Bonjour!
Aujourd’hui, je viens vous parler de Cotton Tales! Regardez-moi cette couv’, si c’est pas alléchant!
Cotton Tales n’est pas un manga malgré son style et ce n’est ni franco ni belge non plus. L’autrice est italienne et s’appelle Loputyn (je suppose qu’elle le prononce Lopoutinn).
Regardez comme c’est bô! Et tout en couleurs! Lesdites couleurs sont douces, dans des nuances de gris, de brun, de bleu foncé parfois… le blanc donne du relief et du mouvement au trait, voilà qui est original! J’ai l’impression d’admirer un univers plein de beauté, de douceur… le décalage entre le dessin joli et doux et l’atmosphère inquiétante et oppressante, voire brutale, se révèle d’autant plus frappant. Toutefois, dans ces couleurs, une dénote: le rouge. J’y reviendrai plus tard.
Bon, c’est joli, mais de quoi ça parle?
Nicholas se réveille dans son lit.
Ooooh, comme c’est palpitant!
Nicholas se réveille dans son lit, sans aucun souvenir. Il ne reconnaît personne, ne se rappelle rien et donc découvre tout: son père, la propriété magnifique, le domestique bourru… Et, comme si cela ne suffisait pas, il comprend très vite qu’il voit des choses que les autres ne voient pas…
L’amnésie, quel merveilleux ressort inusable et dramatique! Le lecteur est placé dans la même position que celle de Nicholas: il ne sait rien, découvre tout avec lui et en saura à peine plus que le perso principal à la fin du tome (et encore, les infos supplémentaires épaississent davantage les mystères).
La grande réussite de cette BD réside dans son atmosphère, inquiétante et émaillée de violences ou d’horreurs, toujours très brèves, mais assez dissonantes avec le milieu feutré et calme pour provoquer un sentiment de “c’est pas normal, c’qu’y s’passe ici”. Tout reste ambivalent: “Il est beau, ce château! Mais pourquoi la tour est interdite? Il est gentil et marrant, mon papa! Mais pourquoi je le vois comme effrayant (vraiment TRES effrayant)? Ils sont mignons, ces lapins! Mais je les trouve un peu flippants aussi…”
Nicholas finit par se tourner vers les gens qui ne présentent pas d’ambivalence, des persos qui ne lui montrent qu’un seul visage: ce sont les seuls qui lui donnent des certitudes vu qu’il ne peut pas faire confiance aux autres, ceux qu’il voit avec deux formes différentes…
Je parlais de l’ambivalence plus haut, les lapins représentent parfaitement cet effet. Blancs et ronds comme des peluches, munis de mignonnes petites pattes, ils paraissent adorables et leur comportement semble affectueux… mais leurs grands yeux rouges globuleux les rendent inquiétants aussi.
Certains portent une corne de licorne, on les identifie donc aussitôt comme des animaux merveilleux et magiques… cependant cette corne est trop longue, trop fine et beaucoup trop pointue pour inspirer confiance. Je ne sais pas si Loputyn a voulu créer une bestiole mignonne et repoussante à la fois. Si c’était le cas, elle a réussi^^
Je parlais d’ambiance sombre et inquiétante, mais la BD contient aussi de brefs moments humoristiques, joués avec les codes du manga ou ajoutés par les pensées des persos! Ces cases restent peu nombreuses, mais elles offrent quelques plaisants moments de légèreté dans toute cette gravité!
Cotton Tales est une relecture: je voulais savoir si je l’apprécierais une seconde fois et la réponse est oui, sans conteste! Loputyn offre une histoire au dessin splendide, elle s’est appropriée les codes du manga pour se détourner de certains (pas de trames, pas de gros plans sur des yeux écarquillés…), et pour en exploiter d’autres. Il en résulte un objet un peu OLNI*: c’est un manga sans en être un, dont l’écriture est aussi soignée que le dessin.
Si vous êtes fan de récits à mystères porté par des gens aussi élégants et gracieux que les persos de Clamp (l’aspect sexy en moins) et vivant dans des châteaux façon roman à vampire, si vous aimez les ambiances inquiétantes tirant vers l’horreur-mais-pas-trop, Cotton Tales risque de vous plaire.
La série comporte deux tomes, est terminée et traduite. Je n’ai pas encore lu le second tome, je ne sais donc pas si la conclusion est aussi réussie, je compte bien y remédier dès que possible (si la bibliothèque se décide à acheter la suite).
*Objet livresque non identifié.