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20 sujets de 381 à 400 (sur un total de 403)

Posté dans : Manga & BD

  • Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #538870

    Oui, c’est jusqu’au 30 septembre, l’expo Chloé Cruchaudet à la MJC d’Amiens, et ça vaut le détour. En 4 ou 5 salles on explore son oeuvre. Avant son premier vrai succès, les 3 tomes de Ida, l’autrice a dû galérer pendant 10 ans, de collaborations en oeuvrettes, comme les autres dans le métier en général. Elle montre d’ailleurs un petit film animé amusant détaillant les étapes de la publication d’Ida. Vers l’époque de Napoléon III, Ida, “vieille fille” de 30 ans même pas maîtresse d’un bourgeois comme toutes les non-mariées pas trop moches, garde des rêves naïfs de grands voyages. Elle décide d’aller explorer l’Afrique, et s’embarque avec ses robes à crinoline, ses corsets et douze malles. Par hasard, elle croise à Marseille une autre femme de sa connaissance, une luronne celle-là, mais pas inutile dans l’aventure. Ida va vite comprendre que le monde colonial où elle débarque n’a rien d’un paradis de plumes roses, mais elle ne baisse jamais les bras, sa rigidité morale bornée va même parfois la servir, impressionnant fort les zones tribales d’où elle ressortira intacte à la surprise générale ! A noter que les Noirs ne sont pas des gentils “bons sauvages”, et les Blancs pas tous des salopards… trilogie mouvementée, souvent drôle, étonnante et très bien documentée !

    Dans La Croisade des Innocents Chloé Cruchaudet s’attaque à nouveau sans préjugés moralisants à l’histoire semi-légendaire de la grande croisade de 1212 lancée par quelques ados et des centaines d’enfants pour aller libérer le tombeau du Christ. Je n’ai pas tout lu, mais devant la nécessité les petits saints du départ vont peu à peu devenir de petits monstres… et finiront mal.

    Mauvais genre raconte l’histoire de Paul, qui en 1914 sent très mal cette guerre, et plutôt que d’être mobilisé se cache dans une chambre d’hôtel avec sa femme. Il finit par n’en plus pouvoir de ne jamais sortir, et sa femme qui connaît dans les rues et les magasins une vie enfin libérée du carcan patriarcal lui en donne l’idée : habillé en femme, conseillé par elle, il fait illusion et découvre une autre existence, fort agréable !

    En 2022, notre autrice a publié Céleste / Bien sûr, monsieur Proust, récit des 8 ans que la domestique de Proust, Céleste, a passés près de lui, jusqu’à sa mort. Seul le tome 1 est sorti pour l’instant, mais c’est magnifique, sensible, intelligent, comme toujours avec Chloé Cruchaudet !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #538886

    Pour terminer avec le festival d’Amiens, j’y ai remarqué un jeune créateur vraiment original par son style : il s’agit de Valentin Seiche, qui a séjourné au Japon et rend un culte à  Osamu Tezuka, et ça se voit avec son étrange World , expérience visuelle assez interactive. On pense au style de Tezuka dans ses premières oeuvres, ce qui est frappant de nos jours. Il a créé aussi une vraie aventure BD : Samouraï Gunn où dans un univers futuro-passéiste une jeune fille armée et aidée par un “golem” de terre vit diverses aventures. Cela me tente bien, et d’ailleurs vous le trouvez dans les Fnac. Il a aimé le Japon mais m’a dit qu’il ne pourrait y vivre. Seuls des Occidentaux qui maîtrisent vraiment la langue écrite le peuvent, lui ai-je confirmé, les autres restent des analphabètes, et moi aussi : je ne peux même pas discuter en japonais d’autre chose que de la vie quotidienne…

    Xanatos
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    Xanatos le #538893

    Franchement, merci beaucoup Yupa pour ton compte rendu très détaillé du festival d’Amiens dédié à la bande dessinée ! 😀

    Cela me fait regretter de ne pas avoir pu y aller.

    Il est toutefois dommage que l’expo Hilda était réservée aux jeunes enfants alors que l’oeuvre originale et la formidable série animée s’adressent à toutes les tranches d’âge.

    Merci à toi aussi d’avoir mis en lumière les séries que tu as pu découvrir au cours de ce festival: étant féru d’Histoire, Ida ainsi que La Croisade des Innocents sont très tentants ! 🙂

    Samouraï Gunn a l’air également très bien. On dirait que outre Osamu Tezuka, Valentin Seiche a peut être du s’inspirer de Frank Miller, le synopsis rappelant un peu celui de Ronin un comic book où un samouraï de l’ère féodale du Japon se retrouve catapulté dans un futur de science fiction… Une oeuvre qui a également inspiré Gentry Tartakovsky pour créer sa série animée culte Samurai Jack.

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #538993

    Samouraï Gunn a l’air également très bien. On dirait que outre Osamu Tezuka, Valentin Seiche a peut être du s’inspirer de Frank Miller, le synopsis rappelant un peu celui de Ronin un comic book où un samouraï de l’ère féodale du Japon se retrouve catapulté dans un futur de science fiction… Une oeuvre qui a également inspiré Gentry Tartakovsky pour créer sa série animée culte Samurai Jack.

    Je dois détourner ici les pingouins et autres de l’achat de Samouraï Gunn : 17,90 E , c’est bien trop cher pour ce que c’est. Je l’ai acheté, et lu non sans déception. Il y a de beaux moments, mais le récit est plutôt foutraque. On saisit très mal le rôle de la “gunnpowder”, sorte de drogue, ainsi que celui de la jeune héroïne, et on a le sentiment que parfois notre jeune auteur en a sniffé lui-même. Le Golem sympa est très sous-exploité. On dirait l’oeuvre d’un talent prometteur, mais pas au point, et c’est bien ce que c’est à mon avis.

    Xanatos
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    Xanatos le #539017

    Arf dommage, le concept semblait pourtant prometteur et exaltant !

    Merci en tout cas pour ta mise en garde cher Yupa, je n’investirai donc pas dans ce titre.

    J’attends pour ma part avec impatience le cinquième et dernier album de Filles Uniques qui, espérons le, conclura en beauté cette fabuleuse série ! 😀

    Avec un peu de chance, il paraîtra début 2024 !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #540124

    Le dernier “Astérix” vient de sortir, L’Iris Blanc (un imbécile à la TV claironnait qu’on le trouve “partout, du Brésil au Japon”, or la licence ne se trouve pas au Japon, où elle a tenté de pénétrer en vain, très hermétique aux Japonais). J’ai feuilleté une dizaine de pages. L’idée rappelle indirectement La Zizanie, et il y a quelques assez bons gags, mais j’ai trouvé sans vraisemblance la rapide conversion de nos Gaulois par le bagout flatteur de Vicévertus. C’est une satire d’une certaine tendance bien-pensante à la mentalité “zen”, mais en tant que miroir de nos moeurs,  je trouve cela peu convaincant. Goscinny frappait bien plus juste avec son village gaulois stupidement querelleur et brutal… surtout en France, et en ce moment plus encore… 🙁 ..

    Reste qu’Obélix en trottinette vaut la crise de rire  🙂 !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 6 mois par Lord-Yupa Lord Yupa.
    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #540146

    Pour compléter sur L’Iris Blanc après mon coup d’oeil sur le début, j’ai survolé le reste de l’album (je n’achète plus que très rarement un “Astérix”), et ma foi il est très drôle ! La fin extrêmement prévisible ne comporte aucun inattendu, mais c’est normal, et c’est une des lois de la narration : il faut satisfaire l’attente du public. Un petit “plus” bien intéressant concerne la crise entre Bonnemine et Abraracourcix, qui apporte un arrière-plan plus sérieux que le fil principal. En tout cas c’est beaucoup mieux à mon avis que Le Griffon sans griffon, où seuls les jeux de mots autour des deux Scythes me faisaient rire et où Obélix devenait un névrosé zoophile. Avec L’Iris Blanc  on a l’impression de retrouver les fondamentaux de la saga, et beaucoup le disent !

    Xanatos
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    Xanatos le #540148

    Le dernier “Astérix” vient de sortir, L’Iris Blanc (un imbécile à la TV claironnait qu’on le trouve “partout, du Brésil au Japon”, or la licence ne se trouve pas au Japon, où elle a tenté de pénétrer en vain, très hermétique aux Japonais). J’ai feuilleté une dizaine de pages. L’idée rappelle indirectement La Zizanie, et il y a quelques assez bons gags, mais j’ai trouvé sans vraisemblance la rapide conversion de nos Gaulois par le bagout flatteur de Vicévertus. C’est une satire d’une certaine tendance bien-pensante à la mentalité “zen”, mais en tant que miroir de nos moeurs, je trouve cela peu convaincant. Goscinny frappait bien plus juste avec son village gaulois stupidement querelleur et brutal… surtout en France, et en ce moment plus encore… 🙁 .. Reste qu’Obélix en trottinette vaut la crise de rire 🙂 !

    Je confirme tes propos Yupa : bien que Astérix soit mondialement connu, il y a une poignée de pays où il n’est pas du tout parvenu à percer : au Japon comme tu l’as souligné mais également aux États Unis. Il semblerait que chez nos amis Américains, les gros nez de nos gaulois préférés les rebutent énormément !

    Tiens d’ailleurs à ce sujet, j’ai appris une anecdote ô combien intéressante : lors de la sortie du 30e album de la série La Galère d’Obélix (qui commença hélas à entamer le déclin de la série, les premiers albums solo de Uderzo étant globalement de très bonne facture), un article a été dédié à Astérix et on a appris qu’elle était la bande dessinée d’expression française la plus vendue au monde et s’est écoulée à 280 millions d’exemplaires. Et… accroche toi bien mon cher Yupa : l’ensemble des manga de Osamu Tezuka (Astro Boy, Le Roi Léo, Black Jack, Prince Saphir, Bouddha, L’histoire des 3 Adolf ) se sont vendus à 280 millions d’exemplaires rien qu’au Japon ! 😀 C’est dire si le père du manga moderne est un mythe au Japon ! ^_^

    Merci pour ton retour sur L’Iris Blanc et ravi pour toi qu’il se soit avéré bien plus satisfaisant que le précédent album ! 😀

    Des nouveaux auteurs, je n’ai lu que les deux premiers albums : Astérix chez les Pictes (assez médiocre et terne) et Le Papyrus de César (vraiment très bon et souvent hilarant ! 😀 )

    Mon beau frère achète tous les albums de Astérix j’essaierai de lire tous les albums du duo Ferri/ Conrad  🙂 .

     

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #540276

    Des nouveaux auteurs, je n’ai lu que les deux premiers albums : Astérix chez les Pictes (assez médiocre et terne) et Le Papyrus de César (vraiment très bon et souvent hilarant ! 😀 ).

    Je plussoie, Xanatos ! “Les Pictes” ne partait pas d’une idée fausse, puisque contrairement à l’empereur Hadrien qui voulait pérenniser la frontière picte avec son Mur, Antonin son successeur a tenté sans succès de vaincre définitivement les Pictes, devant se contenter d’un Mur 100 km plus au Nord. Les Romains 50 ans plus tard étant obligés de l’abandonner et de se replier au Mur d’Hadrien. Mais l’album est très faiblard, pas drôle. En revanche, moi aussi j’ai trouvé très bon Le Papyrus de César ! Dans l’Iris Blanc, à part le retour d’un Obélix bon copain, j’ai remarqué la totale insignifiance d’Idéfix. Je n’ai sûrement pas été le seul à ne pas aimer le délire paternel hystérique d’Obélix sur lui dans Le Griffon. Bon, les auteurs ont espéré que cela ferait rire, mais en fait cela a un côté inquiétant… Je pense aussi que le quasi-effacement du petit chien est  destiné à laisser toute la place aux albums et à l’animé Idéfix et les Irréductibles (que je n’apprécie pas).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #540960

    Le Jardin – Paris (Delcourt, décembre 2021) est un étrange album, sans équivalent occidental ou presque. J’espère qu’on ne me prendra pas pour un Pervers Pépère si je dis que je l’ai beaucoup aimé pour sa qualité de dessin et de récit. Il rappelle en effet les manga Boy Love japonais (les plus purement sentimentaux). Il y a un équivalent américain publié en France, Le Prince et la Couturière, par Jen Wang, histoire d’une modeste petite couturière qui va être amenée à travailler pour les robes d’un jeune prince qui adore se travestir en “Lady Crystallia”. Ici il s’agit d’un garçon de 15 ans, Rose, que sa mère qui en 1922 tient un cabaret Le Jardin a élevé en “fille”. Il se lance pour son premier numéro de danse, en collant et longs gants, coiffé à la Joséphine Baker avec un bandeau de vraies roses, torse nu pour ne pas tromper sur son sexe. Très gracieux et ambigu, c’est un choc dans la salle, notamment pour Aimé, un jeune éditeur qui n’aime rien dans la vie. Il va réussir à aborder Rose malgré la protection des 5 autres filles . Sa mère en effet devine que Aimé n’a pas de plan sexuel, et de fait il ne se développe qu’une jolie histoire d’amitié (et surtout d’un dessin superbe !) entre Rose et lui. A sa première sortie pour un restaurant avec Aimé, Rose constate qu’il ne sait pas vraiment s’habiller masculinement ; il se fait donc aider par les danseuses pour se maquiller et mettre en robe. Il s’y tiendra ensuite, faisant parfaite illusion, mais se faisant draguer, à son grand désarroi car c’est un coeur pur qui ne vit que pour la danse.

    Le Paris des années 1920 est très bien documenté, et l’autrice Gaëlle Geniller rend le jeune Rose d’une grâce étonnante, ainsi que les effets visuels superbes et les coloris somptueux. Evidemment on pense au danseur Nijinsky et à ses danses “Le spectre de la rose”, coup de tonnerre du début 20ème siècle. Rien de sexuel n’a lieu, et ça repose !

    Xanatos
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    Xanatos le #540989

    Le Jardin – Paris (Delcourt, décembre 2021) est un étrange album, sans équivalent occidental ou presque. J’espère qu’on ne me prendra pas pour un Pervers Pépère si je dis que je l’ai beaucoup aimé pour sa qualité de dessin et de récit. Il rappelle en effet les manga Boy Love japonais (les plus purement sentimentaux). Il y a un équivalent américain publié en France, Le Prince et la Couturière, par Jen Wang, histoire d’une modeste petite couturière qui va être amenée à travailler pour les robes d’un jeune prince qui adore se travestir en “Lady Crystallia”. Ici il s’agit d’un garçon de 15 ans, Rose, que sa mère qui en 1922 tient un cabaret Le Jardin a élevé en “fille”. Il se lance pour son premier numéro de danse, en collant et longs gants, coiffé à la Joséphine Baker avec un bandeau de vraies roses, torse nu pour ne pas tromper sur son sexe. Très gracieux et ambigu, c’est un choc dans la salle, notamment pour Aimé, un jeune éditeur qui n’aime rien dans la vie. Il va réussir à aborder Rose malgré la protection des 5 autres filles . Sa mère en effet devine que Aimé n’a pas de plan sexuel, et de fait il ne se développe qu’une jolie histoire d’amitié (et surtout d’un dessin superbe !) entre Rose et lui. A sa première sortie pour un restaurant avec Aimé, Rose constate qu’il ne sait pas vraiment s’habiller masculinement ; il se fait donc aider par les danseuses pour se maquiller et mettre en robe. Il s’y tiendra ensuite, faisant parfaite illusion, mais se faisant draguer, à son grand désarroi car c’est un coeur pur qui ne vit que pour la danse. Le Paris des années 1920 est très bien documenté, et l’autrice Gaëlle Geniller rend le jeune Rose d’une grâce étonnante, ainsi que les effets visuels superbes et les coloris somptueux. Evidemment on pense au danseur Nijinsky et à ses danses “Le spectre de la rose”, coup de tonnerre du début 20ème siècle. Rien de sexuel n’a lieu, et ça repose !

    Merci pour cette belle critique cher Yupa ! 😀

    Et en plus si l’albume de Gaëlle Geniller a un ton aussi subtil et gracieux que Le Prince et la Couturière que j’ai adoré au plus haut point, cela me donne d’autant plus envie de lire cette oeuvre ! 😀

    La couverture est en tout cas très belle :

    Le Jardin

    Et le trait de l’auteure a en effet beaucoup de charme !

    Le Jardin extrait

    Xanatos
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    Xanatos le #541501

    Filles Uniques la fin

    Filles Uniques tome 5 

    Scénario : Béka

    Dessins : Camille Méhu

    ATTENTION GRANDS SPOILERS

    Cinquième et ultime tome de cette merveilleuse série.

    Céleste a découvert à la fin du volume précédent la vérité : Chélonia est la demi soeur de Paloma !

    Un hacker talentueux qui est son ami de longue date fait de terribles révélations au sujet de Chélonia.

    Nous apprenons plus de détails au sujet de sa famille, notamment de son père qui était odieux envers on épouse qu’il manipulait comme un pantin et non seulement il la méprisait, mais en plus il l’isolait de sa famille afin qu’elle se consume à petit feu…

    Jusqu’à ce qu’elle commette l’inévitable : le suicide pour mettre un terme à ses souffrances.

    Mais l’ignoble individu n’en est pas resté là : il a appris à Chélonia qu’elle a une soeur prénommée Paloma : il ne cessa dès lors de la tourmenter et de la rabaisser et de la comparer perpétuellement à cette soeur “parfaite” à qui tout réussit et qu’elle n’est qu’une moins que rien par rapport à elle…

    Ce qui non seulement l’affecta profondément mais provoqua chez elle divers troubles de la personnalité…

    A un moment donné du récit, nous en venions à avoir des doutes sur les véritables intentions de Chélonia : était-elle sincère vis à vis des sentiments de ses amies, ou bien cherchait-elle à les manipuler ?

    Une des meilleures scènes de l’album est la longue conversation des deux soeurs, et, si la vie de Paloma a longtemps été un enfer, elle a pu surmonter ses démons intérieurs grâce au soutien affectif et moral de Liselotte mais aussi de Céleste, Sierra, Appoline et donc Chélonia et qu’elle leur en était profondément reconnaissante…

    Et le fait qu’elles aient tenu le coup, malgré les problèmes auxquels elles furent confrontés démontrèrent que leur ignoble père qui a cherché à les briser a échoué…

    Un passage vraiment bouleversant et intense…

    Cependant, tout n’est pas rose dans ce dernier volume, loin s’en faut…

    Spoiler

    Alors que Adrien avait trouvé depuis de nombreuses années la paix de l’âme ainsi qu’une vie équilibrée, son père revient chez lui pour le passer à tabac avec une batte de baseball ! Apolline et Sierra volent à son secours, cette dernière tape un peu trop fort avec un objet lourd sur le père de Adrien… qui ne se relève pas et git dans une mare de sang… Adrien déclare à la police que c’est lui qui a fait cela à son père afin que Sierra ne fiche pas sa vie en l’air en étant envoyée en prison. Quant au père de Céleste, il a incendié la maison de Chélonia chez qui elle vivait depuis plusieurs mois et lui déclara qu’elle ne pourra jamais lui échapper et qu’elle restera toujours auprès d’elle…

    [collapse]

    Un dénouement terrible, viscéral et dur… mais laissant toutefois augurer une lueur d’espoir, certaines de nos héroïnes refusant catégoriquement de capituler face aux démons qui les tourmentent (intérieurs comme extérieurs) et se battront jusqu’au bout pour enfin atteindre le bonheur auquel elles aspirent…

    Fin d’une oeuvre majeure qui ne laisse aucunement le/la lecteur/lectrice indifférent(e).

    Filles Uniques est une série magnifique, intelligente, bouleversante, dure, éprouvante et très émouvante très bien maîtrisée de bout en bout.

    Mais c’est difficile de dire adieu à Paloma, Céleste, Sierra, Apolline et Chélonia auxquelles nous nous sommes tant attachés…

    C’est indéniablement l’une des meilleures BDs franco belges qu’il m’ait été donné de lire ces dernières années.

    A lire absolument, mais attention, il faut avoir le coeur bien accroché…

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #541559

    Filles Uniques la fin Filles Uniques tome 5 Scénario : Béka Dessins : Camille Méhu

    Très passionné commentaire de Xanatos, et je suis comme lui un grand fan des cinq Filles Uniques ! C’est bien pourquoi le final du 5ème album “Chélonia”, loin de représenter un “happy end”, m’a un peu affligé. Peut-être Béka l’autrice a t-elle voulu éviter une fin exagérément idéalisée, peu réaliste ? De fait le dur principe de réalité frappe le Club des Mal-Barrées ! J’aurais pourtant aimé que tout s’achève par le dessin de couverture – trompeur – et le sourire de bonheur parfait de nos héroïnes (mention spéciale à celui de la bouillante et colérique Sierra blottie contre sa chère Apolline).

    Un bémol : j’ai assez de connaissances en psychanalyse pour ne pas admettre la théorie actuelle des “pervers narcissiques”, tous masculins (malgré une vague dénégation par Solo) et dont nous sommes censés avoir trois spécimens dans la saga. Ce n’est qu’une des formes de la religion wokiste, qui a besoin de démons mâles. En vraie psychologie, la paranoïa volontiers sadique n’est pas innée, elle a des causes et parfois des rémissions ; surtout on ne connote pas moralement de “péché” les névrosé(e)s par le terme injurieux de “pervers”; quant aux “narcissiques”, autre injure, qui ne l’est pas ? qui ne se préfère pas aux autres, par un simple instinct naturel de survie ? l’inverse nous mènerait tous au suicide ! qui n’a pas le besoin de se décorer d’un peu de valeur ? un peu de souci des autres suffit à corriger cette tendance. Humilité absolue, comme les saints ? On retombe sur la religion ! Bref, les “pervers narcissiques” ne sont qu’une billevesée de grenouilles de bénitier, mais bon, ici nous sommes dans une fiction qui étaye ainsi le secret de Chélonia, très brillamment mené quoiqu’un peu capillotracté donc. Quels que soient ses talents de hackeuse et ceux de Solo, personnage assez improbable, ça marche ! C’est bien de retrouver Paloma en rôle-clé, un peu effacée dans les albums 2, 3, 4 … Et j’adore vraiment Filles Uniques ! 

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #541576

    Milexcuz, désolé pour ce HS à propos des prétendus “pervers”, narcissiques ou pas : évidemment qu’on rencontre de beaux salauds, mais cela reste forcément assez subjectif pour des citoyens ordinaires. Rien ne m’irrite plus que les fausses sciences et l’effrayant retour des obscurantistes. Mais j’excuse tout à fait Béka : pour bien construire sa narration, elle y insère trois salopards, le père d’Adrien, celui de Céleste, et celui de Chélonia et Paloma. Elle a besoin d’une sorte de causalité, et surtout pour ce dernier, donc cela fonctionne, sans compter l’excellente et fine différenciation de chacune des filles. Je trouve comme Xanatos que Filles Uniques est une des meilleures BD franco-belges actuelles.

    Veggie11
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    Veggie11 le #541581

    Rien ne m’irrite plus que les fausses sciences et l’effrayant retour des obscurantistes.

    Cela tombe bien, la psychanalyse est un bel exemple de fausse science annonçant un retour des obscurantistes ! 🙂 Ne confondons pas cette science humaine si intéressante, vaste et complexe qu’est la psychologie avec cette thérapie d’un autre âge, qui pouvait se justifier en 1905 mais qui désormais sonne comme une vieille relique du siècle précédent.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #541610

    Hmmm. Tout ce que l’on peut t’accorder, chère Veggie, c’est qu’en tant que thérapie la psychanalyse est aujourd’hui largement inutile, dépassée par les énormes progrès des médications chimiques et chirurgiques. Ainsi les malades psychiques agités et violents n’existent plus dans les institutions de soins, sans tout résoudre du mal-être loin s’en faut, où la psychanalyse a encore son rôle à jouer en rendant à certains la liberté et l’estime de soi. Freud a toujours été refusé en France, y compris à sa fuite d’Autriche en 1938 (mais accueilli en triomphe en Angleterre). Lacan et Dolto ont fini de ruiner son prestige. Mais ses vrais disciples Otto Rank, Lou Andreas-Salomé, Bruno Bettelheim, voire Jung ont fait beaucoup pour la psychologie des profondeurs. En tout cas ils ont tous obtenu que les névrosés ne soient plus assimilés à des animaux, ou à des criminels (les fameux “pervers narcissiques”).

    Veggie11
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    Veggie11 le #541623

    Hmmm. Tout ce que l’on peut t’accorder, chère Veggie, c’est qu’en tant que thérapie la psychanalyse est aujourd’hui largement inutile, dépassée par les énormes progrès des médications chimiques et chirurgiques. Ainsi les malades psychiques agités et violents n’existent plus dans les institutions de soins, sans tout résoudre du mal-être loin s’en faut, où la psychanalyse a encore son rôle à jouer en rendant à certains la liberté et l’estime de soi. Freud a toujours été refusé en France, y compris à sa fuite d’Autriche en 1938 (mais accueilli en triomphe en Angleterre). Lacan et Dolto ont fini de ruiner son prestige. Mais ses vrais disciples Otto Rank, Lou Andreas-Salomé, Bruno Bettelheim, voire Jung ont fait beaucoup pour la psychologie des profondeurs. En tout cas ils ont tous obtenu que les névrosés ne soient plus assimilés à des animaux, ou à des criminels (les fameux “pervers narcissiques”).

    Oh Yupa, là tu confonds psychothérapie et psychiatrie tout de même ! Ce n’est absolument pas la même chose (et je ne vois pas ce que la chirurgie vient faire dans des cas de handicap psychique). Je n’ai pas passé plusieurs années à user les bancs de la fac pour au final ne pas savoir comment fonctionne la psychanalyse et à quel point, malgré quelques idées intéressantes, c’est une discipline clairement dépassée. Par ailleurs, la psychanalyse a énormément fait de tort aux gens souffrant de TSA, surtout Bruno Bettelheim et ses théories culpabilisantes envers les parents, alors qu’il s’agit d’un trouble neurologique et non psychotique. Je suis jeune certes, mais au moins j’ai étudié et même un peu pratiqué la psychologie. Je suis jeune, mais je sais de quoi je parle.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 mois et 3 semaines par Veggie11 Veggie11.
    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #541627

    Bon, tu as sûrement raison, chère Veggie, mes connaissances sont un peu vieillotes et trop littéraires (“Psychanalyse des contes de fées” est ma seule référence pour Bettelheim + 1 page où il parle de ses enfants), et je ne sais ce qu’est le TSA. Mais j’ai lu tout Freud, qui a été jeté à la poubelle par les nazis et par les communistes, ce qui donne envie de le défendre. Et ça n’a aucune valeur, les “pervers narcissiques”, ça revient seulement à dire “les sales machos sadiques”. Pourtant les féminicides et brutalités masculines envers les femmes, cela existe et semble empirer (ou seulement plus médiatisés que jadis ?).

    Pour en revenir au sujet BD, Filles Uniques (j’espère que tu vas le lire) donne toute son importance au mal-être psychique des cinq héroïnes, et leurs cas sont très habilement différenciés, tout en pointant des situations qui ne sont que trop fréquentes ! Dans la mesure où les “méchants” sont ici trois pères (voire 4 si l’on compte l’adolescent Malo), on peut se demander si Béka n’a pas elle-même une difficulté psychique avec le sien. Admirons aussi le superbe travail de lignes et de couleurs de Camille Méhu !

    Xanatos
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    Xanatos le #541628

    Ce ne serait pas impossible en effet, peut être que Béka la scénariste a eu des rapports conflictuels avec son père.

    Ceci dit, si ce que tu dis est tout à fait juste au sujet de certains pères odieux de la série, Béka ne dresse pas un portrait plus élogieux de certaines mères : je pense notamment à celle de Sierra qui a des rapports trop “proches” avec sa fille ou bien encore celle de Appoline qui la considère comme une moins que rien sous prétexte qu’elle ne correspond pas à ce qu’elle souhaitait d’elle. Ceci dit, tu me diras, le père de Appoline ne vaut pas mieux que son épouse.

    Le personnage masculin le plus positif étant indéniablement Adrien qui est absolument adorable et qui a eu du mérite de devenir l’homme sage et bienveillant qu’il est après tout ce qu’il a traversé au cours de sa jeunesse…

    Heureusement, l’oeuvre n’est absolument pas misandre, si cela avait été le cas, je n’y aurai jamais accroché.

    Et je partage l’avis de Yupa, Filles Uniques est réellement une BD exceptionnelle à lire absolument. Comme tu le dis, elle dénonce sans concessions des fléaux réels bien trop fréquents de nos jours et si cette oeuvre permettait un éveil des consciences, cela serait vraiment formidable.

    Je tiens à te dire également Yupa que je partage ton désarroi face au dénouement (comme toi j’aurai aimé une autre fin), même si la conclusion laisse augurer une petite lueur d’espoir…

    Mais je pense que le message de l’auteur est que pour préserver son bonheur, il ne faut pas non plus se relâcher et savoir rester sur ses gardes, sans toutefois sombrer dans la paranoïa.

    Et malgré sa noirceur, l’oeuvre prône de belles valeurs telles que l’écoute, l’empathie, la solidarité, l’amitié et l’amour… ^_^

     

    Veggie11
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    Veggie11 le #541630

    Bon, tu as sûrement raison, chère Veggie, mes connaissances sont un peu vieillotes et trop littéraires (“Psychanalyse des contes de fées” est ma seule référence pour Bettelheim + 1 page où il parle de ses enfants), et je ne sais ce qu’est le TSA. Mais j’ai lu tout Freud, qui a été jeté à la poubelle par les nazis et par les communistes, ce qui donne envie de le défendre. Et ça n’a aucune valeur, les “pervers narcissiques”, ça revient seulement à dire “les sales machos sadiques”. Pourtant les féminicides et brutalités masculines envers les femmes, cela existe et semble empirer (ou seulement plus médiatisés que jadis ?).

    Oh j’ai quand même une licence en psychologie ^^ Et des études poursuivies en Master, même si j’ai fini par me tourner vers une autre voie, ainsi qu’une licence pro dans le domaine du handicap. Personnellement, je trouve que la psychologie n’a absolument rien à faire en études de Lettres, mis à part éventuellement pour le côté culture générale (et encore). Et souvent, ces mêmes études confondent psychologie et psychanalyse.

    TSA c’est Trouble du Spectre Autistique. On sait désormais, grâce à de nombreuses études, qu’il s’agit bien d’un handicap d’origine neurologique. Rien à voir avec ce que les psychanalystes prétendent encore maintenant, à savoir un problème relationnel affectif avec les parents.

    Quant au Pervers Narcissique… c’est un terme à la mode, à mon goût trop médiatisé. Je préfère parler de personnalité narcissique.

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