Passionnant compléments, cher Xanatos ! Tu connais à fond le manga, que j’ai honteusement zappé au profit de l’animé. Donc, ce n’est que très tard que Falcon devient aveugle, et il ne l’est pas dans le dernier film d’animation. Comme tu as eu la gentillesse de me prêter le coffret Collector Dybex 2010 “Les films”, je tiens à en dire quelques mots, avis seulement subjectif, avec un peu de spoils, attention !
Des 4 oeuvres réparties dans le coffret, c’est la plus ancienne (1989), Amour, destin et un Magnum 357 que je trouve la meilleure, d’abord parce que la cohérence en est parfaite, puis parce que la BO est superbe et émouvante : Nina, pianiste, joue en concert et son père, bien loin de là, joue le même romantique morceau simultanément, belle idée vraiment, coupée par moments des retours au combat dantesque que Ryô et Falcon sont en train de livrer à eux deux seuls, assaut contre toute une section des forces spéciales de protection d’une ambassade entière ! Autre point fort, une longue course-poursuite en voiture digne de “Bullit” entre Ryô et un infâme kidnappeur de Nina. Enfin le final comporte une jolie pirouette heureuse. Excellent film !
Complot pour 1 million de dollars (1990) m’a beaucoup plu aussi. Emily, une superbe blonde américaine et agent de la CIA, arrive au Japon et recrute Ryô, mais en réalité pour le tuer car elle le croit l’assassin de son frère. Comme bien d’autres filles surentraînées qui par vengeance dans notre série veulent trucider notre héros, elle n’en a pas la plus petite preuve, et cela sent un peu le cliché. Mais cela reste un bon film, car l’intrigue à tiroirs ne manque pas d’intérêt. Grâce à la fiche de Ryô à la CIA, on apprend qu’il mesure 1, 92 m (6 pieds 4 pouces) et pèse 79,8 kg (176 livres), date de naissance inconnue. A vrai dire dans le Japon de 1990 où je dépassais tout le monde dans le métro avec mon pauvre 1,74 m, Ryô devrait impressionner presque autant que Falcon, mais passons (les jeunes générations japonaises ont bien grandi de nos jours, comme partout).
Bay City Wars (1990) ne m’a plu que modérément. Le plus intéressant, c’est la description du développement de Tokyo sur sa baie, par polders à parcs d’attractions (pour attirer des gens dans ces zones sans Histoire ni pittoresque), dont un gratte-ciel, hôtel de luxe où va se dérouler l’action. Pendant la moitié du film, Ryô n’est pas ragoûtant : errant en rut la nuit, il repère une belle fille, Luna, et la poursuit pour la tringler en pleine rue ou parc, sans jamais renoncer : du coup il se fritte à fond avec Falcon qui la protège, mais Ryô est persuadé qu’il a le même but (de viol, disons le mot) que lui, comme s’il ne connaissait pas son ami. Arrivé à l’hôtel et ayant perdu de vue la foufoune, il se goinfre assis par terre des restes du buffet gratuit, et ne redevient enfin lucide qu’en seconde moitié du film. Bref, son côté bipolaire est tellement accentué ici que ce n’est pas très drôle. Le vrai point fort, c’est le formidable duel plusieurs fois relancé entre Falcon et le colossal chef militaire Gomez : ça décoiffe ! L’effondrement final du gratte-ciel à cause d’un complot contre les USA est une stupéfiante prémonition de 2001 : le film date t-il bien de 1990 ?
Good Bye my Sweetheart (1997) a surtout des qualités d’action, échevelée, et aussi d’humour (au début, Ryô poursuivi et comiquement “torturé” à Shinjuku / Kabukicho par toute la faune interlope des prostituées, hôtesses, maquereaux, travestis pour ses notes impayées). Il est très dommage en revanche que le Méchant, un bellâtre à longs cheveux et dangereux tueur, soit totalement artificiel. Il poursuit de ses ardeurs sa soeur, Emi, une star du Takarazuka ; son autre objectif est de défier et tuer Ryô (on ne saura pas pourquoi), non sans le faire souffrir (!) avant en détruisant à coups de bombes cachées son quartier favori, Shinjuku. Les invraisemblances s’enchaînent jusqu’à ce que la bombe déclencheuse se trouve dans une rame de métro lancée à toute allure à travers Tokyo et où se trouvent pourtant sa chère soeur Emi et Kaori, rejointes par Ryô. On apprend ensuite que la soeur est une orpheline adoptée par ses parents : exit l’inceste, mais pas la pédophilie puisque notre tueur est tombé amoureux d’elle quand elle avait 10 ou 12 ans, et lui 18. On atteint le comble quand Kaori hésite devant 5 ou 6 fils de la bombe à couper, dont un seul évitera l’explosion générale : Ryô relève la robe d’Emi, découvre une petite culotte bleue, et lui ordonne de couper le fil bleu : ouf, happy end grâce à l’instinct petiteculottesque de Ryô ! Entretemps il y a eu duel, et le très bô tueur agonise, ce qui est censé romantique. Bref, malgré un scénario totalement absurde dont je vous épargne beaucoup, on peut quand même se laisser prendre par la qualité visuelle, l’action et le suspense autour du métro.
Total (avis très subjectif je le répète) : deux très bons films et deux assez médiocres.