J’ai vu la Tortue Rouge ce weekend, c’est l’histoire d’un homme naufragé sur une île déserte dont chaque tentative de départ au moyen d’un radeau est systématiquement réduite à néant par une tortue marine de couleur rouge.
C’est une histoire sur la vie, le passage du temps, c’est visuellement très beau, c’est très poétique… C’est aussi hélas plutôt ennuyeux.
L’histoire a l’air vraiment taillée pour un court métrage d’une vingtaine de minutes mais il y a vraiment trop peu de choses à raconter pour un film de plus d’une heure. De plus, même si quelques scènes m’ont fait sourire, je n’ai jamais vraiment eu d’empathie pour les personnages. Les gros coups de théâtre ont tous été pour moi des déceptions :
– quand la tortue se métamorphose en une belle jeune femme, les possibilités d’un récit sur la solitude ou d’une fable écologique se sont envolées pour se recentrer sur une bête histoire où un type renonce à tout parce qu’il a envie de “se faire” une belle fille…
– le raz de marée ne débouche sur rien, c’est une péripétie de la vie mais je n’ai pas l’impression que ce soit ça qui ait motivé la décision du garçon de partir loin de ses parents.
Sur la forme, le fait que les personnages ne s’expriment que par des gestes et des cris aurait pu être une bonne idée mais pose un vrai problème de cohérence par rapport à sa mise en oeuvre dans le film. Dans les autres oeuvres que j’ai vues où ce parti pris a été employé, c’était toujours compensé par une musique ou des gestes très expressifs même si parfois minimalistes (le jeu Ico par exemple) ; ici j’ai le sentiment qu’on a privé les personnages de la parole mais qu’il n’y a rien dans la narration qui compense ce manque. Encore une fois, ça aurait été moins gênant dans un court métrage mais pas dans un long métrage.
Autre défaut : la musique ou plutôt son utilisation. C’est une musique très démonstrative avec des choeurs très présents, ça irait bien avec un mélo par exemple (j’aime bien les bons mélo, c’est pas ça le problème) mais ça ne colle pas avec la narration de ce film qui se veut plus minimaliste.
Reste l’aspect visuel. Et là c’est souvent très beau, des choix de couleurs vraiment réussis, de très belles compositions où le réalisateur cadre très large faisant la part belle aux paysages entourant les personnages. C’est à la fois minimaliste car il y a peu d’objets différents présent à l’écran et très détaillé, notamment lorsque l’on se promène dans la forêt avec les héros.
Hélas, il ne suffit pas qu’un film soit visuellement très beau pour que cela compense ses défauts. Ce n’est donc pas un film que je vous conseille à moins d’être animé par une très forte curiosité esthétique.
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