Il y a deux semaines environ, c’était le Batman Day, alors paf, deux revues vite fait bien fait (ou presque) sur deux comics Batman très récents ! ^^
Lu JoJo’s Batman Adventu… Batman – Créature de la Nuit !
J’ai toujours un peu de mal avec ce concept, comme pour Superman – Identité Secrète du même scénariste, de vouloir tirer d’une oeuvre de science-fiction / fantaisie telle que le genre super-héroïque, quelque chose de réaliste (en tout cas sur le médium de la BD). Et pour le coup c’est un résultat plutôt schizophrène avec Busiek parce qu’il introduit dans son monde proche du réel des perso qui sont «victimes» de l’irruption du fantastique dans leur vie. Or, si j’aime bien cette idée dans un film (comme la Mouche ou Incassable par exemple), dans un comic de super-héros qui porte le nom d’un super-héros bien établi, ça me laisse bizarrement plus perplexe. C’est quoi le but ? Je pige vraiment pas l’intérêt, honnêtement. Les versions parallèles, les «Elseworld» comme on les appelle chez DC, d’accord, je vois l’intérêt. On change un aspect de l’origine d’un super-héros et on joue avec.
Mais Busiek établit un monde proche du nôtre, le héros est un homonyme, ou presque, du héros de comics dont il s’est inspiré et son entourage est lui aussi composé d’homonymes de l’entourage du héros de comics, et le héros et son entourage sont eux-mêmes conscients de la chose, les comics de Superman et de Batman existant dans ces mondes. Si dans Identité Secrète, ça passait bien, c’est parce que c’était alors un essai isolé. Mais Busiek réitère la chose avec Créature de la Nuit. La répétition du concept joue en sa défaveur. Pire, l’auteur parvient à pervertir son idée de base avec ce titre. L’origine du vrai Batman est bien plus réaliste que celle du Batman de son Bruce Wainwright ! Ce qui me ramène à ma question : quel intérêt ?
Bon, n’ayant pas trouvé de réponse satisfaisante j’ai lâché l’affaire, mais j’ai tout de même apprécié cette lecture au bout du compte. Faut juste que je me retire de la tête l’idée que dans quinze ans il va nous sortir dans le même genre sa version «réaliste» de Wonder Woman, d’Aquaman, de Flash ou de Green Lantern…
Reste un récit plutôt bien écrit et dessiné, mais l’impression «photographie» des visages des perso et des décors par John Paul Leon me laisse totalement froid. En revanche, les pages où il met en scène le Batman sont très souvent somptueuses et efficaces, plus surréalistes, plus comic-book. Une dichotomie déjà présente dans Identité Secrète.
J’ai particulièrement apprécié dans l’histoire avoir été mené en bateau à plusieurs reprises, il y a de bons retournements de situation mais aussi, malheureusement, une certaine lourdeur dans la narration, parce qu’en dehors des passages avec le Batman, les cases racontent pas grand-chose et donnent parfois l’impression de photographies, c’est trop réaliste, c’est figé, ça manque de vie. Le paradoxe de la volonté de vouloir faire trop réaliste.
Du coup, j’ai ressenti un trop-plein de textes et d’exposition alors que, dans mes souvenirs, Identité Secrète était mieux équilibré.
Au final cependant, je n’adhère pas à l’intention de base de Kurt Busiek qui était de montrer SON «analyse des différentes étapes d’une obsession, d’une rage puérile qui se déchaîne sur le monde et qui ne peut être maîtrisée que par un homme qui accepte de ne plus être un enfant», je n’aime pas non plus la façon dont il envisage Batman (la colère, l’égocentrisme et l’impuissance d’un enfant et c’est tout, pas de détective, pas de maîtrise de soi, pas d’altruisme), ni la conclusion que ce dernier ne peut exister dans le monde réel.
Évidemment qu’il ne peut exister dans le monde réel, tout comme Superman, ce sont des héros, des idéaux, des modèles. Mais ce qui me gêne c’est que dans Identité Secrète, on n’arrive pas du tout à la même conclusion. Son Superman s’est plutôt bien adapté au monde dans lequel il vit. Ici on vous dit que le Batman ne relève que de l’égoïsme, d’un pseudo complexe de Peter Pan. Je trouve cela réducteur et affligeant. Avec une morale du collectif et du caritatif, comme seuls moyens valables d’améliorer le monde.
Du coup je me demande à quoi ressemblerait son Superman – Identité Secrète s’il l’avait écrit aujourd’hui. Plutôt que de mettre en avant la fantaisie qui s’immisce dans le monde réel, aurait-il étouffé celle-ci avec des médocs et des leçons de bonne conscience d’école primaire ?
Pourtant j’ai apprécié l’histoire en elle-même, encore une fois. Un peu lourde mais tout de même plaisante, surtout pour la variation qu’elle propose sur le thème du Chevalier Noir, ainsi que tout le mystère qui en découle.
Mais j’ai pas du tout aimé ce qu’il y avait sous cette surface autrement agréable. Et ça me ramène, encore et toujours, à cette question : quel intérêt ?
Lu Batman – Joker War
Tome 1 terminé, et en dehors de certains des premiers chapitres (écrits par des secondes mains et focalisés sur les vilains du début de l’histoire, et oh mon dieu si je lis une fois de plus la métaphore du scorpion et de la grenouille je vais faire un massacre… x( ), j’ai pris un énorme plaisir à cette lecture, tant du côté visuel (dommage que Tony Daniel ne soit présent que sur un chapitre, mais Guillem March et Jorge Jimenez font un travail la plupart du temps exemplaire) que scénaristique.
Surtout, quel plaisir de voir un Batman qui gère sur le terrain, qui foire aussi mais qui assume et qui transpire la classe en toute circonstance, des références à Batman TAS et une utilisation des vilains rafraîchissante. La lecture est agréable du début à la fin, on vient pour du Batman actif et efficace qui n’a pas peur de prendre des coups (son bat-costume prend cher), c’est très axé sur l’action, mais peu à peu l’intrigue se construit et se dévoile autour d’un personnage énigmatique (le Designer) qui se sert d’une ancienne alliance avec Catwoman, le Joker, le Pingouin et le Sphinx pour mener Batou en bateau afin de s’emparer de Gotham pendant le processus. Mais c’était sans compter sur le retour du Joker, flanqué d’une nouvelle acolyte en la personne de Punchline, qui a un plan tout aussi précis et qui implique la chute du Chevalier Noir et de Bruce Wayne.
Je ne vais pas partir dans une analyse profonde du tome, je voulais juste dire que je suis heureux d’avoir fait l’erreur de me tromper de titre le jour où je l’ai acheté ! J’avais l’intention de prendre Golden Child de Frank Miller, et j’ai pas fait gaffe avec tous ces titres Batman présents (et Golden Child était déjà en rupture de stock, mais pas grave, je le prendrai le mois prochain).
Pas que je ne voulais pas prendre ce Batman, mais en terme de lecture à suivre, je n’en suis qu’au chapitre 65 de Batman par Tom King (dont je suis loin d’être fana), or, ce Joker War se situe une vingtaine de numéros plus avant ! Je me suis pris quelques sérieux spoilers dans la tronche, mais c’est vraiment pas cher payé en comparaison du plaisir de lecture que j’ai eu ! James Tynion fait des merveilles avec Batou ! 😀
Et pour finir, le dernier kiosque Batman bimestriel est également sorti, avec un récit Green Lanterns écrit par Dan Jurgens ! J’en parlerai une fois lu.
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead