Se souvenir de moi

[Participant OfflineAncien★★★★]

Lord Yupa le 24 mars 2016 à 23 h 08 min #358289

On le sait, de nombreux manga (et animés japonais) n’oublient pas de mentionner et illustrer les saisons, qui semblent frapper bien peu les Occidentaux.
On commencera évidemment par le démarrage spectaculaire du printemps avec son explosion de fleurs de cerisiers (je l’ai enfin vécu en 2015 et c’est en effet stupéfiant : le 29 mars, rien que des petits boutons blancs sur les arbres ; le 30 toutes les branches croulent sous les lourds nuages blancs des fleurs ! et l’on s’aperçoit qu’il y en a partout, des cerisiers !!).
Combien de lycéen(ne)s de manga se promènent alors sous la blancheur virginale, le garçon osant soudain le quart d’une déclaration à la fille, qui aussitôt se fâche pour une inexplicable raison ? (faut bien que la romance dure).
Deux semaines après, les pétales blancs commencent à neiger, à voler dans la brise, là encore tous au même moment ! La fille alors essuie une larme de regret…
Mais voilà Juin et la saison des pluies battantes, si propice au duo sous un parapluie, ce grand symbole d’amour nippon ! Désespoir du garçon qui ne pense même pas à ouvrir le sien, regardant tout trempé sa dulcinée s’éloigner dans la bruine sous le parapluie de son rival (son meilleur ami pourtant, ah le traître).
L’été est écrasant de chaleur. La lycéenne est vautrée en short sur le tatami en espérant que la clochette du furin lui annoncera une petite brise. Son prince charmant ne quitte plus la piscine avec ses potes, et là-bas il y a des nanas avec bien moins qu’un short… Elle se consolera avec ses copines en camp d’été, le bain collectif des nanas offrant au retour du mec et à ses potes des occasions de se rincer l’oeil “par erreur”. Faut bien que jeunesse, pardon chaud nenn(é) se passe.
L’automne, c’est les feuilles rouges valsant au vent. En rougissant aussi, enfin réunis sur un banc, le crétin et l’évaporée les regardent tomber sans rien dire. D’ailleurs ils n’ont rien à se dire, on n’est pas dans un film français “sentimental” où ça cause tout le temps en s’engueulant dès que ça ne b… plus.
Glip ! L’hiver, la masse d’air venue de Sibérie, froidure ! Neige, neige, déchirements du coeur ! Les traces de pas précipités et trébuchant dans le blanc de la dulcinée trahie, qui fuit au hasard et en pleurs. Le mec boit du saké chaud dans un bar, les yeux dans un décolleté ravageur, celui d’une copine d’enfance qui compte bien se rapporter sous le kotatsu ce beau radiateur…
Comme vous le sentez (j’espère), j’ai lu ou visionné pas mal de manga/animés des 4 saisons, mais rarement en ai-je conservé, donc je manque d’exemples précis.
S’il vous en vient à l’esprit, n’hésitez pas !

[Participant OfflineGrand maitre★★★★★]

Xanatos le 25 mars 2016 à 10 h 32 min #358462

Excellente idée de topic Yupa ! 😀

Et franchement, j’ADORE ton descriptif des saisons au Japon, à la fois merveilleusement poétique (tes premières phrases) et absolument hilarant ! 😆

Alors, en ce qui concerne les saisons, il y a une œuvre à laquelle on ne pense pas forcément mais qui traite cela avec beaucoup de sérieux et de réalisme: Cat’s Eye.

Plus particulièrement, la série animée. En effet, la première saison (Hi, Hi !) du DA commence par l’été, s’enchaîne avec l’automne, l’hiver et se conclue au printemps, l’ordre chronologique a été parfaitement respecté. 🙂

Idem pour la deuxième et dernière saison.

Un excellent site dédié à cette série culte a consacré un dossier dédié aux saisons et le sérieux avec lequel les scénaristes ont traité cela sans que ce soit incohérent:

http://universcatseye.webege.com/indicesurlesdate/index.html

Ceci dit, je me demande comment nos chères héroïnes font pour ne jamais avoir froid en hiver dans leurs tenues moulantes de cambrioleuses !

En été Ok, mais en hiver, bbrrrrrr !

[Participant OfflineAncien★★★★]

Lord Yupa le 31 mars 2016 à 21 h 23 min #360221

Très bien, le site, Xan’ ! Un joli travail par une passionnée. Et qui prouve bien le soin mis par les Japonais à cette question des saisons, du temps qui passe et, au fond, de l’intégration à la nature…
Dans les manga / animés de lycéen(ne)s, un plan de regard rêveur par la fenêtre de la classe ne signale pas seulement la préoccupation du héros (ou plus souvent de l’héroïne) : car on y aperçoit des pétales de cerisiers, ou des feuilles qui tombent, ou des frondaisons d’été. Ce qui indique à tout Nippon que bientôt ce sont les examens, ou la fête du sport, ou qu’on est juste après la rentrée (en avril), donc “effet d’annonce” comme on dit.
Les uniformes des filles de Azumanga Daioh et de K-On! changent selon hiver / été. Les garçons dans d’autres séries (que je ne suis pas) ont le droit en été de tomber la veste pour la chemisette blanche.
Dans Usagi Yojimbo le samouraï-lapin subit sans cesse les aléas saisonniers, qui jouent un rôle dans ses aventures. Dans Mushishi, les effets saisonniers sont autant d’occasions pour Yuki Urushibara de peindre de superbes et variées aquarelles en couleur ou doubles pages en noir-et-blanc.
Bien sûr le film Miss Hokusai est complètement lié au jeu des 4 saisons à Edo.
Toutes les séries japonaises ne s’en préoccupent pas forcément, mais il me semble à tort ou à raison que seules des BD récentes européennes et peu nombreuses (influencées par le Japon ?) mettent quelque accent là-dessus. Quant aux Comics, ça doit être encore plus rare (arrêtez-moi si je me trompe). Ce qui n’est pas une critique : juste un constat !

[Participant OfflineAncien★★★★]

Veggie11 le 31 mars 2016 à 21 h 35 min #360224

Pour les BD européennes, je ne connais que Jojo qui insistait tant sur le déroulement des 4 saisons. Cette sympathique série publiée dans Spirou qui a égayé ma jeunesse et que je prends toujours plaisir à relire encore maintenant mettait en scène le quotidien de toute une bande d’enfants, la chronologie saisonnière a donc une part importante dans certains albums car ils se déroulent sur une année scolaire.

[Participant OfflineAncien★★★★]

bub le 1 avril 2016 à 19 h 06 min #360450

En fait plus j’y réfléchis, plus je trouve plein de titres mais je ne sais si ça collerait avec ton sujet.

Par exemple dans One Piece (ouais ! encore une fois ! :p) Oda s’est amusé à créer des îles “saisonnières”. Ainsi, dans leur périple, les héros accostent sur une île printanière, ou une île hivernale. Mais il a aussi imaginé que ces îles ont-elles mêmes 4 saisons qui leur sont propres : par exemple une île estivale aurait aussi un printemps estival, un été estival, un automne estival et un hiver estival. Soit 16 saisons en tout sur la route de tous les périls. Mais ça reste complètement accessoire, il n’en tire aucun élément scénaristique particulier, du moins pour l’heure.

En revanche, du côté de Vagabond, Takehiko Inoue a raconté dans les derniers volumes les tentatives de Musashi de se mettre à la culture du riz. Et ce (assez long) récit s’étale sur deux années complètent si je me souviens bien, avec une insistance sur le climat saisonnier qui influe directement sur la récolte et sur la survie des villageois. Il montre bien combien l’hiver peut être long, terrible et meurtrier si la récolte de l’année a été mauvaise… J’ai trouvé qu’il a bien retranscrit le caractère précaire de la condition paysanne d’alors, complètement à la merci du climat.

D’une manière générale, il me semble bien que les auteurs s’attachant au réalisme de leur récit tiennent particulièrement compte du critère climatique dans leurs oeuvres (Taniguchi, Miyazaki…) et de son influence sur la vie de leurs personnages.

Je crois aussi me souvenir qu’un mangaka comme Katsura profite des changements saisonniers au fil du déroulement de ses oeuvres (je pense à vidéo girl aï et i”s surtout) pour mettre en valeur ses héroïnes dans des tenues variées…

[Participant OfflineAncien★★★★]

Lord Yupa le 8 avril 2016 à 7 h 32 min #361414

Veggie11 wrote:

Pour les BD européennes, je ne connais que Jojo qui insistait tant sur le déroulement des 4 saisons. Cette sympathique série publiée dans Spirou qui a égayé ma jeunesse et que je prends toujours plaisir à relire encore maintenant mettait en scène le quotidien de toute une bande d’enfants, la chronologie saisonnière a donc une part importante dans certains albums car ils se déroulent sur une année scolaire.

Ah oui, Veggie, j’ai feuilleté des albums de “Jojo” et non seulement je les trouve d’un dessin remarquable, mais les historiettes semblent bien menées, attentives au “vrai”. D’où peut-être l’intérêt pour le jeu des saisons. Dans le genre BD sur les tout jeunes gamins, je m’identifie mieux en Jojo qu’en Cedric, et moins encore en Titeuf.
Oui Bub, les îles-saisons ou les planètes-saisons en SF, c’est une thématique fréquente, et l’imagination formidable d’Oda m’impressionne encore une fois ! Bien que j’aie abandonné assez tôt la série-papier et ne regarde qu’à l’occasion des épisodes TV. Comme tu dis, le genre réaliste est intéressé par les jeux de climat, mais sans avoir vraiment lu Katsura, je parierais volontiers que pour les tenues de ses héroïnes c’est le plus chaud de l’été qu’il privilégie !!
Dans Nos voisins les Yamada, on suit avec soin le rythme des saisons. Ici la grande ancêtre est évidemment Hasegawa Machiko avec Sazae-san dès 1945 confrontée avec sa famille aux puissants contrastes climatiques nippons, en un temps de pauvreté générale et donc d’absence de moyens de chauffage et de rafraîchissement ! J’en possède quelques tomes en anglais. Pourquoi n’en dispose t-on pas en français ??!