Miyazaki, Takahata et Studio Ghibli

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Posté dans : Anime & Animation

  • Bub
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    bub le #397960

    Je reviens sur les étrangetés de Porco Rosso, qui ne manquent pas.
    D’abord évidemment : qu’est-il arrivé au pilote Marco pendant la guerre de 14-18 ? il devrait être mort, avoir rejoint le firmament des centaines d’aviateurs abattus qu’on voit un instant monter au ciel au-dessus de lui, mais lui est retombé alors lentement dans les nuages, sous la pesante forme d’un cochon. Le péché de Gina est peut-être de lui avoir préféré à cause de cela un autre jeune aviateur, celui-ci décédé ensuite. Désormais certes elle n’aime plus que lui, bien que Marco ne veuille à aucun prix l’amener à épouser ce corps porcin ; mais d’où vient-il, ce corps ?

    Mais d’où vient donc ce corps de cochon ?

    Première piste : Miyazaki a dit vers 1984, quand il dessinait « l’ère des hydravions » qui servira de base à Porco Rosso, qu’il avait envie depuis un moment de mette en scène un cochon. Or à cette époque il avait déjà réalisé le film de Nausicaa.
    Bon… Nausicaa… Odyssée… cochon… Italie… comment ne pas songer à Circé, la sorcière qui transforme les compagnons d’Ulysse en cochons ? Et puis cette référence est assez connue concernant Porco Rosso, surtout rapport à la malédiction qui pèse sur Marco.
    Mais pourquoi une telle malédiction ? Le film n’apporte aucune réponse explicite à cette question.
    Cependant, on tenter d’en percer l’origine.

    En effet, Miyazaki n’a jamais clairement dit que Porco était le seul maudit de cette histoire.

    Prenons le cas de Gina.
    Nous avons là une femme qui attend désespérément que l’amour de sa vie se décide enfin à la rejoindre. Une sorte de Pénélope, loyale et fidèle, qui guette le retour de son aimé parti pour la guerre (dans le film, c’est un certain Berlini qui était son mari, mort au combat au côté de Porco), pour rester dans le thème de l’Odyssée. Ce ne sont d’ailleurs pas les prétendants qui manquent de se présenter en son « palais » (à ce propos, Gina… prénom dérivé de Regina, reine en italien…, et donc Gina sans son « roi » (re, en italien), tout comme l’était Pénélope, reine d’Ithaque).

    Si l’on suivait la trame homérique, on pourrait éventuellement conclure que Fio serait donc la Nausicaa de service.
    Déjà, physiquement, elle a tous les traits de l’autre Nausicaa de Miyazaki.
    Ensuite, elle est la « princesse » qui accueille un Porco/Ulysse naufragé en son royaume (Piccolo la présente même comme son héritière), qui prendra soin de lui (elle répare son avion et s’impose pour parfaire les réglages jusqu’au bout) et qui enfin lui redonnera figure humaine (littéralement !) pour qu’il puisse s’en retourner un jour dignement vers son épouse.
    A priori, ça se tiendrait si Porco était l’époux en question.

    De subtils commentateurs ont également repéré un autre mythe grec niché au sein du film : celui d’Alcyoné et Céyx. Pour ceux qui souhaitent connaître ce joli mythe, je les renvois à Ovide qui le narre dans ses… Métamorphoses (tiens donc !) (première partie / seconde partie)
    Si l’on suit cette triste histoire, Gina serait Alcione qui passait ses jours et ses nuits dans l’angoisse et l’attente du retour de son aimé parti en mer. Mais un jour, elle apprit que Céyx (Berlini donc, son mari défunt dans le film) était mort et son corps échoué sur la plage. Pleurant la mort de son époux, elle s’est transformée en martin pêcheur (un oiseau marin, une sorte d’hydravion mais oiseau voyez le genre ? ^^°) pour recouvrir le cadavre de ses ailes. Pris de pitié, les dieux décidèrent alors de transformer Céyx lui aussi en oiseau pour que le couple soit à nouveau réuni.

    Un indice, en effet : l’Alcione est le bateau à vapeur qui relie l’hôtel de Gina à la côte et dont se servira également Porco pour aller chercher de l’argent à la banque. On appelle aussi les « jours alcioniens » une période particulière pendant laquelle la mer est parfaitement calme, comme dans le film.
    Quant à Gina, elle « chante » comme dans le mythe une complainte triste, oiselle prisonnière de sa cage dorée (elle vole presque, quand elle bondit du bateau à vapeur qui quitte le ponton de l’hôtel, pas loin d’un record du monde !).
    Mais Berlini/Céyx, lui, a bien disparu en mer et n’est jamais « revenu » s’échouer sur la plage, laissant Gina seule poursuivre ses chants nostalgiques.

    Continuons !

    Gina, c’est la « Femme » (du grec ancien ginê).
    Les différents personnages, Fio comprise, nous répètent bien assez souvent quelle femme superbe et exceptionnelle est Gina.
    De mon point de vue, elle est victime du sort inversé de Marco : elle est aussi « femme » et désirable que lui-même est réduit à l’état de bête repoussante.
    J’en conclus donc que Marco n’est pas le seul maudit dans cette affaire, que l’origine de la malédiction vient de leur action commune, et pas forcément des seuls faits d’arme passés de Marco (prénom qui vient du dieu mars, le dieu de la guerre…).
    Ils sont liés comme les dieux Vénus et Mars, pour résumer, et ont « fauté » ensemble dans le dos de Berlini à un moment ou un autre.

    Pas besoin de faire d’analyse poussée pour comprendre qu’entre ces deux-là l’union a déjà bel et bien été consommée par le passé. Et puis cette nostalgie pour le temps des cerises, fruits symboliquement aussi signifiant que ne le sont les pommes. Pas besoin non plus de vous faire un dessin (et puis les psychanalystes sauvages s’amuseront à voir tous les symboles sexuels évidents dans ce film qui en regorge !).

    Il est intéressant de noter en passant le code couleur de Gina quand elle apparait dans ses 5 scènes (hors la séquence avec Marco jeune sur l’hydravion).
    Première apparition : noir olive
    Deuxième apparition : mauve
    Troisième apparition : rose blanc (dans le flash back qui suit, elle est en rose saumon tout en blanc dessous)
    Quatrième apparition : bleu marine mais veste blanche (qu’elle prend sous le bras)
    Cinquième apparition : manteau bleu clair, tout blanc dessous.
    Pour faire court : elle balance entre la tenue de la veuve et celle de la promise, entre la femme qui est tournée vers le passé et celle qui s’engage vers l’avenir. Assez ironique d’un côté mais aussi beaucoup d’affection chez Miyazaki pour ce personnage d’un autre côté, car il la pousse à croire encore et toujours en l’amour malgré les tragédies.

    Dans la mythologie miyazakienne, on commence à connaître ce thème des couples « séparés ». On songe par exemple à Totoro, où la mère des fillettes est éloignée de son époux par la force des choses. Ou encore à Lisa, la mère de Sosuke dans Ponyo, dont le conjoint passe son temps en mer.
    Mais ces couples ont eu des enfants et ce sont ces derniers qui – en grandissant, devenant adulte, indépendants, etc. – permettent aux parents d’enfin se retrouver (schéma qui s’applique aussi dans Chihiro avec en prime là aussi une métamorphose en cochon).

    Ce qui n’est pas le cas de Marco et Gina qui n’ont pas d’enfant.

    C’est là que Fio entre en scène.
    Fio a 17 ans.
    Cet âge n’est pas choisi par hasard.
    Elle est née en 1912, l’année où la photo sur laquelle on voit les 4 amis et Gina a été prise. 17 ans plus tard, nous sommes effectivement en 1929, seuls Marco et Gina sont encore en vie, mais ne vivent pas vraiment leur amour, par culpabilité de Marco probablement (son visage de cochon devant refléter ses sentiments honteux à l’égard de Berlini).
    Fio est donc cet enfant qui va lever le sort entre Marco et Gina.
    Mais comment ? Et bien, à son corps défendant !
    Penchons-nous sur son nom : Fio Piccolo ça veut dire petit tribut en italien.

    Voilà un patronyme particulièrement à propos pour une jeune fille qui n’a pas hésité un instant à se poser comme enjeu dans une histoire de dettes !
    Ce tribut, Marco va le conquérir.
    Puis, il le déposera aux pieds de Gina, qui se pose au-dessus de tous, véritable déesse venue au secours de tout le monde.
    L’offrande a en tout cas eu son effet : la malédiction a été levée !

    Mais Marco n’a pas saisi cette opportunité pour renouer pour de bon avec Gina (alors qu’il sait qu’elle l’aime ! Curtis lui a dit juste avant).

    Je ne pense pas pour autant que le réalisateur pensait à une installation lesbienne et je me méfie des relectures trop modernes.
    A vrai dire, je trouve que la fin a un goût doux-amer : les pirates sont devenus de paisibles vieillards (sans filiation), Curtis est devenu un acteur (une simple image sur un mur), on ne revoit pas Gina…
    La fin d’une époque agitée, pleine de vie, de bruits, d’excitations, de légendes, sans héritiers.
    La fin du petit monde de Gina…
    La seule héritière de ce temps révolu, c’est bel et bien Fio, « l’enfant », qui a pris la tête de l’atelier Piccolo.
    Quant à Marco, nul ne sait…
    Miyazaki laissant planer le doute sur un mot final de Fio : « le pari que Gina a fait avec elle-même est devenu notre secret ».
    C’est assez clair pour moi : Marco n’est jamais revenu, Gina l’attend toujours et a confié ses sentiments à Fio, sa fille de cœur, le tribut dont s’est délesté Marco pour se libérer du poids de la culpabilité mais peut-être aussi de son amour pour Gina.

    Il est libre Marco.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #397965

    Magnifique et passionnante analyse, cher Bub !
    Et en effet, l’explication de la déchéance porcine de Marco me paraît tout à fait convaincante : il y a eu secret adultère ! Si le thème du cochon paraissait d’avance tentant pour Miyazaki (il a souvent caricaturé lui-même son visage assez large au nez un peu épaté sous cet aspect et a repris les cochons comme tu le rappelles dans Chihiro), il restait tout de même dans ce film un mystère logique que tu as brillamment résolu !
    J’avais entendu parler à propos du film des rapprochements avec Circé, mais qui me semblaient anecdotiques ; cependant s’il y a eu acte sexuel de Marco avec Gina, c’est elle la “sorcière” (involontaire, et pourtant consentante), maudite aussi donc et inversement par une beauté sublime mais inaccessible (frigide ?). Très bien vu ! A noter qu’elle vit sur une petite île, comme Circé. Homère encore avec Nausicaa, dont Fio est effectivement le sosie de façon frappante, une princesse salvatrice qui rend à Ulysse son aspect humain, vêtu et propre après l’avoir trouvé nu et hirsute dans les fourrés du rivage. Or c’est le baiser de Fio qui redonne humanité à Marco. “Petit tribut”, ah j’ignorais. Oui sans doute elle finit en “fille de coeur”de Gina, comme tu dis. Narratologiquement, Miyazaki devait la “caser” à la fin, mais avec un homme eût été choquant (on ne les lui donne pas même, ses 17 ans!), et donc il la fait “kidnapper” par Gina. Ce qui reste légèrement étrange et soudain.
    Je n’ai pas revisionné le film avant ma petite recherche et ne me souvenais donc pas des dates précises qui y figurent aboutissant à 1929, mais je suis bien content d’être arrivé à 1928 / 1930 par la technique aéronautique, point que Miyazaki connaît à fond, par passion.
    Ah, les ultimes séquences, douces-amères tout à fait… Dans mon idée, Fio a construit son avion pour tenter de “rattraper” Marco toujours sur le sien, et le ramener à Gina, mais bien sûr c’est en vain. Car comme tu dis, il est libre, Marco. Insaisissable à jamais.

    Je vais étudier les références datables dans Kiki la petite sorcière, car les contextes sont assez précis, et Miyazaki est un soigneux sur l’historique à mon avis.

    Bub
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    bub le #397984

    Sur Gina, j’ai aussi songé à un éventuel statut de « sorcière » la concernant, notamment qu’elle puisse être à l’origine du sort dont serait victime Marco. Sa volonté serait de ne le garder rien que pour elle en le transformant en porc hideux pour que les autres femmes le fuient.
    Mais cette thèse est rapidement réfutée au moins pour deux raisons : la première c’est que Marco est une personnalité forte qui ne peut souffrir d’être dominée par une autre, fut-elle Gina en personne ; la seconde, c’est que son physique de cochon n’est pas repoussant pour la gent féminine, bien au contraire, il a même du succès auprès de ces dames !
    Et puis l’idée d’une Gina possessive au point de transformer Marco ne colle pas vraiment avec l’esprit du film, franchement bon enfant et dont la seule réelle menace est politique.

    Pour Fio, il y a cette évidente gémellité avec Nausicaä (toutes deux filles du vent, en quelque sorte).
    Mais tout bien réfléchi, elle fait aussi penser à une héroïne plus ancienne : Clarisse, dans le château de Cagliostro. Cette dernière était prête à faire sa vie avec Lupin, tout comme Fio est attirée par Marco. Dans les deux cas, le héros entre deux âges repousse finalement les avances de la jeune vierge…
    Ce qui à mon sens entérine pour de bon Fio dans son rôle d’enfant qui résoudra le problème du couple Marco/Gina.
    D’ailleurs, Gina ne « kidnappe » pas Fio, c’est Marco qui la lui confie !

    Quant au baiser de Fio, il ne rend pas immédiatement son apparence à Marco : on le voit bien, ça arrive quelques instants après ce baiser volé. Donc ce n’est pas forcément ce baiser qui brise la malédiction ! Certes dans une scène précédente Fio a « rêvé » du vrai visage de Marco, ce qui a contribué à influencer le spectateur qui va ensuite faire le lien entre cette scène précédente et le baiser. Mais ça ne prouve rien ! L’échange de grosses baffes avec le bellâtre Curtis, où les deux héros se retrouvent aussi grotesquement défigurés l’un que l’autre, pourrait tout autant y avoir joué un rôle à ce compte-là ! ^^
    Or, le seul qui remarque « la guérison » du visage de Marco, c’est ce pauvre Curtis, APRES LE DEPART de Gina.
    Il semble donc bien qu’elle ait emporté avec elle le « mal » qui hantait Marco. C’est donc que ce dernier est enfin en paix avec lui-même : je suppose que ce qui compte alors, c’est l’échange qu’il a eu juste avant avec Gina. Seuls ces deux-là savent dorénavant à quoi s’en tenir dans leur relation. Mais ce qui est sûr c’est que ce qu’ils ont silencieusement décidé a libéré Marco du poids de sa culpabilité.

    Un dernier point, Miyazaki a réalisé successivement les œuvres suivantes : Porco Rosso ; Mononoke ; Chihiro.

    C’est presque la trilogie « malédiction porcine » ces trois films !
    Porco Rosso, le héros est transformé en cochon.
    Mononoke, le héros est maudit par un cochon.
    Chihiro, les parents de l’héroïne sont métamorphosés en cochon.

    Faudra creuser le sujet un de ces quatre.

    Tom-Le-Chat
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    Tom Le Chat le #398075

    Un dernier point, Miyazaki a réalisé successivement les œuvres suivantes : Porco Rosso ; Mononoke ; Chihiro. C’est presque la trilogie « malédiction porcine » ces trois films ! Porco Rosso, le héros est transformé en cochon. Mononoke, le héros est maudit par un cochon. Chihiro, les parents de l’héroïne sont métamorphosés en cochon. Faudra creuser le sujet un de ces quatre.

    On peut rajouter que le studio qu’il a crée quand il a voulu prendre du recul avec Ghibli et se concentrer sur des travaux plus personnels s’appelle Butaya (souvent traduit “la maison du cochon”). En cherchant sur le net, je pense qu’on peut retrouver quelques interviews où il parle de son affection pour cet animal, il me semble par exemple qu’il dit partager des traits de caractères avec les cochons. 😀

    Le fansite nausicaa.net a une FAQ très intéressante sur Porco-Rosso : http://www.nausicaa.net/miyazaki/porco/faq.html

    A propos de l’avion de Porco, il est régulièrement désigné comme étant un Savoia S.21 (il me semble que c’est notamment précisé dans l’artbook du film sorti chez Glénat il y a longtemps, malheureusement je ne possède pas ce livre 🙁 ) sauf que le vrai S.21 était un biplan. Certains commentateurs pensent que Miyazaki a pu confondre cet avion avec le Macchi M.33. L’explication courante de cette erreur est tout simplement que Miyazaki ne devait pas avoir beaucoup de documents sur ces prototypes (en 1992, il n’était pas aussi facile que maintenant d’avoir des infos sur des engins aussi obscurs)

    [Insérez une citation qui donne l'air intelligent ici]
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    Bub
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    bub le #398394

    On peut rajouter que le studio qu’il a crée quand il a voulu prendre du recul avec Ghibli et se concentrer sur des travaux plus personnels s’appelle Butaya (souvent traduit “la maison du cochon”). En cherchant sur le net, je pense qu’on peut retrouver quelques interviews où il parle de son affection pour cet animal, il me semble par exemple qu’il dit partager des traits de caractères avec les cochons. ?

    Quelques recherches rapides m’avaient aussi appris que ses courts mangas à l’aquarelle sortis pendant cette période(1994 et 1999) mettent en scène des cochons pendant ce qu’il semble être la seconde mondiale.

    Et pis bon, après on peut aussi remarquer qu’il y a aussi d’autres persos dans Porco Rosso qui se payent de drôle de tronches ^^ :

    Le fansite nausicaa.net a une FAQ très intéressante sur Porco-Rosso : http://www.nausicaa.net/miyazaki/porco/faq.html

    Merci, en effet, on apprend pas de mal de trucs ! Comme le coup du mariage contrarié par le fait que Gina se trouvait alors en zone occupée par les autrichiens !

    Et puis cette rumeur comme quoi l’avion de Porco serait à quai de l’hôtel de Gina :

    Quel oeil de lynx !!!!!! oO

    A propos de l’avion de Porco, il est régulièrement désigné comme étant un Savoia S.21 (il me semble que c’est notamment précisé dans l’artbook du film sorti chez Glénat il y a longtemps, malheureusement je ne possède pas ce livre :( ) sauf que le vrai S.21 était un biplan. Certains commentateurs pensent que Miyazaki a pu confondre cet avion avec le Macchi M.33. L’explication courante de cette erreur est tout simplement que Miyazaki ne devait pas avoir beaucoup de documents sur ces prototypes (en 1992, il n’était pas aussi facile que maintenant d’avoir des infos sur des engins aussi obscurs)

    Un point de vue de connaisseur sur le sujet : site aeromovies

    L’avion de Porco Rosso est connu comme le Savoia S.21…Le S.21 fut effectivement un hydravion de course construit pour participer à la Coupe Schneider de 1921, mais il déclara forfait. Le S.21 était un biplan (l’aile supérieure étant plus courte que l’inférieure) avec un moteur propulsif, et le cockpit situé devant l’aile. L’avion de Porco Rosso, est monoplan avec aile en légère flèche, avec un moteur tractif et un poste de pilotage situé derrière l’aile. Cete configuration est à peu près celle d’un autre hydravion de course, le Macchi M.33, qui participa à la coupe Schneider de 1925 (il obtint la troisième place), mais l’aile est placée sur le fuselage et la dérive (beaucoup moins fine que l’originale) est arrondie et ressemble à celle d’un gros trimoteur CANT Z.506, avec un montage remontant à la première guerre mondiale…Macchi avait ses ateliers à Varese, à quelques cinquante kilomètres, au NW de Milan, où Porco se rend pour faire réparer sa machine. C’est là qu’on remplace son moteur d’origine par un Ghibli “Folgore” avec un radiateur plus moderne placé sous l’avant du fuseau moteur. Ce moteur V12 fictif (qui ressemble à un Fiat AS.2 qui propulsait le Macchi M.39 en 1926) est décrit comme ayant équipé l’avion italien “battu de justesse” par un Curtiss américain lors du Trophée Schneider de 1925, qui s’était tenu à Baltimore. Or ceci est inexact, l’italien De Briganti, sur Macchi M.33, arriva troisième derrière un Anglais sur Gloster III, la coupe ayant été gagnée par James Doolittle sur Curtiss R3C-2. Or le Macchi était équipé d’un moteur…Curtiss D-12 de 435 chevaux seulement et il ne dépassa pas 278 km/h, contre 394 pour l’Américain….

    Ok. ^^

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #398439

    Ah ouais, complexe. Comme quoi Miyazaki en a pris et en a laissé (d’ailleurs on imagine mal dans le film Porco passer de l’Adriatique au NW de Milan !). Mais le fait est que la firme “Curtiss” équivaut fort au pilote “Curtis”, ça c’est frappant !… Comme tu le signales, Tom, Miyazaki a pu à l’époque n’avoir accès qu’à une documentation un peu imprécise sur quelques points, et lancer son imaginaire à partir de ce déjà beau substrat (imaginaire qui serait tué par un excès de rigueur d’ailleurs, à mon sens).
    Je vais aller voir cet intéressant site.
    Ha ha, l’avion de Porco à quai à côté de l’île ? Je file à mon DVD !

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #398740

    A vrai dire, j’ai revisionné enfin le final, et Fio y parle en effet de rentrer à Milan ! Quand Curtis lui parle de renouveler sa demande en mariage dans les formes, elle répond qu’elle a déjà pris sa décision d’épousailles : rester avec Porco (les femmes aiment les cochons, selon une chanson paillarde de carabins que je connais). Mais c’est lui qui lui dit “Toi tu rentres avec Gina !” et la place de force dans l’avion de celle-ci, qui se contente de remarquer “Tu ne changeras jamais !” Alors Fio se penche et embrasse Porco sur la bouche ; il tombe sous l’eau et c’est en réémergeant que Curtis va remarquer son visage changé !
    On croit bien par la suite distinguer depuis le “Piccolo” l’hydravion rouge posé à la pointe de l’île-hôtel, là où Gina prend le frais sous la pergola (qu’on nous montre à nouveau juste aux dernières images).

    Du côté de Kiki, ou “Majo no takkyubin” (1989), c’est plus incertain pour le datage de contexte. Dès le début, Kiki écoute un petit transistor, et la loco du train où elle s’abrite de l’orage nous confirme un équipement électrique moderne 1960, sans compter la musique de sa radio très “premier rock-and-roll”. Mais sur son balai elle croise un étrange biplan à hélice très ringard pour cette date ! Et la ville où elle aboutit est “historique”, de style germano-italien, avec blasons, enseignes en ferronnerie, inscriptions en graphisme gothique, nous renseignant donc mal… On y constate des tramways, des voitures plutôt 1950, mais aussi des antennes-râteaux de TV sur quelques toits !
    C’est en Angleterre vers 1936 (et en Allemagne, pour les JO) que la TV quitta le stade du prototype, mais elle n’équipait alors que certains rares et huppés fans de minuscules images très floues, ou bien des cafés haut de gamme, pour le sport en direct. Les Américains en nettement plus grand nombre purent suivre la Seconde Guerre mondiale sur (encore très) petit écran. Les Allemands l’implantèrent en France en 1941 à l’usage de leurs soldats et nous héritâmes de leur émetteur sur la Tour Eiffel. Les récepteurs des années 45 / 50 comportaient souvent une grosse loupe à placer devant l’écran, dont une intégrée au meuble et remplie d’huile (!) en 1948, tant l’image était petite. En 1953 on passa au 819 lignes, doublant la netteté. L’Europe ne connut une ample expansion de la TV et des dimensions acceptables qu’à partir de 1963 / 1964. C’était le HS du cuistre de service.
    Dans Kiki on aperçoit des récepteurs TV d’allure typiquement 1953 /1955, d’abord chez la voisine des boulangers qui possède une chatte blanche, puis chez la première cliente de Kiki, mais la petite sorcière lors de cette première livraison survole à nouveau un hydravion biplan à hélices totalement démodé (Miyazaki pensait-il déjà à “Porco Rosso” ? On voit aussi passer un camion décoré d’une tête de cochon à grand sourire et chapeau haut-de-forme !).
    Ce film est très jouissif à regarder pour ses détails, d’une richesse incroyable même par rapport aux films suivants ! Et la beauté de la ville, de ses rues, de son site maritime se trouve constamment mise en relief : on rêve d’un séjour touristique là-bas. D’ailleurs on y voit une grande statue de cavalier en armure qui n’est autre que… le célèbre “Colleone” de Venise ! L’étude géographique, celle des LIEUX, en fait domine le souci historique. Par exemple le soleil se lève sur l’arrière de la boulangerie, face à la chambre de Kiki, et un peu plus tard on constate qu’en effet la façade du magasin est à l’ombre ; le jardin est parfaitement cohérent quel que soit le changeant angle de vue, ainsi que l’intérieur du magasin et autres lieux.
    Du coup j’avance très lentement !

    Xanatos
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    Xanatos le #399114

    Yupa et Bub, je tiens à vous dire que j’adore vos analyses sur Porco Rosso que je trouve vraiment passionnantes et  très recherchées ! 😀

    Elles me permettent même de voir certains éléments de l’histoire de ce chef d’oeuvre de Miyazaki sous un autre angle et je piaffe d’impatience à l’idée de le revoir pour déceler les références que vous avez repéré ! 😀

    Merci aussi à toi Tom pour tes informations sur l’avion de Porco Rosso ainsi que ton lien.

     

     

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #399216

    C’est bien certain, Xan’, Porco Rosso mérite d’être vu, revu et re-re-revu !
    mais j’en dirais à présent autant de Kiki la petite sorcière, peut-être légèrement oublié dans la production Ghibli.
    C’est un chant d’amour lyrique pour une magnifique ville. Peut-être Dubrovnik comme il a été dit : les noms semblent vaguement austro-croates à l’image de la côte adriatique du vieil empire d’Autriche-Hongrie, et la cité est bel et bien cerclée de murailles et tours comme Raguse / Dubrovnik (on le découvre après que Kiki ait accepté la virée à vélo-hélice avec Tombo).
    La boulangerie où Kiki s’installe grâce à Osono s’appelle Gütiokipänjä et son enseigne est un bretzel typiquement Sud-allemand.
    L’époque, je dois le répéter, reste un peu floue : les voitures en ville gardent un look davantage fin 1930 que 1950 malgré les récepteurs TV (la fin du film est largement vécue par les amis de Kiki à la TV “819 lignes”). Le dirigeable est carrément impossible après-guerre, car l’accident terrible du “Hindenburg” en 1936 et ceux de ses concurrents britanniques ou américains coulèrent totalement cet engin avant 1938. Le four électrique de la vieille dame qui veut envoyer une tourte par Kiki est ultra-moderne même pour 1960 !
    En bref, ici Miyazaki a joué avec les datations.
    Plus intrigants sont les petits mystères : d’où vient la soudaine perte de pouvoir magique de Kiki ? est-ce de sa crise de jalousie lorsque Tombo s’enthousiasme de suivre d’autres filles pour visiter le dirigeable, marquant alors une “perte d’innocence”, une entrée dans la puberté ? ou bien de sa maladie un peu avant (se contentant d’aller à pied porter le paquet à Tombo, elle n’a pas vérifié pouvoir encore voler) ? ou encore le responsable est-il Jiji, qui “lâche” Kiki pour la chatte blanche et ne sait plus parler ? Peut-être une sorcière sans chat noir magique n’est-elle plus grand-chose ?? Ha ha !!
    Le final est très réussi, par son suspense-climax et les vols ahurissants d’acrobaties du balai-brosse ! Une postface très sympa aussi, mais ouin, Jiji ne sait définitivement plus parler !
    La fille-peintre de la forêt est un personnage remarquable, et quoi de plus ironique que de la voir essayer de croquer en dessin Kiki, laquelle n’est autre qu’un dessin ?? “Mise en abyme” dit-on, une des plus séduisantes que je connaisse.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #399402

    Merci beaucoup Xanatos pour tes compliments sur nos “études porcorossiennes” !
    Je voudrais y revenir un peu pour la fin en te demandant, Bub, comment tu interprètes au juste la phrase finale de Fio “Et le pari que Gina a fait avec elle-même est devenu notre secret à toutes les deux”. Il faudrait d’ailleurs comparer ici à la VO nippone.

    J’ai envie aussi de le répéter : pour la beauté des vues, depuis les immenses paysages semi-marins survolés jusqu’aux petites rues urbaines de pavés à magasins hyper-pittoresques, pour les effets de plongée / contre-plongée et de voltige aérienne en balai, pour le soin topographique extrême, rien n’égale Kiki la petite sorcière ! J’ai failli me le remettre après étude fragmentée juste pour profiter de ces lieux superbes et du climat si lumineux (mais coupé de dures averses ou bourrasques).
    Au fait j’ai relevé une erreur de cohérence géographique, sauriez-vous la repérer aussi ?

    Kiki frappe le spectateur car elle est tout à fait attachante et “vraie” (une jeune actrice en chair et en os n’aurait jamais pu paraître aussi authentique), mais aussi le joli chat Jiji, l’adorable boulangère enceinte jusqu’aux yeux, son mari mutique mais qu’on devine si brave homme, la vieille dame et sa servante, la fille-peintre forestière, le peu futé Tombo (qui évoque de près le Jean de “Nadia” !)…
    Et le plus génial du film, c’est la manière dont les gens lambda voient une sorcière, genre “Wah ! exceptionnel ! mais bon, parfois cela peut se rencontrer.”
    Film donc proche de Totoro, mais plus “fort” car construit de même sur presque rien + magie, mais si les deux enfants ont pu rêver un monde parallèle totoresque absent de la réalité des adultes, ici le magique y est intégré comme une normalité, simplement rare !

    Bub
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    bub le #399518

    Je voudrais y revenir un peu pour la fin en te demandant, Bub, comment tu interprètes au juste la phrase finale de Fio “Et le pari que Gina a fait avec elle-même est devenu notre secret à toutes les deux”. Il faudrait d’ailleurs comparer ici à la VO nippone.

    Oui, drôle de phrase finale, et tu fais bien de soulever la question de la traduction, car j’ai lu par ailleurs que la réplique où Fio dit « Porco n’a jamais donné signe de vie » se traduirait plutôt en « Porco n’est plus jamais revenu montrer sa figure » !
    Ce qui très clairement n’a plus du tout le même sens !!!!

    Combiné à l’apparition de l’hydravion de Marco accosté sur le quai derrière le jardin privé de l’hôtel (ce qui maintenant me parait complètement évident ! En plus, le bout de l’aile rouge du jet de Fio attire l’œil et incite le spectateur à orienter son regard sur ce point précis. C’est assez rapide, quasi subliminal, mais de toute évidence clairement voulu par le réalisateur vu comme c’est mis en scène), je ne peux que conclure à un happy end entre Gina et Marco.

    Donc sur cette phrase finale, qu’en dire ?
    D’abord, il y a cette histoire de pari de Gina.
    Il me semble qu’elle disait à un moment donné qu’elle attendait Marco dans son jardin privé pour qu’enfin il se décide un jour à venir la voir elle seule en tête à tête et non pas le soir à la vue de tous (ce qui renforce à mon humble avis ma thèse sur son sentiment de culpabilité adultérine).
    Après, un pari, c’est un jeu de hasard. Or, son nom de code radio à Gina c’est « As de cœur » !
    J’ai cherché pour voir s’il existait un jeu de carte italien qui pourrait donner un peu de sens à tout ça.
    Pas vraiment mais j’ai découvert que les « couleurs » des jeux de cartes allemands ne sont pas tout à fait les mêmes que nous connaissons en France : en Italie du nord est (la région où se déroule le film), on utiliserait plutôt les cartes hérités de l’empire austro-hongrois c’est-à-dire :
    – Les cœurs
    – Les grelots
    – Les feuilles
    – Les glands
    Les glands ! La nourriture préférée des… cochons !
    Entre parenthèse, dans le symbolisme, le gland est d’ailleurs synonyme de luxure (une paire de gland, c’est bien ce que vous devinez, ce qui fait un peu doublon avec la symbolique des cerises…) puisqu’associé… au porc.
    Bon, là je surinterprète, car à un aucun moment je ne me souviens que Marco soit associé à ce signe (par contre, dans la scène d’ouverture du film, on voit la pomme à moitié croquée de manière très ostentatoire ! si ça c’est pas un gros clin d’œil de Miyazaki sur le passif de Marco !).

    Reste qu’entre cette histoire de jeux de cartes, de pari, de défis, tous ces personnages qui « jouent à la guerre » pendant que le fascisme prend son essor à l’Italie, il y a comme un air de kermesse dans Porco Rosso.

    Donc on disait : « Et le pari que Gina a fait avec elle-même est devenu notre secret à toutes les deux ». Toutes les deux ? Il me semble que la phrase dit juste : « blablabla est devenu notre secret » tout court.

    Du coup, leur secret à toutes les deux ou bien « notre secret » à Gina, Marco, Fio et les spectateurs ?

    Cette phrase n’a vraiment pas beaucoup de sens à première vue.
    Déjà, un pari, c’est une sorte de jeu de hasard, alors le résultat d’un coup du sort a-t-il nécessairement besoin d’être confiné au secret ?
    Parce que si l’avion de Marco est dorénavant amarré au quai de Gina, il ne doit faire mystère pour personne parmi les familiers de l’hôtel que Marco et Gina roucoulent enfin ensemble, non ? (imaginez : « hey salut tout le monde ! ya l’engin du cochon rouge là-bas, quelqu’un l’a vu dans le coin ? et au fait où est Gina ? tiens d’ailleurs on ne la voit plus quand le cochon est dans les parages ! sûrement une drôle de coïncidence ! »)
    Alors quel pari ? quel secret ?

    Refaisons un peu la chronologie :

    On se souvient que le premier mari de Gina, c’est le malheureux (et cocu à mon avis) Berlini.
    Celui-ci meurt pendant la guerre et Marco l’accompagne jusqu’aux limbes, avant que le « Ciel » ne le renvoie vers le monde des vivants.
    A ce moment-là, Berlini pilote un avion qui porte le n°1 et celui de Marco porte le n°4 :


    Si Berlini est le mari de Gina n°1, que les deux autres sont les n°2 et n°3, alors Marco était-il prédestiné à être le n°4 ? Et en ce cas, le « Ciel » lui a-t-il accordé une seconde chance afin qu’il concrétise son amour avec Gina ?
    Sachant que Gina est veuve des trois anciens copains de la bande, peut-être que son vœu le plus cher est de ne plus perdre l’homme qu’elle aime ? Vœu qui serait ainsi partagé en secret par Fio, qui aimerait encore Marco malgré le passage des ans ?
    Attention hein ! Je dis ça je dis rien !
    Mais comment comprendre autrement cette phrase qui clôture le film sur une déclaration confuse au possible ?

    Donc Marco est bel et bien revenu d’entre les morts, « Porco » n’a plus jamais remontré sa face (sous-entendu, Marco ne culpabilise plus) et Gina (qui a gagné son pari de reconquérir Marco) et Fio partagent le vœu que l’homme qu’elles aiment toutes les deux ne disparaissent plus jamais. Tel serait alors leur secret partagé.
    Sous réserve que la version originale ne dise pas tout à fait autre chose !

    Dernier point qui me chagrinait : Fio a vu l’ancien visage de Porco.

    J’ai ENFIN compris comment et pourquoi !

    Voici à quoi ressemble l’entrée du repaire du cochon volant :

    Dans les contes, et particulièrement chez Miyazaki, le tunnel, ou portail, est le passage qui mène au monde des esprits (l’équivalent est la forêt et son orée). Or chez Miyazaki, seuls les enfants sont capables de lever le voile de l’illusion pour voir le monde des esprits tel qui est : Totoro, Chihiro, Ponyo…


    Et même Nausicaä ! La seule de son monde qui connait la vraie nature de la forêt. La façon dont elle entre dans la forêt rappelle justement la mise en scène du portail vers l’autre monde.

    Ce que j’en conclue, c’est que le repaire de Porco est comme une zone de magie, un monde à part. Les adultes qui s’y introduisent n’y voient rien de particulier (Porco est toujours Porco à leurs yeux – tout comme les parents de Chihiro ne voient dans le parc qu’un simple parc), mais une enfant, elle, parvient à surmonter l’illusion et deviner le visage réel de Marco (tout comme Chihiro découvre le monde des esprits vivotant dans le temple du bain). Fio n’étant plus tout à fait une enfant (elle pose des questions indélicates sur le passé de Marco, mais a une conception naïve de l’amour), sa vision ne dure qu’un instant, et de nuit, l’heure des esprits, comme chez Chihiro, mais le fait est qu’elle capable comme ses homologues des autres œuvres du maître de passer « de l’autre côté du miroir ».

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #399580

    Je voudrais y revenir un peu pour la fin en te demandant, Bub, comment tu interprètes au juste la phrase finale de Fio “Et le pari que Gina a fait avec elle-même est devenu notre secret à toutes les deux”. Il faudrait d’ailleurs comparer ici à la VO nippone.

    Oui, drôle de phrase finale, et tu fais bien de soulever la question de la traduction, car j’ai lu par ailleurs que la réplique où Fio dit « Porco n’a jamais donné signe de vie » se traduirait plutôt en « Porco n’est plus jamais revenu montrer sa figure » !
    Ce qui très clairement n’a plus du tout le même sens !!!!

    Combiné à l’apparition de l’hydravion de Marco accosté sur le quai derrière le jardin privé de l’hôtel (ce qui maintenant me parait complètement évident ! En plus, le bout de l’aile rouge du jet de Fio attire l’œil et incite le spectateur à orienter son regard sur ce point précis. C’est assez rapide, quasi subliminal, mais de toute évidence clairement voulu par le réalisateur vu comme c’est mis en scène), je ne peux que conclure à un happy end entre Gina et Marco.

    Donc sur cette phrase finale, qu’en dire ?
    D’abord, il y a cette histoire de pari de Gina.
    Il me semble qu’elle disait à un moment donné qu’elle attendait Marco dans son jardin privé pour qu’enfin il se décide un jour à venir la voir elle seule en tête à tête et non pas le soir à la vue de tous (ce qui renforce à mon humble avis ma thèse sur son sentiment de culpabilité adultérine).

    Donc on disait : « Et le pari que Gina a fait avec elle-même est devenu notre secret à toutes les deux ». Toutes les deux ? Il me semble que la phrase dit juste : « blablabla est devenu notre secret » tout court.

    Du coup, leur secret à toutes les deux ou bien « notre secret » à Gina, Marco, Fio et les spectateurs ?

    Toujours aussi passionnantes, tes recherches, Bub !
    Du coup j’ai voulu farfouiller dans mon art-book “Kurenai no buta” en langue nippone, qui par chance retranscrit toute la postface en voix off par Fio. Que dit-elle ?
    Watashi ga Milano ni kaeru hi ga kite mo Porco wa sugata o misete kure nakatta
    “Bien que je sois rentrée à Milan, jusqu’à ce jour-là Porco n’a pas voulu se montrer”
    Une ambiguïté reste pour la suite, certes (quant à “sugata” ça peut être la figure, oui, mais aussi la personne, la dégaine, la silhouette), cependant Fio ajoute :
    demo sono kawari ni watashi wa Gina-san to mondô ni yoi tomodachi natta
    “Mais à la place en dialoguant avec Gina nous sommes devenues très bonnes amies”
    Hé oui, “kawari ni” c’est bien “à la place”, ce qui signe en tout cas le renoncement de Fio.
    Amitié sans aucun doute pure mais un peu tendre puisqu’elle dit plus loin :
    Gina-san wa masu masu kirei ni natte
    “Gina devient de plus en plus belle”
    Et la toute dernière phrase de Fio est :
    Gina-san no kake dô natte ka wa — watashitachi dake no himitsu —
    “A propos de comment a tourné le pari de Gina (voix plus basse), c’est le secret de seulement nous”. Je fais du mot-à-mot exprès, le sous-titre en français donne “Quant au dénouement du pari de Gina c’est devenu notre secret à toutes les deux”.
    Ce qui semble montrer que malgré les difficultés que tu soulignes à juste titre, Bub 🙂 seules Gina et Fio savent. Enfin croient-elles.

    Un point curieux est l’utilisation de la chanson “Le Temps des Cerises” (que Porco écoute à la radio dans sa base secrète et que chante superbement Gina à l’Hôtel Adriano). En France elle est assez connue comme “de front de gauche” par Yves Montand qui la chanta, ex-communiste qui ensuite dé-chanta comme beaucoup. C’était l’hymne de la Commune, non pas à cause des paroles d’amour mélancolique mais parce que son auteur Jean-Baptiste Clément était un Communard véhément qui avait ce succès populaire à son actif. Miyazaki le savait-il ? En fait-il un contrepoint “de gauche” à l’environnante Italie fasciste ? En tout cas mon précieux art-book en donne en français le texte intégral. J’en conclus que ce sont plutôt les lyriques paroles amoureuses qui l’intéressent. Ou les cerises en grelots ??

    Ah que d’excellentes remarques sur les “tunnels” Miyazakiens, Bub !

    Tom-Le-Chat
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    Tom Le Chat le #399588

    Un point curieux est l’utilisation de la chanson “Le Temps des Cerises” (que Porco écoute à la radio dans sa base secrète et que chante superbement Gina à l’Hôtel Adriano). En France elle est assez connue comme “de front de gauche” par Yves Montand qui la chanta, ex-communiste qui ensuite dé-chanta comme beaucoup. C’était l’hymne de la Commune, non pas à cause des paroles d’amour mélancolique mais parce que son auteur Jean-Baptiste Clément était un Communard véhément qui avait ce succès populaire à son actif. Miyazaki le savait-il ? En fait-il un contrepoint “de gauche” à l’environnante Italie fasciste ? En tout cas mon précieux art-book en donne en français le texte intégral. J’en conclus que ce sont plutôt les lyriques paroles amoureuses qui l’intéressent. Ou les cerises en grelots ?? Ah que d’excellentes remarques sur les “tunnels” Miyazakiens, Bub !

    Miyazaki a été syndicaliste du temps où il bossait chez Toei, je crois aussi qu’il était assez proche des milieux communistes dans sa jeunesse mais comme beaucoup de monde il a déchanté. A l’époque de la sortie du film en France, les journalistes français l’interrogeaient naturellement sur cette chanson et il connaissait bien ses origines communardes.

    Wikipedia donne cette citation :

    Lors d’une interview, à la question « Pourquoi chante-t-on <i>Le Temps des cerises</i> ? », Hayao Miyazaki répond : « Parce que le socialisme a échoué. Cela reflète mon amertume. […] Quand j’étais jeune, je voulais être communiste et j’aimais beaucoup cette chanson. […] Je me suis rendu compte que l’être humain ne pouvait pas être assez intelligent pour accomplir les idées de Marx. Quand j’ai réalisé <i>Porco Rosso</i>, cela m’a fait beaucoup de peine, c’était très dur pour moi.

    Portrait d’un cochon volant, p.83

    [Insérez une citation qui donne l'air intelligent ici]
    null
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    Bub
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    bub le #399598

    Un point curieux est l’utilisation de la chanson “Le Temps des Cerises” (que Porco écoute à la radio dans sa base secrète et que chante superbement Gina à l’Hôtel Adriano). En France elle est assez connue comme “de front de gauche” par Yves Montand qui la chanta, ex-communiste qui ensuite dé-chanta comme beaucoup. C’était l’hymne de la Commune, non pas à cause des paroles d’amour mélancolique mais parce que son auteur Jean-Baptiste Clément était un Communard véhément qui avait ce succès populaire à son actif. Miyazaki le savait-il ? En fait-il un contrepoint “de gauche” à l’environnante Italie fasciste ? En tout cas mon précieux art-book en donne en français le texte intégral. J’en conclus que ce sont plutôt les lyriques paroles amoureuses qui l’intéressent. Ou les cerises en grelots ??

    Je me suis aussi intéressé à cette chanson très connue : elle a été écrite en 1866, soit 5 ans AVANT la Commune. Ce n’est que plus tard, en 1885, que son auteur l’a dédicacée dans un recueil à une figure de la Commune, “A la citoyenne Louise, l’ambulancière de la rue Fontaine au Roi, le dimanche 28 mai 1871”.
    Miyazaki, le syndicaliste et socialiste, devait bien connaître le contexte de cette chanson, ou du moins a dû faire un minimum de recherche dessus pour la mettre en musique dans son oeuvre.

    Cette innocente chansonnette avait donc bien à l’origine un sens plus terre à terre, sans être grivoise pour autant. ^^

    Après sur ces histoires de traduction des dernières répliques de Fio, je m’en tiendrai, au vu des éléments nouveaux que tu donnes, à la version du “elles sont les meilleures amies du monde”.

    Si j’en crois le site aéromovies, le petit jet de Fio correspondrait à ce qui se faisait dans les années 50 jusque dans les années 70.
    Oui, on peut dire que le temps a vraiment passé ! Quelque chose genre 25 ans au moins. Les pirates ne sont-ils pas devenus de paisibles vieillards après tout ?
    Je note en passant qu’ils jouent aux échecs, l’un deux astiquant son club de golf (encore des jeux !).

    Donc, “belle”, Gina doit toujours l’être, assurément, mais je pense que ce passage de quart de siècle a son importance dans tout ça : la seconde guerre mondiale doit être derrière, le fascisme mort avec Mussolini, etc.
    Ceci dit, au bout de 25 ans, le vieux coucou de Marco peut-il encore voler ou est-il définitivement amarré au quai de Gina ?

    Alors que s’est-il passé pendant tout ce temps pour Marco, Gina, Fio ? ça fait trop de choses à spéculer il me semble, pour tenter de décrypter pertinemment quelques phrases difficilement traduisibles.
    Vais encore un peu y réfléchir, mais je pense qu’on file vers une impasse.

    Xanatos
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    Xanatos le #399602

    Ahlàlàlà, il n’y pas à dire, Yupa et Bub, je me régale à lire vos messages qui sont de véritables mines d’information, tant ils sont à la fois instructifs et ludiques ! 😀

    Pour la chanson “Le Temps des Cerises”, j’ai une anecdote à raconter au sujet de cette célèbre chanson.

    Quand Porco Rosso est sorti dans les salles obscures en 1995 et en VHS en 1996, pour la version française, c’est la comédienne Sophie Deschaumes (la voix française de Gina) qui interprète la chanson. Cependant, les ayant droits de Ghibli ont été très mécontents: en effet, Tokiko Kato la seiyuu de Gina dans la version originale interprétait bel et bien en français cette chanson, elle s’est énormément appliqué pour respecter l’accent Français et elle a fait son maximum pour lui faire honneur.

    Ils ont exigé que ce soit elle que l’on entende dans les futures éditions du film, même en version française.

    Et depuis que le film est sorti en DVD, c’est la version de Tokiko Kato que nous entendons, en VOSTFR comme en VF. Autant dire que cela a rendu la VHS encore plus “collector” !

     

    A noter aussi que Porco Rosso fut le premier film d’animation japonais sorti en DVD au pays du soleil levant où on avait la version française et des sous titres français !

    En effet, Jean Reno l’interprète de Marco Pagot/Porco Rosso était l’acteur Français le plus aimé et le plus populaire auprès des spectateurs Japonais et l’éditeur avait pensé que cela favorisait les ventes du film en DVD si la piste audio française était présente !

    Hayao Miyazaki est également un grand fan de Jean Reno et il a été très heureux d’apprendre que c’était cet acteur qui interprétait son héros en version française.

     

    De plus, Miyazaki avait gardé de bons souvenirs d’une série animée à laquelle il a participé et dont il a réalisé quelques (magnifiques !) épisodes: Sherlock Holmes.

    Les producteurs Italiens s’appelaient Gi Pagot et Marco Pagot.

    Miyazaki a donc fait une contraction entre leurs noms qui a donné lieu à Marco Pagot ! 🙂

    Autre lien avec Sherlock Holmesle grand père de Fio est interprété par Gérard Hernandez qui fut la voix française du professeur Moriarty, l’ennemi juré de notre héros ! 🙂

     

    professeur Moriarty

    Veggie11
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    Veggie11 le #399603

    Pour la chanson, j’avais hésité à acheter une VHS du film un temps, mais je ne sais pas si pour une chanson j’irai jusque là. D’autant plus que je risque davantage de tomber sur des cassettes Secam. Or mon magnétoscope ne lit que le pal et le NTSC (ce qui est bien pratique pour les VHS américaines et japonaises)…

    En parlant de Miyazaki, je suis actuellement sur ”Conan le fils du futur”. J’avais acheté les coffrets DVD il y a 3 ans tout juste, mais je n’avais pas encore regardé l’anime en entier. J’avais découvert la série en 2003 lorsqu’elle fut rediffusée sur la TSR, mais je n’avais que de vagues souvenirs à son sujet, sinon que l’histoire avait pour thème principal l’écologie (ou quelque chose similaire) et que le héros s’appelait Conan. D’ailleurs anecdote amusante, lorsque j’ai découvert le manga de Détective Conan sur le site de Kana (qui avait encore son fond d’écran rouge), je me suis demandée sur le moment si la BD avait un lien avec la série animée 😆

    Pour en revenir à la série donc, je n’ai vu que 9 épisodes pour l’instant, mais j’ai déjà l’impression qu’elle réunit tout ce qui fera le succès des films de Mimi par la suite. On y trouve des situations similaires ou même des scènes animées très proches du ”Château de Cagliostro par exemple”. Pourtant, j’ai remarqué que l’anime était vraiment très mal connu en France, y compris des fans du réalisateur. J’ai évoqué ce visionnage sur un autre forum et une internaute qui adore les films de Miyazaki ne connaissait pas du tout Conan. Certes elle n’avait pu connaître la diffusion de l’anime à l’époque (elle a 25 ans), mais il semble que les adeptes des films Ghibli ne s’intéressent absolument pas à la carrière d’animateur/jeune réalisateur de Miyazaki.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #399613

    C’est très bien, Conan le fils du futur ! Et en effet Veggie on y trouve en pleine germination bien des oeuvres à venir du maître. C’est par sa diffusion (sur l’ex-chaîne “la 5” il me semble) que j’ai découvert avec étonnement un formidable narrateur japonais, un vague tartempion Yohao Mizayaki pas connu du tout en ce temps-là en France mais qui me scotchait devant chaque épisode ! D’ailleurs il manque à ma collec’ et il faut que je le trouve, ce Conan.
    Merci Tom pour les précisions, et bien sûr Miyazaki ne pouvait ignorer l’aura socialiste de la chanson. Vers 1968, la Révolution Culturelle lancée “au nom de la jeunesse” juste avant par Mao a fait le tour du monde et soulevé les étudiants à Tokyo, à San Francisco (Berkeley) et à Paris entre autres, et nombre de jeunes Japonais ont adhéré ensuite au gauchisme du “gekiga”. En 1992 un ami japonais m’avait demandé un CD de la chanson “par une chanteuse française”, mais je n’avais trouvé que la version d’Yves Montand ou d’autres chanteurs masculins, je m’en souviens. On n’avait pas les moyens d’aujourd’hui, hein !
    Le profil de Porco que découvre Fio sur l’île ou qui apparaît dans son avion de 14-18 est très proche de celui de Jean Reno, qui fit un énorme succès au Japon avec “Léon” (mais pas tellement avec “Wasabi”).
    Oui, Bub, le petit jet de Fio est très voisin du célèbre Fouga Magister, avec empennage en V, des années 50 à 70, un léger avion d’entraînement au pilotage.
    Et alors ya personne qui a repéré l’erreur topographique dans Kiki?? A quoi ça sert que Yupa y se décarcasse ? Allez, un indice : c’est rapport à une carte géographique.

    Bub
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    bub le #399847

    Je rejoins Yupa concernant Conan : outre que la série est d’excellente facture et n’a pas tant vieilli que ça, elle pose les bases de tout un tas d’oeuvres à venir.

    Sinon je vois pas l’erreur dans Kiki !

    Tu parles de cette carte ?

    La même ici mais en totalité.

    Muf ?

    Il y a une incohérence entre la façon dont est mis en place le décor et la configuration de la ville vue du ciel ? C’est l’espèce de lac en haut à droite de la carte qu’on ne voit pas sur l’affiche ? Il manque le UI dans l’océan ? (hem… désolé j’ai pas pu résister, troisième degré… ^^°)
    J’ai pas moyen de voir le film, hélas… 🙁

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #399852

    Bel effort, mais incomplet Bub !
    Il s’agit en effet de la carte dont dispose Kiki en sa première mission (apporter un chat noir en peluche, un sosie de Jiji, à un gamin). Si la carte est bien orientée avec le Nord en haut (comme les lettres “UI” à gauche le laissent entendre), et la mer donc à l’Ouest, le soleil a pour habitude très casanière de se lever à l’Est (donc à droite). Or dans le film au lendemain de son installation chez les boulangers Kiki de sa chambre en ouvrant ses volets le prend en pleine figure en train de se lever sur la mer, à sa grande joie ! Car c’est ce qu’elle voulait dès le début : voir la mer ! Mais si le soleil se lève c’est à l’Est ! Aussi ne peut-elle le voir se lever sur la mer depuis sa chambre…
    Niark niark, je suis implacable avec Hayao, malgré mon culte inconditionnel pour lui.
    J’espère bien que tu vas te procurer le DVD de “Kiki”, Bub ! Je suis sûr que tu en tirerais autant et plus que moi ! :-).

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #401229

    Comme on en revient toujours au Maître, je pense farfouiller un peu dans Mononoke Hime.
    Pour l’époque ya pas de lézard : comme dit plus haut, la place forte en rondins et palissades de Dame Eboshi est un “yashiki”, une des résidences fortifiées en bois de la fin 15ème / début 16ème siècle de la très troublée ère Sengoku, lieux de refuge pour les populations menacées par les bandes errantes de guerriers en déroute (la France a connu cela mais plutôt aux 11ème / 12ème siècle). Plus tard les yashiki deviendront des “jô”, des châteaux-forts, dans le dernier quart du 16ème siècle. On est nettement avant, mais déjà Dame Eboshi maniant un des tout premiers mousquets japonais, vers 1550 et pas avant. Les costumes concordent. Sauf ceux d’Ashitaka et de son peuple.
    A cause de la géographie cette fois : comme le montre l’Art-book du film qui met en carte le trajet du jeune héros chevauchant un genre de cerf, il est parti de la zone d’Aomori à l’extrême Nord de Honshu, lieu de vie d’un peuple aborigène (les Emishi, et non pas les Aïnou). Et il traverse presque toute la grande Honshu puisqu’il aboutit en Izumo, le pays de San et Eboshi.
    Or Izumo pour les Japonais évoque un passé semi-légendaire, pré-dynastique, haut lieu du plus ancien culte shinto et précédant même les sanctuaires d’Ise. “Terre des dieux” donc !
    Moi je n’en ai pas trop le temps, mais analyser ces dieux bien étranges et peu conformes à la mythologie classique japonaise serait intéressant.

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