Deux jours après avoir appris la disparition de Toriyama et j’ai encore du mal à y croire. C’est un auteur qui a énormément compté pour moi, depuis ce jour de 88 où j’ai découvert son oeuvre majeure adaptée en anime qui faisait son entrée dans les foyers français grâce au Club Dorothée. En vérité, si la série m’a marqué dès le début, c’est avec la mort de Krilin et le début de l’arc Piccolo Daimaô que j’ai compris que Dragon Ball serait partie intégrante de ma vie et que Gokû serait le frère que je n’ai jamais eu, une source d’inspiration et de fierté, un modèle que je m’évertuerais à suivre.
C’est devenu encore plus vrai lorsqu’il a grandi et qu’il a pris conscience de ses responsabilités, celle envers sa famille comme celle envers le monde. Les enjeux ont grandi en même temps que lui, tout comme les dangers. Est-ce qu’il a reculé, est-ce qu’il a hésité ? Non, Gokû agit, pas pour sauver le monde ou par désir de se mesurer à plus fort que lui, mais parce qu’il se l’impose, parce que lui sait qu’il peut tenir, qu’il est une force sur laquelle comptent de nombreuses personnes, à commencer par son fils. Évidemment qu’il aime se battre contre de rudes gaillards, mais il ne cherche pas à blesser pour simplement satisfaire un désir personnel. Il protège, il n’agresse pas. Quand il se bat pour le sport, il le fait toujours dans la restreinte. Il ne se bat à fond que lorsqu’il veut empêcher un fou de guerre, un tyran, un démon ou une organisation totalitaire de s’en prendre à des innocents.
Gokû endure, Gokû résiste, Gokû se relève. Il n’est pas le plus fort, il n’est pas le plus intelligent, mais il a le coeur à la bonne place, il est responsable, c’est un homme de parole, un homme droit. Un modèle pour des millions de jeunes garçons encore aujourd’hui comme il l’a été pour beaucoup de ma génération ainsi que les suivantes.
C’est en grande partie à cause de lui que je suis devenu fan de Dragon Ball, à lui et à tous les autres personnages qui l’ont accompagné, mais aussi grâce au travail d’Akira Toriyama, à son style dynamique qui aujourd’hui encore est une leçon d’art séquentiel, une apparente simplicité qui découle d’un génie de la mise en page et du découpage qui rendent la lecture de son oeuvre à la fois universellement accessible et riche, notamment par son chara-design inégalé qui aura également fait la joie des amateurs de J-RPG dans des jeux mythiques tels que Dragon Quest et Chrono Trigger.
Toriyama s’est toujours décrit comme un paresseux, mais en vérité il n’a jamais été satisfait de son propre travail, et c’est en cherchant à rendre ses scènes d’action plus efficaces qu’elles ne l’étaient déjà qu’il a su parfaitement opérer la transition dans son style pour le genre d’histoire qu’il désirait raconter, son style évoluant subtilement.
Depuis vendredi, le monde entier rend hommage à Toriyama, des simples fans comme moi à des personnalités de tous bords et de tous les milieux, de Eichirô Oda à Jackie Chan, reconnaissants de tout ce que ce petit gars des plus modestes a apporté, et difficile après d’argumenter contre l’idée que sans Dragon Ball le paysage actuel du manga, shônen en particulier mais pas seulement, serait bien différent de ce qu’il est, surtout quand bon nombre de mangaka déclarent que sans Dragon Ball ils ne se seraient jamais lancé dans cette industrie.
Pour conclure, je vais répéter ici ce que j’ai écrit dans le topic des nouvelles tragiques, mais c’est pour montrer à quel point c’est important pour moi. Dragon Ball (et Dragon Ball Z) c’est ma religion et Toriyama a accompagné toute ma vie depuis 88 avec ses histoires loufoques, inventives, pleines de rebondissements et surtout de personnages uniques et inoubliables.
C’est grâce à lui que j’ai découvert et aimé la culture japonaise, les RPG et la Japanimation. J’ai grandi avec des valeurs positives en grande partie inculquées par DB et DBZ, et savoir qu’il ne sera plus là c’est pour moi un trou sans fond qui ne sera jamais comblé.
Pour en finir avec cet hommage maladroit et trop long, une courte vidéo d’un youtuber anglo-saxon (TotallyNotMark) que j’aime beaucoup et que j’estime être l’un des rares vidéastes anglo-saxons à faire de très bonnes vidéo sur l’animation japonaise (ses vidéo sur One Piece sont des bijoux) et Dragon Ball en particulier, et qui explique mieux que moi et en moins de mots l’importance de DB / DBZ dans sa vie.
https://www.youtube.com/shorts/zN4OLNHVPjQ
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead