Cowboy Bebop
Episode 1
Asteroid Blues
"Adios, Cowboy…"
Nous sommes en 2071, et le Système Solaire a, depuis presque 50 ans, été dompté par l'Homme, grâce à la découverte de l'espace à phases différenciées et la construction de portails spéciaux exploitant cette technologie, les Gates.
Cependant, quelques temps après cette invention, un grave accident se produisit avec la Gate lunaire, ce qui causa d'importants dégâts à la Terre. Du continent nord-américain, il ne reste plus qu'un cratère occasionné par cet accident, couvrant plus d'un tiers de la surface dudit continent. La Lune fut en grande partie détruite, ses innombrables débris se dispersèrent sur Terre, sous la forme d'une pluie de météorites incessante.
La vie à la surface de la Terre devint ainsi pratiquement impossible.
La Lune et Mars furent les premières colonies, suivies peu à peu par les autres planètes ou satellites plus ou moins habitables du Système Solaire. Le temps passa, la criminalité s'établit, comme toujours en temps de trouble, mais avec le temps s'installa également une Police Intra Système Solaire, abrégée en ISSP. C'est alors que le système des chasseurs de primes s'installa.
Et c'est après cette mise en contexte, résumé de l'un des 4 excellents livrets de la non moins excellente édition collector de 2007 (achetée le jour même de sa sortie par votre serviteur, à un prix qu'il crut alors ne jamais dépenser pour un seul coffret – ce fut bien sûr avant la sortie des coffrets Dragon Ball Z !), que je puis enfin en venir à l'épisode du jour !
Mais avant de voir un épisode, on commence bien évidemment par l'OP de la série, Tank !
"I Think it's time we blow this scene… get everybody and this stuff together… OK 3, 2, 1, Let's Jam !"
Spike Spiegel et Jet Black sont deux chasseurs de primes, ou Cowboys. Ils vivent comme ils peuvent à bord du Bebop, leur vaisseau spatial personnel.
Asimov Solensan est un criminel recherché. Il dirigeait le gang qui contrôle le secteur nord de l'astéroïde. Mais après un règlement de compte entre les différents gangs de l'astéroïde, il a tué un de ses complices et fui avec la Bloody Eye, une drogue qui s'injecte dans les yeux, et qui s'avère être aussi la plus grosse source de revenus du gang qu'il a quitté.
De fait, il est non seulement recherché par l'ISSP mais aussi par les membres de l'organisation qu'il a quittée.
Sa dernière location serait sur Tiwana. Si les 2,5 millions de Wulongs de récompense pour sa capture ne semblent pas motiver Spike, la promesse d'une bonne becquetance sur place a un tout autre effet.
Asimov et sa compagne cherchent à se faire beaucoup d'argent pour aller vivre sur Mars, en revendant le Bloody Eye.
Dans Cowboy Bebop, la musique joue un rôle d'importance dans l'ambiance, à commencer par les titres d'une bonne partie des épisodes (Cowboy Bebop, Asteroid Blues, Cowboy Funk, Jupiter Jazz, Waltz for Venus…), qui à l'instar du titre de la série, donnent le La !
Soit dit en passant, certains titres sont aussi l'occasion de rendre hommage à quelques chansons qui ont visiblement marqué les auteurs (Sympathy for the Devil, Bohemian Rhapsody, Speak like a Child, My Funny Valentine, Honky Tonk Woman, Toys in the Attic…) ! On ne saurait leur donner tort !
Yoko Kanno livre dans la série diverses influences riches, rythmant les scènes de poursuite, de combat, de solitude, de spleen, de tristesse, de comédie…
C'est l'une des grandes originalités de la série, utiliser divers genres qui n'ont pas l'habitude de côtoyer l'animation japonaise, comme un écho à la variété des histoires. Une grande réussite !
Mais dans l'ensemble, s'il fallait parler d'un genre, la compositrice qualifie son style général sur la série de Funk, voire de Brass Band. Elle avoue même qu'elle a composé la BO de la série sans voir un seul épisode. De plus, Shin'ichiro Watanabe a utilisé ses compositions sur des passages auxquels elles n'étaient pas destinées à la base. Ainsi, le morceau Tank ! devait initialement couvrir une scène de baston, mais l'auteur l'a utilisée comme Opening de la série. C'est cette particularité qui, parmi d'autres, participe au cachet unique de la série.
Ici, c'est un morceau lancinant d'harmonica qui revient constamment, rappelant les racines du Western Spaghetti, et c'est plutôt raccord avec l'ambiance douce-amère de l'épisode.
Avant le générique d'ouverture, quelques scènes sanglantes du passé de Spike nous sont dévoilées, le tout accompagné d'un son de boîte à musique mélancolique. Le ton est donné, la série sera centrée sur Spike Spiegel.
Chasseur de prime énergique, il prend son métier tellement à coeur qu'il détruit tout sur son passage. De fait, les récompenses pour les captures de criminels finissent toutes englouties dans les frais de réparation des dégâts causés par le jeune cowboy au passé trouble !
Sa première cible de la série, Asimov, est a priori moins intéressante que la femme qui le suit comme son ombre. Mais en fait, c'est bien la dynamique de couple en lui-même qui rend ces deux personnages intéressants. Tous deux rêvent d'une vie meilleure, loin du crime et de la pauvreté. Ils espèrent ainsi aller sur Mars, où il est clairement dit qu'il s'agit d'un paradis, pour peu que l'argent ne vous fasse pas défaut.
Le couple suscite l'empathie du spectateur à travers la situation de la femme, ainsi que le côté junkie d'Asimov. On ne peut s'empêcher de compatir à leur situations, même si la fin apporte un nouvel éclairage à leur situation, et installe le couple dans une nouvelle perspective tragique, plus proche de Bonnie et Clyde.
Il faut aussi mettre en avant la beauté esthétique des décors de la série. La représentation de l'espace est également assez réussie. Certains effets 3D ont beau avoir vieilli, ça reste quand même agréable à voir.
Mais c'est surtout la représentation des lieux visités qui fait le plus plaisir à voir. Par exemple, les rues de Tiwana sont ici incroyablement vivantes et authentiques. Alors qu'elles ne seront plus jamais remontrées dans la série, les détails ne manquent pourtant pas. Il y a une histoire dans chaque recoin de la ville et ses alentours ! D'ailleurs, hormis certains endroits de Mars, les décors en règle générale sont rarement réutilisés, ce qui est une preuve du travail passionné réalisé sur Cowboy Bebop.
On croise également à Tiwana ce trio de vieillards qui feront à quelques reprises leur apparition dans la série, et qui visiblement voyagent autant, sinon plus que Spike et Jet.
Et l'animation est tout aussi somptueuse, que ce soit dans les mouvements des personnages (le combat de Spike contre Asimov !) ou dans les démonstrations de vol des vaisseaux, autant que dans les dogfights du Swordfish !
Le chara-design de Toshihiro Kawamoto est encore aujourd'hui de toute première qualité. On ne retrouve jamais deux personnages qui se ressemblent, homme ou femme.
On peut ressentir parfois une influence très western spaghetti là encore, à la Sergio Leone, avec des visages marqués, d'où transparaît le caractère, des visages qui racontent une histoire.
Les femmes sont plus ou moins belles, les hommes plus ou moins virils, mais tous ont du caractère, du vécu.
Un premier épisode extrêmement prometteur, avec de l'action, du hard-boiled et des gunfights qui vont bien. C'est rythmé, c'est dense et léger à la fois. Les histoires se concluent généralement en un épisode, mais l'intrigue des personnages évolue au fur et à mesure ! Vous viendrez pour les scènes d'action, vous resterez pour les personnages principaux, et vous en serez ravis lorsque vous contemplerez et écouterez le sublime générique de fin, The Real Folk Blues (ici, en version longue) !
Et ce n'est que le début !
A suivre !
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead