Personnalité de la semaine : Yutaka Izubuchi

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Annoncée en 2017, la série Patlabor EZY se précise enfin, avec une sortie en 2026. À sa réalisation, Yutaka Izubuchi, artisan discret mais incontournable dans l’animation japonaise depuis quarante-cinq ans.

Yutaka Izubuchi est un pur produit de son époque. Né en 1958, il a cinq ans quand débute la première série animée hebdomadaire de l’histoire du Japon, Astro Boy. Trois ans plus tard, c’est le monde du tokusatsu qui le fascine avec Ultraman en 1966, puis Kamen Rider en 1971. Mais l’enfant s’intéresse également aux programmes occidentaux de science-fiction, comme Star Trek ou UFO, alerte dans l’espace. Éveillé très tôt à leurs thématiques matures, Yutaka Izubuchi se tourne donc logiquement vers les séries animées de science-fiction des années 1970, notamment Yamato en 1974. Le lycéen, âgé de 16 ans, rejoint alors les colonnes de SF Magazine et, chaque mois, rencontre d’autres fans proactifs dans un café. Après leur avoir envoyé plusieurs lettres, les studios Sunrise acceptent qu’il leur rende visite. À cette occasion, le réalisateur Tadao Nagahama l’invite à créer quelques designs de robots pour la série qu’il développe, Daimos, en 1978.

C’est le point de départ de sa carrière. Ou plutôt, de ses carrières. Sunrise, épaté par le talent de ce jeune homme de vingt ans, le rappelle en 1979 pour travailler sur des mecha-designs sur Gundam, saga avec laquelle il collaborera pendant de nombreuses années à divers stades (par exemple, les costumes de Gundam Wing). En parallèle, Takeyuki Suzuki, rencontré sur Daimos, lui ouvre les portes du tokusatsu, où il se fait remarquer en concevant les designs et les costumes des méchants, notamment dans Bioman en 1984. Toujours en quête de nouvelles expériences et de nouveaux champs d’expression, Izubuchi se lance également dans le manga et l’illustration à partir de 1980. Il signe ainsi en 1988 les illustrations accompagnant les romans Chroniques de la guerre de Lodoss, qui seront repris deux ans plus tard dans la série d’OAV éponyme, et ouvre la voie à l’heroic fantasy au Japon. Mais Izubuchi ne se contente pas de dessiner, il participe également à l’écriture ! Il signe ainsi le scénario de RahXephon en 2002, pour laquelle il enfiler le costume de réalisateur, et de Metallic Rouge en 2024, série-anniversaire de Bones qu’il supervise.

L’impact d’Izubuchi sur l’animation japonaise est sans égal, ses créations ayant inspiré de nombreux artistes, que ce soit pour les créatures monstrueuses ou les mecha sortis de son imagination. Un de ses gimmicks graphiques, la présence de cinq trous sur les parois métalliques de ses robots, supposés les alléger, se remarque en particulier sur Patlabor. La saga multi-média (série TV, OAV, film, manga) est née d’un collectif, Headgear, constitué notamment de Mamoru Oshii, Kazunori Itô, Akemi Takada et Masami Yuki. Ces deux derniers participeront également à la production de Patlabor EZY (la première aux costumes, le second au chara-design), tandis que Kenji Kawai signera à nouveau la bande-son de la série. Ce sera à nouveau une (trop rare) occasion pour Yutaka Izubuchi de montrer ses compétences à la réalisation, après Yamato 2199, qui lui a permis en 2012 de rendre hommage à sa série coup de cœur d’enfance. Qui sait ? Peut-être que Patlabor EZY marquera à son tour un enfant de 2026 qui bouleversera l’animation japonaise en 2050 ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon