#TBT : Devilman

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Voilà déjà cinquante ans que Gô Nagai a créé Devilman, titre toujours d’actualité avec sa récente adaptation signée Yuasa. Retour sur un parcours long d’un demi-siècle.

Akira Fudo est un adolescent réservé et naïf qui vit chez son amie Miki Makimura depuis que ses parents sont partis travailler à l’étranger. Sa vie bascule quand son meilleur ami Ryo Asuka lui fait une révélation : les démons, qui hibernaient sous les glaces polaires, se réveillent et souhaitent envahir l’humanité. Cette information, il la tient de son père, lui-même possédé, qui s’est immolé par le feu en retrouvant un semblant de raison. Afin de combattre le mal par le mal, Ryo décide d’organiser un sabbat pour invoquer des créatures démoniaques encore plus puissantes qui lutteront aux côtés des humains. Durant la cérémonie, Akira se retrouve possédé par Amon, l’un des démons les plus puissants ayant jamais existé. Mais grâce à son âme pure, l’adolescent finit par le maîtriser et devient Devilman. Cependant, l’humanité, vénale, cupide et égoïste, mérite-t-elle d’être sauvée ? Et Akira parviendra-t-il à ne pas se retrouver corrompu par la noirceur de l’être partageant son corps ?

Afin de se démarquer des hebdomadaires concurrents apparus en 1959, le Shônen Jump choisit, à son lancement en 1968, une ligne éditoriale intégralement dédiée aux bandes dessinées, avec un ton volontairement provocateur et iconoclaste. Gô Nagai se retrouve chef de file de cette tendance avec L’école impudique : le manga multiplie les gags grivois au point de se retrouver dans le collimateur des associations de parents d’élèves qui réclament son annulation. Marqué par cette opprobre, le mangaka décide de mettre au cœur de sa prochaine œuvre les mauvais côtés de la société, ses idées reçues, son intolérance, ou encore son attitude en meute. Afin de provoquer ses anciens détracteurs, il détourne donc le concept manichéen de bien et de mal dans Mao Dante en 1971, en s’inspirant des illustrations réalisées par Gustave Doré autour de L’enfer de Dante. Le manga plaît énormément à Toei Animation, qui demande néanmoins des modifications pour pouvoir l’adapter en série TV.

Devilman débute donc à l’été 1972, quasi simultanément pour sa diffusion TV et sa prépublication dans le Shônen Magazine – il faudra attendre le 20 octobre pour que sorte le premier volume relié. Face au contexte politique qui secoue le globe (conflit du Vietnam, tension montante entre l’URSS et les USA), Devilman ajoute aux thèmes de Mao Dante un message anti-guerre très fort sous son vernis fantastique/horreur, notamment à travers l’utilisation inconsciente d’armements dépassant l’entendement. L’œuvre, atemporelle, est donc reprise à de multiples occasions par Gô Nagai, à travers des romans ou des mangas comme Shin Devilman en 1979, ou Neo Devilman en 1999, ou encore des spin-off, tel Devilman VS Getter Robo en 2010. En revanche, rares sont les nouvelles transpositions à l’écran ! En dehors de deux OAV en 1990, et d’un film live en 2004, il faudra patienter jusqu’à 2018 pour que Masaaki Yuasa réinterprète la saga dans Devilman Crybaby : diffusée sur Netflix, la série permet à une nouvelle génération de découvrir un mythe quinquagénaire… et laisse espérer un retour aux sources en animation. D’ici là, on retrouvera le personnage dans le gigantesque cross-over Dynamic Heroes !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon