Doctor Who
Saison 9 – Episode 2
The Witch's Familiar
“Are you ready, Doctor ? So many backs with a single knife. Are you ready to be a god ?”
Attention Chérie, ça va Spoiler !!
Impuissant, le Docteur a assisté à l'exécution de Clara et Missy. Maîtrisé avant qu'il ne parvienne à punir les responsables, il s'engage dans une confrontation verbale à coeur ouvert avec Davros. Ce dernier, dont la vie semble réellement le quitter, a quelques questions à poser à celui qui fut son plus vieil ennemi. Pour le Docteur, qui croit à une énième ruse du créateur des Daleks, la discussion va prendre un tournant surprenant. S'agit-il encore d'une ruse de Davros ?
Missy et Clara sont toujours vivantes. La Dame du Temps a plus d'un tour dans son sac, et Clara n'a d'autre choix que de la suivre si elle veut pouvoir parvenir à sauver le Docteur de Skaro, même si elle doit en subir les conséquences.
Voilà une seconde partie qui fait pratiquement office de huis-clos ! D'un côté, nous avons le Docteur et Davros dans une “confrontation” verbale du plus bel effet (un bijou d'écriture, merci Mr Moffat !), et de l'autre Missy et Clara dans une dynamique presque similaire, mais avec plus d'action ! Et au milieu de tout ça, les Daleks font presque office de figurants, mais la fin de l'épisode le montre sans ambiguîté, on n'a pas fini d'entendre parler d'eux dans la saison 9 !
Le titre de l'épisode, The Witch's Familiar (le Compagnon de la Sorcière, dans le sens d'animal de compagnie), résonne bien entendu clairement avec celui de l'épisode précédent, The Magician's Apprentice (l'Apprenti du Magicien). Après le Docteur (le Magicien) et Davros (l'Apprenti), c'est la relation entre Missy (la Sorcière) et Clara (le Familier, ou compagnon) qui est… pas tant que ça au premier plan, mais reste quand même la deuxième attraction de l'épisode !
La relation entre Missy et Clara est à l'image de ce qui les lie, ce que l'on sait depuis la fin de la saison 8. Missy a créé le lien entre Clara et le Docteur, leur rencontre, leurs retrouvailles. Clara est, et n'a toujours été, aux yeux de Missy, qu'un simple outil vivant, lui permettant de manipuler le Docteur.
C'est ici très flagrant, puisque tout ce que fait Missy, c'est manipuler Clara, la traitant comme un cobaye, et cette dernière, consciente de ce fait, accepte tous ses caprices uniquement pour retrouver le Docteur.
Le titre prend tout son sens par cette manipulation constante, et surtout par le terrible coup de p*** que Missy a mis en place depuis le début. Si elle a bien l'intention de sauver le Docteur, c'est parce qu'elle trouve bien plus de plaisir à le torturer moralement.
Le Familier désigne aussi un animal totem, parfois une partie de l'âme de son maître. Clara est en quelque sorte la création de Missy. Mais plus q'un alter ego, Clara est une arme que Missy pense utiliser quand elle le souhaite pour atteindre le(s) coeur(s) du Docteur.
Bien que le lien entre Missy et Clara soit une composante majeure de ce deuxième épisode, la longue discussion à coeur ouvert entre le Docteur et Davros constitue tout le noeud de l'intrigue.
Les deux ennemis se dévoilent ici de manière très surprenante, mais ce qui est véritablement captivant, c'est que cette conversation aux accents sincères de la part des deux antagonistes se révèle au bout du compte n'être qu'un duel entre deux parfaits stratèges. Ici, c'est le spectateur qui est mené en bateau du début à la fin. Et c'est un vrai plaisir de se faire ainsi balader au gré du vent, sans savoir où cela se terminera ou qui aura le dernier mot.
Mais peu importe l'issue, au final. Ce tête-à-tête entre le Docteur et Davros est à lui seul un incontournable de la série, un de ces moments qui donnent à une série toutes ses lettres de noblesse et qui justifient à eux seuls le statut de série culte.
Les failles du Docteur, la nature de sa honte, les aspirations et les regrets de Davros. Tout ce qui motive le Docteur, tout ce qui motive Davros est clairement exposé ici. L'antagonisme des deux “hommes” est aisément compréhensible, parce que parfaitement résumé. Ce background, ce passif entre les deux ennemis étant ce qu'il est, leur discussion prend alors tout son poids. Et comment ne pas les prendre au sérieux quand on sait qu'au moins l'un des deux ne ment pas quant à l'approche de sa mort ? Il y a donc un effet pervers dans cette manipulation. Même si on peut au final faire le tri entre le vrai et le faux, on garde toujours quelques doutes. Après tout, la manipulation n'implique pas forcément le mensonge.
C'est ainsi que Steven Moffat fait montre ici de tout son talent de scénariste, et spécialement de dialoguiste (et ça vaut d'ailleurs autant pour le couple Missy / Clara), ainsi que de sa profonde connaissance du sujet.
Le premier épisode de cette nouvelle saison commençait déjà fort, mais la “conclusion” de cette aventure relève encore le niveau. En sacrifiant la diversité des lieux à la mise en place d'un presque huis-clos (qui rappelle même parfois la première série) et de deux confrontations aussi surprenantes l'une que l'autre dans leur dénouement, Steven Moffatt nous offre ici un épisode mémorable et tenant uniquement par le jeu des quatre acteurs principaux (même si Clara est ici plutôt en retrait comparé aux trois autres) et la façon dont leurs personnages interagissent.
Tromperie, offres sadiques, trahison, stratégie, et aussi un peu de confession intime émaillent The Witch's Familiar. Mais ces concepts valent autant pour les personnages que pour les spectateurs.
Je soupçonne même l'apparition d'un rictus sadique sur le visage de Moffat quand il fait dire à son Docteur que les Daleks ne connaissent pas le mot “pitié”, entendant déjà le spectateur accro se plaindre et crier “Bah si Moffat ! Tu t'souviens plus de l'épisode The Big Bang de la saison 5, quand un Dalek se trouve face à River Song ? Un épisode que tu as écrit, mettant en scène un personnage que tu as inventé ?” Une incohérence ? Pas vraiment, puisque la fin de l'épisode vient justifier et réparer cette ignorance du Docteur (qui n'était pas présent quand River a forcé le Dalek à la supplier, soit dit en passant).
Par contre, en ce qui concerne les “lunettes soniques”, je suis plus dubitatif. S'agit-il d'une provocation avant un prochain retour du tournevis ? D'un élément narratif qui saura être justifié plus tard ? Ou simplement d'un changement définitif ? J'ai du mal à croire à la troisième solution, et si c'est le cas, bah… je sens que le tournevis sonique va me manquer…
Pour le reste, que rajouter ? Missy a une conception toute particulière de l'humour, et par certains aspects elle me rappelle le Joker, ce qui la rend dure à cerner et imprévisible, donc. J'adore !
Et puis on finit par en apprendre plus sur le système de communication des Daleks, et c'est là encore un de ces nombreux petits plaisirs que cet épisode a su nous offrir !
The Witch's Familiar est sans difficulté l'un des dix meilleurs épisodes de la série (je compte large, histoire d'éviter toute polémique ! 😃 ), toutes époques confondues ! Par ses dialogues, par ses révélations et son approche des personnages, il captive autant qu'il intrigue. Moffat n'a décidément pas fini de nous berner et de nous raconter ses histoires passionnantes, et c'est pas plus mal. Cet amour des personnages de Moffat se ressent à chaque dialogue, et c'est par la bouche du Docteur, à la toute dernière réplique (parfait résumé de la raison d'agir du Docteur), qu'on le devine inconditionnel :
“I'm not sure any of that matters. Friends, enemies. So long as there's mercy. Always mercy.“
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead