fujimoto en démiurge des grands fonds, et aussi l'arrivée de la Grande Déesse, et le noir tunnel où les deux enfants s'enfoncent… Par ailleurs le film m'a paru riche de sens, même pour des non-Japonais, mais davantage encore pour eux. Me différenciant ici de KP, je le vois réellement comme la poursuite du débat instauré par Mononoke Hime et pas du tout comme un conte de fée sans apologue bien discernable, ce que d'autres films de Miyazaki représentent malgré leurs immenses qualités.
    Enfin chacun son point de vue, bien sûr.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #271864

    Le Royaume des chats, Nekonote-Do, deuxième vision pour moi. La première était à sa sortie sur nos écrans, et j'avais oublié pas mal de choses.
    La qualité est un peu au-dessous d'un "vrai" Miyazaki, surtout par le manque de richesse d'univers, de créatures effarantes, de niveau réflexif.
    Il faut dire qu'au début ce ne devait être qu'un film de 20 minutes, simple commande sur "des chats" pour un parc de loisirs ; puis annulation de la commande, mais Miyazaki avait déjà mis au travail Mlle Hiiragi, une auteure, sur un conte reprenant Baron, Shizuku et Muta de Mimi o sumaseba. Sa responsabilité engagée (et ceci est très japonais), il voulut en faire un film de 45 mn d'entraînement pour jeune talent du studio. Le producteur Suzuki proposa Hiroyuki Morita. Le projet de celui-ci lui plut tellement, et à Miyazaki et Takahata, que Morita fut bombardé réalisateur d'un "grand" film de plus d'une heure.
    Bien que Morita ne faisait qu'adapter le récit écrit par Mlle Hiiragi, on l'applaudit au studio parce qu'il créait une héroïne "différente des clichés des animés populaires", très crédible, simple collégienne ni très décidée ni trés travailleuse, assez gaffeuse. A vrai dire l'Occidental fan de japanim' n'a pas l'impression que ceci est très original, et encore moins quand il voit Haru se réveiller rituellement trop tard le matin et foncer comme une dératée en zappant le petit déj', puis arriver trop tard, et gaffer bien sûr : on a vu ça cent fois ! mais les Japonais du making-of, comme souvent on le constate, n'ont pas les mêmes critères que nous sur l'originalité, ils la voient dans une Haru "intuitive", qui "ne fait pas des efforts pour réfléchir", et moi qui pourtant connais assez bien les Nippons, j'ai du mal à saisir.
    Ce n'est qu'allusivement qu'on nous révèle le coeur réflexif du film, à savoir un vacillement de Haru :va t-elle accepter de devenir une chatte, tentation qu'elle exprime en valsant avec le beau Baron, ou redevenir une collégienne ?et à la fin, elle le redevient, mais en se levant plus tôt que sa mère "irresponsable" (d'un point de vue japonais), en se prenant en main, en cessant de rêvasser au Prince Charmant. Ce qui est peut-être un peu terre-à-terre comme conclusion.
    Le film est très bien pour les ados et enfants, mais il manque de sel pour les adultes.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #271865

    Encore moi.
    A l'invitation d'un groupe associatif de Saint-Ouen, je suis allé “illustrer” d'une mini-conférence une projection du Voyage de Chihiro.
    Pour des raisons diverses, j'ai dû réduire au strict minimum mes interventions, avant et après (on ne m'y reprendra plus, 'tain la vache, heureusement pour toi que tu n'es pas venue, Cobayanim!), bref en revisionnant le film pour préparation, j'ai fait quelques recherches sur les idéogrammes et les noms.
    Malheureusement je n'ai pu éclairer le sens de “Chihiro” (les prénoms ont un sens), mais quand Yubaba lui vole une partie de son nom, il ne reste que le kanji de “SEN”, son nouveau nom, qui n'en est pas vraiment un puisque ça veut dire “mille”, mais aussi “plein de”, “en nombre illimité”. Yubaba est “la Vieille de la Graisse”, et YU, kanji pour “graisse, huile, le gras” est l'emblème (lanternon, drapeau, rideau de l'entrée) du Palais des Bains, peut-être parce qu'on y change les humains en porcs à engraisser, ainsi les parents de Chihiro qui se sont empiffrés. Miyazaki considérerait-il goinfrerie et obésité comme un péché, une faute, un vil abandon ? confère Hansel et Gretel de Grimm ?
    Kamaji, lui, est “le Vieux de la Chaudière, du Four”, “toujours au four et au moulin” comme il dit dans la version française, ici bien inspirée. De plus le verbe “kamau” signifie tantôt “ne pas se soucier de, négliger” et au contraire “se soucier de, s'occuper de”, ce qui correspond aux 2 comportement de Kamaji, l'apparent et le réel, avec Chihiro.
    Haku peut signifier “volatile blanc”, mais aussi “vomir, cracher”, et il vomit en effet le sceau et la “limace maléfique”.
    Dans le Palais (et dans le “parc de loisirs”) on trouve le kanji de “TEN”, paradis, ciel divin… ou bien destin. On le trouve aussi tout en haut du donjon de Yubaba, or Ten-shukaku = donjon.
    Enfin au début du film, le tunnel d'entrée dans l'”autre monde” quand on y débouche et regarde en arrière porte les deux kanji RAKU et FUKU, que je traduis au pif par “retour au bonheur”. Ironie cruelle, puisqu'on va dans l'autre sens! à la fin, on ne l'aperçoit pas, mais Chihiro ne doit en aucun cas regarder en arrière, par une sorte de “logique magique” inverse.
    Peut-être me suis-je trompé sur certains points ? que nos japonisants me rectifient!
    J'ai longtemps sous-estimé Chihiro, surtout par rapport à Mononoke, croyant n'y trouver nul message hors du plus beau feu d'artifice d'imagination de Miyazaki, mais ce revisionnage m'en a fait extrapoler un. J'y reviendrai, ce post est bien assez long. 😌

    Bub
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    bub le #271866

    Chihiro est l'un de mes Miyazaki préférés, avec Porco Rosso et Laputa.
    Il y a une telle quantité de niveaux de lecture dans ce film, qu'on pourrait en parler sans jamais n'en faire le tour.
    Voici quelques pistes pour commencer histoire d'alimenter un peu la réflexion :
    Une proposition sur le sens des noms par Oomu.org
    Un mot du réalisateur sur l'objectif du film
    Une première analyse intéressante par Buta connection

    Ce sont des premières pistes, car ce film est d'une richesse insoupçonnée pour beaucoup. Autre analyse que j'avais trouvée passionnante il y a longtemps, celle de Japon.org sur la signification des plantes dans les jardins de la maison de bains de Yubaba, hélas, la page est morte visiblement ( c'est pour ça que je méfie du numérique et d'Internet, qui produit autant d'informations qu'il n'en fait disparaître à jamais… ).

    Iceman57
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    iceman57 le #271867

    La présence du voyage de Chihiro est à mon sens trop prononcée en France, du fait du coté “pionnier” au cinéma (un peu comme Akira en son temps), on le ressert à toute les sauces alors qu'au delà de l'impressionnant bestiaire je me permettrai de le déclasser par rapport à d'autres créations Ghibli.
    Quand on voit qu'il a fallut quelques années pour sortir Chihiro et 20 piges pour Nausicaa (et encore en DVD !!!) s'en est affligeant. Pour preuve en est les numéros sur la tranche des DVD français Ghibli :
    #1 Mononoke
    #2 Chihiro

    #10 Nausicaa

    Ce que je me demande aujourd'hui ce sont les films qui seront diffusés dans 25 ans (pour les 50 ans du studio Ghibli) lors de rétrospectives.
    Vous me direz Nausicaa ? Et bien… c'est TOPCRAFT, donc du pré-GHIBLI et pas du Studio GHIBLI (même si les stickers sur les DVD sont écrits Ghibli). Je le verrais plus sérieusement pour une rétrospective de Kazuo Komatsubara pour son travail de chara-designer et directeur de l'animation.

    Que reste t'il…
    * Le Château dans le ciel
    * Mon voisin Totoro
    * Le Tombeau des lucioles
    * Kiki la petite sorcière
    * Souvenirs goutte à goutte
    * Porco Rosso
    * Je peux entendre la mer
    * Pompoko
    * Si tu tends l'oreille
    * Princesse Mononoke
    * Mes voisins les Yamada
    * Le Voyage de Chihiro
    * Le Royaume des chats
    * Le Château ambulant
    * Les Contes de Terremer
    * Ponyo sur la falaise

    De ces films, seul Mononoke est enregistré à l'inventaire du MOMA (musée d'art moderne) de New York.
    Par ailleurs deux originaux sont passés en vente au enchères à Drouot.
    Donc coté Miyazaki, c'est plié, ce sera “Mononoke” qui durera après lui,… reste à trouver un film pour Takahata, et cela tombe sous le sens, ce sera “le Tombeau des lucioles”…

    “Le château dans le ciel” a été un carton monumental au japon et continue de défrayer la chronique dans les ventes d'enchères en particulier pour le lien très fort qui fait écho avec la série TV “Mirai Shonen Conan”.
    Le reste des oeuvres, hélas, pardonnez mon propos, ne survivra que difficilement à l'épreuve du temps et sera réduit à l'usage des cercles d'art et essais. Et oui, même Porco Rosso, mon favori, passera potentiellement à la trappe 😢

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #271868

    Citation (bub @ 06/12/2009, 12:10)
    Chihiro est l'un de mes Miyazaki préférés, avec Porco Rosso et Laputa.
    Il y a une telle quantité de niveaux de lecture dans ce film, qu'on pourrait en parler sans jamais n'en faire le tour.
    Voici quelques pistes pour commencer histoire d'alimenter un peu la réflexion :
    Une proposition sur le sens des noms par Oomu.org
    Un mot du réalisateur sur l'objectif du film
    Une première analyse intéressante par Buta connection

    Ce sont des premières pistes, car ce film est d'une richesse insoupçonnée pour beaucoup. Autre analyse que j'avais trouvée passionnante il y a longtemps, celle de Japon.org sur la signification des plantes dans les jardins de la maison de bains de Yubaba, hélas, la page est morte visiblement ( c'est pour ça que je méfie du numérique et d'Internet, qui produit autant d'informations qu'il n'en fait disparaître à jamais… ).

    Iceman 57, je trouve ton post intéressant, mais je n'ai pas bien compris comment tu peux assurer (semble t-il) ce qui sera diffusé dans 25 ans pour le cinquantenaire de la firme 😒 ? comme si quelqu'un au début des années 1980 avait pu savoir ce que nous retiendrions des années 70 ? je tiens pour presque certain que les grands films Ghibli le seront encore, non sans un certain écrémage.
    Et comme toi Bub (merci pour les liens) je crois que Chihiro a tellement de niveaux de lecture qu'il devrait bonifier avec l'âge, même si, Iceman est dans le vrai, on l'a un peu trop fait passer dans les Maisons de Jeunes (Mononoke est plus dérangeant pour notre progéniture : je l'ai dit ailleurs, on ne veut pas de femmes guerrières en Occident).
    Il est difficile de saisir parfaitement les intentions de Miyazaki à travers ce qu'il en dit, ou veut bien en dire, et à travers une traduction en un français imparfait (“hypertrophiés” au lieu d'”atrophiés”, faut le faire !).
    Ce qui me paraît bien clair, c'est une leçon de courage au sens japonais, qui inclut notre sens “abstrait” mais aussi un sens beaucoup plus concret que nous accepterions moins bien sans doute. Il s'agit de toute évidence en effet d'une “morale du travail”. C'est la volonté de travail et ses efforts qui sauvent Chihiro et qui retournent en sa faveur tout le petit peuple des yôkai. Elle réclame “Donnez-moi du travail” à Kamaji, puis à nouveau à Yubâba, et c'est à la force du poignet qu'elle triomphe du lavage du Putride. Au Japon, le courage est vertu suprême, et en temps de paix il s'évalue à la volonté de travail. Exactement comme nos aïeux ruraux disaient d'un bon bosseur “Oh ben çui-là, il est courageux, hein!”. Autant dire que là-bas un flemmard passe pour un lâche. Evidemment, nos syndicalistes apprécient très peu la mentalité japonaise. Qu'ils aient tort ou raison ne m'importe pas, chacun se débrouille comme il peut avec ses codes socio-culturels dans son coin de planète.
    En tout cas, si Kamaji représente peut-être un contremaître au service du “patronat” Yubâba et menaçant ses ouvriers-boules de suie qu'il accuse de “révolution”, il est un personnage positif dans le film. Parce qu'il bosse.
    Travailler plus pour gagner plus ? sarkozysme ou stakhanovisme ? bof, moi je trouve que ce n'est qu'une dimension “humaniste”. L'Homo est Faber, n'est-il pas ?
    Et il y a aussi tant d'humour dans tout cela, et tant d'autres lectures (histoire d'amour, histoire d'amitié, histoire de gras-maigre, histoire d'autres mondes…)

    Akiko_12
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    Akiko_12 le #271869

    Ces analyses sont intéressantes Yupa, merci !!

    Par contre malgré ses multiples lignes de lecture, je trouve que le film manque de rythme. Or dans Totoro par exemple, il n'y a pas d'action à gogo mais c'est largement "compensé" par tout l'aspect découverte et émerveillement… Ce qui n'est pas le cas dans Chihiro où pour ma part ce monde de yôkai (certes original, inventif, folklo etc) ne me fait pas vraiment rêver. Je trouve que Chihiro manque de magie, et je trouve aussi que ce film est assez "sur-estimé" par le grand public comparé à d'autres (Mononoké, Totoro, Laputa, Kiki…)

    Bub
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    bub le #271870

    Citation (akiko_12 @ 07/12/2009, 16:23)
    Ce qui n'est pas le cas dans Chihiro où pour ma part ce monde de yôkai (certes original, inventif, folklo etc) ne me fait pas vraiment rêver. Je trouve que Chihiro manque de magie, et je trouve aussi que ce film est assez “sur-estimé” par le grand public comparé à d'autres (Mononoké, Totoro, Laputa, Kiki…)

    Dans la mesure où Chihiro serait essentiellement une critique de la société de consommation et du monde du travail moderne, pas étonnant que ce film ne fasse pas autant rêver que d'autres. L'objectif n'est pas le même : ici, on dénonce, de façon assez abrupte, quoi qu'avec un peu de la finesse habituelle du réalisateur. C'est pour ça que je l'aime bien moi ce film, Miyazaki y a mis ses tripes plus qu'ailleurs, alors que d'ordinaire il traite ses sujets de façon nettement plus symbolique et cérébrale.
    C'est une espèce de huis-clos, à la différence de tous ses autres films ( j'ai beau chercher, je n'en vois aucun autre où le personnage principal est contraint et forcé de vivre de façon cloîtré comme notre héroïne ).
    En cela ce film est de loin le plus singulier de sa filmographie, celui où il dénonce plus que dans n'importe quelle autre oeuvre les dérives de la société. Même les adultes en prennent pour leur grade : pourtant, jusqu'à présent, chaque héros ou héroïne pouvait compter sur l'autorité d'un adulte pour l'épauler dans les épreuves ( la boulangère dans kiki, la vieille folle dans Laputa, Yupa dans Nausicaä, Porco Rosso pour Fio, etc. ).
    C'est presque un anti-Miyazaki, car ici, même la nature est inquiétante ( c'est quoi cet océan qui fait office de prison ? c'est quoi ce vent qui est porteur de menace sous forme de petits papiers qui vous attaque, alors que jusqu'ici le vent était l'allié de tous les héros de Miyazaki ? ).

    Iceman57
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    iceman57 le #271871

    Citation (Lord Yupa)
    Iceman 57, je trouve ton post intéressant, mais je n'ai pas bien compris comment tu peux assurer (semble t-il) ce qui sera diffusé dans 25 ans pour le cinquantenaire de la firme ?

    Autant pour moi j'ai peut être trop raccourci l'analyse 😉
    En fait en surveillant les cotations ont commence déjà à voir se degager les grandes tendances (tendances mondiales, et tendances Japon).

    Il est clair que vu la mentalité locale, un film qui ne sera pas plus plébiscité que cela en Occident, restera tout de même au catalogue, Laputa est à ce jour le candidat ideal. Je remet aussi sur le grill que le seul film à l'inventaire du MOMA de New York, c'est Mononoke et pas Chihiro ni Laputa.

    Citation (akiko_12)
    Ce qui n'est pas le cas dans Chihiro où pour ma part ce monde de yôkai (certes original, inventif, folklo etc) ne me fait pas vraiment rêver.

    Pionnier dans les salles obscures Farnçaises, comme Akira en sont temps, ce qui créé une potentielle surcote.
    Par ailleurs le bestiaire appelle a des références qui ne sont pas dans le creuset judeo-islamo-chrétien et donc difficilement interprétable.
    On retrouve le même décalage avec PomPoko et les ratons laveurs magiciens. Sans les références aux cultures japonaises on saisi difficilement certains aspects du film et cela amène plusieurs niveaux de lecture liés à l'incompréhension.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #271872

    Citation (iceman57 @ 07/12/2009, 21:41)
    . Sans les références aux cultures japonaises on saisit difficilement certains aspects du film et cela amène plusieurs niveaux de lecture liés à l'incompréhension.

    Ho ho, judicieux ! il doit y avoir du vrai.
    Tout de même, il n'est pas douteux que Miyazaki vise en général à une certaine profondeur, ou bien nous ouvre malignement les portes du mystère, comme le remarque Bub avec cet étrange océan et ces tourbillons de petits papiers par exemple. Par ailleurs, Bub, moi je ne vois pas beaucoup de “contestation sociale” dans Chihiro, et j'en tiens plutôt pour ma “morale du travail” (et un flemmard comme moi, je trouve que j'ai du mérite!). On a remarqué ailleurs que Kamaji n'est probablement personne d'autre que Miyazaki lui-même, qui houspille volontiers son équipe et comprend mal le manque de dévouement à la tâche (comme Walt Disney). Autodérision donc sans plus. Certes, le goût de l'or est tourné en ridicule et condamné, mais à part ça…
    Je trouve quelques points faibles, comme Akiko, mais pas les mêmes. Moi je trouve ce monde fascinant, et je rêverais d'explorer la folle bâtisse en ses recoins, de voir tous les yôkai ! mais la transformation du bébé et de la mini-sorcière (personnage qui ne sert strictement qu'à transporter le “rat”) m'a parue assez grotesque et parasitaire. Le “Sans-Visage” par contre est un personnage fabuleux, inoubliable (j'adore ses petits “Ha…ha…” quand il essaie de parler, et le fait qu'il “vole” la voix de ceux qu'il avale). Enfin à seconde vision la musique est formidable.

    Iceman57
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    iceman57 le #271873

    Citation (Lord Yupa @ 08/12/2009, 19:18)
    On a remarqué ailleurs que Kamaji n'est probablement personne d'autre que Miyazaki lui-même, qui houspille volontiers son équipe et comprend mal le manque de dévouement à la tâche (comme Walt Disney). Autodérision donc sans plus.

    Je le pense aussi, comme Tezuka en son temps, des bêtes de travail et donc potentiellement des tyrans dans les studios pour atteindre leur idéal de perfection.

    Je rebondis sur les références aux Yokai, bestaire et autres esprits (d'ailleurs je ne sais plus qui sur le forum bosse sur une thèse de Jeu video mais “Murasama Demon Blade” est a mettre dans sa biblio). En fait, il y a clairement des oeuvres Ghibli qui ont été formaté pour l'export mais cela semble tout à fait fortuit (Porco Rosso, Kiki, Le Château Ambulant pour ne citer qu'eux).
    Ces oeuvres sont inspirées de codes Européens qui sont “exotiques” pour les Japonais. Il y a toujours une présence de sortilèges et de magie mais le décor architectural semble aider à mieux faciliter la compréhension pour le spectateur européen qui y retrouve des repères.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #271874

    Citation (bub @ 07/12/2009, 20:06)
    C'est une espèce de huis-clos, à la différence de tous ses autres films ( j'ai beau chercher, je n'en vois aucun autre où le personnage principal est contraint et forcé de vivre de façon cloîtrée). Même les adultes en prennent pour leur grade : pourtant, jusqu'à présent, chaque héros ou héroïne pouvait compter sur l'autorité d'un adulte pour l'épauler dans les épreuves ( la boulangère dans kiki, la vieille folle dans Laputa, Yupa dans Nausicaä, Porco Rosso pour Fio, etc. ).
    C'est presque un anti-Miyazaki, car ici, même la nature est inquiétante

    En relisant un peu ce topic, je ne puis que remarquer ta pertinence dans ces remarques, chère vieille branche bubesque.
    Les parents de Chihiro sont particulièrement navrants et nuls. Cela m'a conduit à me demander si Miyazaki a donné réellement une valeur à la cellule familiale de base. Dans Ponyo, la jeune mère est très proche de Sosuke, mais il faut remarquer l'absence du père, jusqu'à la fin. Nausicaä perd le sien, mourant, dès le début. Pazu aussi a perdu le sien, Chita est orpheline, San et Ashitaka sont solitaires, Fio vit auprès de son grand-père (et non de ses parents), et Kiki est virée de chez elle à 12 ans ! seules rescapées, les deux gamines de Totoro, mais ici c'est la mère malade à l'hôpital qui manque un peu à l'appel… Curieux, non ? en revanche, comme tu le dis Bub, il y a des adultes “parents de substitution”, et même Lin pour Chihiro. Quels rapports Hayao a t-il eu avec ses parents ? à ma connaissance, ce n'est pas un sujet qu'il aime à aborder. Quelqu'un en sait-il plus que moi là-dessus ? 😒
    La nature, je trouve qu'elle a toujours, à travers tous ses films, une dimension aussi inquiétante ou dangereuse que somptueuse et magique. Ce n'est pas pour lui un milieu idyllique, il n'est pas dans l'écologisme naïf, et San n'a pas “raison” contre Dame Eboshi qui aurait “tort”. C'est une part de sa profondeur, à mon avis.

    Iceman57
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    iceman57 le #271875

    Citation ("Lord Yupa")
    La nature, je trouve qu'elle a toujours, à travers tous ses films, une dimension aussi inquiétante ou dangereuse que somptueuse et magique. Ce n'est pas pour lui un milieu idyllique, il n'est pas dans l'écologisme naïf, et San n'a pas "raison" contre Dame Eboshi qui aurait "tort". C'est une part de sa profondeur, à mon avis.

    Citation ("bub")
    Miyazaki n’est pas un "écolo niais et sot" tendance Nicolas Hulot : il n’oppose pas une gentille nature avec la méchante civilisation humaine.

    Je pense sérieusement que plus on avance en âge dans la vie et plus le regard sur la "transmission" se pose.
    Que va t'on transmettre aux plus jeunes… le dessin animé est de tout temps un vecteur de diffusion majeur pour la jeunesse.
    J'ai eu une discussion similaire il y a quelques moi avec une japonaise d'une soixantaine d'années, les enfants, la nature les valeurs étaient des codes très présent.
    Pour Miyazaki, son oeuvre animée sert de creuset à ses idées et laisse transparaitre ce types d'idéologie.

    Comme le dis très bien Bub, il n'y a pas de recherche de conflit, mais plus à puiser dans la mémoire le meilleur compromis.
    La note sur la filiation explique les codes de machines volantes fantasmagoriques qui parsèment ses création (moi c'était la mécanique et les bagnoles, on ne choisit pas sa famille).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #271876

    En cette période où Arte diffuse à heure de prime time tous les longs métrages de Miyazaki, une reprise de ce topic s'impose un peu.
    Ayant tous les DVD sauf "Le Château Ambulant" que je n'avais pas follement aimé lors de sa sortie (d'ailleurs mon mag télé, TV Câble & Satellite, met un bémol sur ce film seulement), j'ai voulu revoir uniquement celui-là. Il y a quand même de très savoureux moments, et comme d'habitude à seconde vision j'ai été sensible à la qualité musicale. Curieusement, la fin semble élaguée (à mon souvenir) d'une sorte de réunion finale, d'ailleurs peu judicieuse, au palais du roi devant Madame Sullivan ?? il me semble que certaines autres longueurs ont disparu ??
    Il reste quand même que je n'ai toujours rien compris au secret de Haoru ; histoire donc confuse pour moi.

    Natth
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    Natth le #271877

    Je ne vois pas ce qui a disparu… Cela fait un moment que je l'ai vu, mais je n'ai pas l'impression qu'une scène soit coupée.

    Citation (Lord Yupa @ 13/04/2010, 12:34)
    Il reste quand même que je n'ai toujours rien compris au secret de Haoru ; histoire donc confuse pour moi.


    En fait, Haoru avait perdu son coeur physique, l'organe qui bat dans sa poitrine. Ce dernier faisait partie du marché qui le liait à Calcifer : il a reçu des pouvoirs magiques en échange de son coeur. Par conséquent, le Calcifer que l'on voit au cours de l'anime est la fusion entre le coeur d'Haoru et le feu-follet que rencontre Haoru enfant. Par conséquent, si Calcifer s'éteint, Haoru meurt. Je pense que c'est pour cela que Madame Sullivan dit que Haoru n'a plus de coeur (ou quelque chose comme ça) quand Sophie vient la voir. Sur le coup, j'avais plutôt compris qu'il était devenu mauvais, alors qu'il s'agit d'une absence de coeur au sens propre. Après, il y a bien sûr des éléments symboliques, comme le fait que la personne qui lui rend son coeur physique est celle qu'il aime le plus.
    C'est du moins ainsi que j'ai compris la chose.

    Pour ma part, je n'ai pas raté la rediffusion d'un anime que j'avais adoré. Impossible de dire si j'aime plus un Miyazaki qu'un autre pour l'instant 😂

    Iceman57
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    iceman57 le #271878

    Je suppose que ceux qui suivent ce topic ont vu dans leur programme TV le boulot actuel de ARTE pour diffuser du Ghibli à la télévision… le marché allemand deviendrait-il bankable ? 😃

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #271879

    Ah oui, merci Natth, les choses s'éclaircissent un peu, bien que des zones d'ombre demeurent encore dans mon esprit pas très à l'aise avec cette histoire.

    Jhudson
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    jhudson le #271880

    Arte n'a pas passé ni KIKI ni Porco rosso dans le cycle

    En faite je n'avais pas vu autant de Miyazaki que cela seulement 3,j'attendais la sortie des Blu ray pour y remédier

    C'est étrange NAusicaa n'a pas eu de remixage stereo contrairement aux autres

    Les copies étaient vraiment nickel et sur arte HD la compréssion etait minime

    Neil gaiman a fait l'adaptation anglaise de Princess Mononoke a ce que j'ai vu

    Bub
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    bub le #271881

    J'ai enfin vu Ponyo, et je ne savais pas trop quoi penser de ce film.
    Pour Miyazaki, c'est film pour les enfants, et il dit explicitement dans les bonus qu'il ne faut pas chercher à trouver du symbole dans ce film : donc gare à surinterpréter ce titre !

    Miyazaki dit s'être en partie inspiré de la petite sirène d'Andersen, certes. Il dit l'avoir tout de même refondu à sa sauce, certes.
    Au début, je me m'interrogeais franchement sur l'intérêt du personnage de Fujimoto, qui si on le supprimait, n'enlèverait rien au récit (en effet, la déesse de la mère aurait très bien pu prendre sa place de mère possessive et vengeresse l'égard de ces humains qui détruisent tout ). Au lieu de quoi on se retrouve avec ce binôme curieux d'un père misanthrope un peu sorcier et d'une mère divine absolument bienveillante à l'égard de tous.

    SPOILS

    Bon, cherchons à comprendre d'où vient l'inspiration qui a poussé Miyazaki à créer et maintenir la présence de ce personnage incongru dans l'univers de Ponyo.
    Première chose : il y avait longtemps que Miyazaki n'avait réaliser une oeuvre dans laquelle l'élément aérien était totalement absent. En fait depuis Mononoke à bien y réfléchir. Dans ses autres oeuvres, les vents, le ciel, tout ces éléments se retrouvent de façon plus ou moins nette intégrées comme presque des personnages à par entière du récit.
    Ici ce sera donc la mer, l'élément naturel duquel vont se déchainer des forces extraordinaires. Pour ce village de pêcheurs, la mer est à la fois providentielle, mais on se doute que par le passé il a dû falloir à ces familles payer un lourd tribu : habitués aux dangers, aux tempêtes, les habitants semblent peu s'émouvoir de cette fantastique tempête déclenchée par Ponyo, pourtant, on notera l'absence totale d'hommes âgés dans la pension. Ces braves vieilles dames sont-elles toutes d'anciennes femmes de pêcheurs devenues veuves par la faute de la mer ? On en sait rien, Miyazaki ayant résolument décidé de faire de ce film une oeuvre optimiste. Il n'empêche, la mer est dangereuse, comme le rappelle les agents de la Préfecture, et tous ceux qui vivent à terre se mettent à l'abri lorsque elle se déchaine.
    Il n'y a guère que Fujimoto qui a décidé de fuir le monde sécurisé des hommes pour vivre en totale symbiose avec les profondeurs de la mer. Il a fui le monde des hommes, qu'il hait, grâce à sa science qui lui a permis de fabriquer ce bâteau-sous-marin étrange et de maîtriser certaines forces et propriétés extraordinaires du fond des océans.
    En cela, Fujimoto, et toute la thématique qui l'entoure, fait irrémédiablement penser à Nemo, le capitaine du Nautilus, héros maudit de 20000 lieues sous les mers.
    Et de ce point de vue, je trouve que cela donne plus de consistance à Fujimoto.
    Il est comme Nemo qui veut détruire les humains : il ne pense qu'à rétablir l'âge du Dévonien, période des temps géologiques où la vie a commencé à s'aventurer hors des océans.
    Mais il n'est pas aussi pathétique que Nemo : lui a trouvé l'amour, il a eu des enfants, dont une fille, Ponyo, qui va lui rendre cette part humaine dont il a sans cesse chercher à se défaire.
    Derrière l'histoire d'amour de Ponyo et Sosuke, il y a deux donc autres couples qui eux aussi se retrouvent : les parents de Sosuke et les parents de Ponyo.
    Je vois dans les scènes hallucinantes de cette mer primitive qui a recouvert l'île non pas un rêve de "Sosuke" comme l'ont analysés certains, mais plutôt une espèce de grande réconciliation entre deux mondes séparés, un pont entre des êtres qui s'aiment qu'ils soient issus de la mer ou bien du monde des humains. Ce rapprochement va consister à réunir enfin tout le monde.
    D'une part la très terre à terre Lisa avec son mari Koisuke ( tellement baigné dans l'élément marin qu'il est l'un des rares à voir Ponyo courir sur les vagues – il a en quelque sorte hérité du pouvoir de la mer ) et d'autre part entre le père de Ponyo, prisonnier entre deux mondes en fait ( celui divin de la mer, auquel il ne pourra jamais faire partie, même si ses sentiments sont partagés par la déesse, et celui des humains qu'il a rejeté ) et la déesse.
    En fait, Ponyo a contribué à rétablir un équilibre qui fut à la base rompu par les amours de Fujimoto et la déesse : c'est ainsi que je m'explique en partie la scène avec la rencontre du couple au bébé. Dans ce moment précis où les mondes se superposent, les choses reprennent leur cour normal. Nul ne pète les plombs de voir sa maison engloutie, au contraire, ils ont compris que ces événements ne sont pas une calamité mais une bénédiction.
    Et la fin me semble confirmer cette vision du film : tout le monde retourne chez lui, mais cette fois avec sa moitié.

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