HUMEUR : Gambatte !

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En regardant la série télé de Bakuman, j’ai été frappé de la récurrence du « Gambatte » (« Bon courage »), sous une forme ou une autre. « Faites de votre mieux ! », « Travaillons dur ! », « Donnez le maximum ! ». On entend ce genre de formule répétée pas loin de dix fois par épisode ! Bien sûr, ce n’est pas le seul anime ou manga où ce terme est utilisé. Au Japon, souhaiter « Bon courage » ou un « Bon travail » à un camarade ou une relation participe des règles de politesse. Mais à force de l’entendre répéter sans arrêt dans Bakuman, j’ai fini par me sentir interloqué.

Le goût de l’effort et du travail bien fait : voilà la thématique fondamentale de Bakuman. La série déploie une véritable éthique du travail. L’être humain ne se réalise que dans un projet (en l’occurrence, la création d’un manga), à travers l’exercice de son être (réflexion, dessin), et ce au mépris du corps (fatigue, anxiété…) dont il faut faire abstraction pour devenir un pur être en action.

Dans notre société française, une telle éthique paraît inconcevable (encore que : le film Le Diable s’habille en Prada mérite d’être revu à la lumière de cette réflexion). Jamais, que ce soit à l’école ou en entreprise, de telles formules d’injonction à l’effort et au travail bien fait ne se font entendre avec une telle force.

Et pour cause. Nous ne supportons pas l’idée de vivre pour notre travail (on peut, là aussi, regarder le film Fight Club qui s’intéresse en partie à cette problématique). Oui, mais… si notre travail devenait notre passion, ou l’inverse, une telle éthique ne deviendrait-elle pas possible ? Et si oui, nous conduirait-elle au bonheur ?

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A propos de l'auteur

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  1. Subaru64

    Personnellement, je suis plus adepte du "travail c'est la santé, rien faire c'est la conserver" ! Faire un travail par passion, ok ! Là, même pas besoin d'encouragement pour le faire. Malheureusement, je pense que dans la plupart des pays, on fait avant tout son travail pour gagner sa vie. Du coup, on aurait bien besoin d'être encouragé (plutôt que vilipendé ou déprécié), pour nous motiver.

    Pour le reste, l'expression "bon courage" ou autre, ce n'est pas que dans ce genre de manga que l'on peut en voir. Dans le manga et l'animation japonaise (mais pas que), on met souvent en avant le dépassement de soi. Que ce soit dans Bakuman, Saint Seiya, DBZ, Pokemon, Naruto (le shonen en général), Candy, etc… on nous montre souvent des personnages qui doivent aller au bout de leur limite, voir même au delà (comme avec le 6ème sens dans Saint Seiya) ! Donc, quoi de plus "naturel" pour un japonais, que d'entendre ce genre d'expression. Que ce soit dans la vie réelle, ou dans la fiction.

  2. Cruz

    Ps: cela me fait penser au travail D Hiroshi Hiarata et sur ce qu il appel "son obligation à dessiner" pour gagner sa vie.
    Il s est accompli en qualité de mangaka/artiste et donc en tant qu homme (création d une œuvre, porte drapeau du gekiga ?) et pourtant, la raison économique l a souvent emporté sur sa réelle volontés d être éditer ( d après ses propres dire

  3. Cruz

    Pour se recentrer sur Bakuman, le récit demeure une formidable source de motivation. Même si cela demeure du nekketsu, une grande fraîcheur s y dégage et il est difficile de ne pas redoubler d efforts pour atteindre "nos" objectif, surtout pour les lecteurs passionés de dessin wink.gif

  4. Lord-Yupa

    Je possède un psychotest (utilisé dans des séminaires de formation) qui montre assez bien que nous, Franco-Européens, sommes porteurs de 6 éthiques concurrentielles et superposées, 6 types de morale, et chacun a une tendance à en préférer une (parfois 2) aux autres, selon sa personnalité.
    Il s'agit de :
    – la morale de l'honneur et du groupe
    – la morale chrétienne
    – la morale rationnelle / juridique
    – la morale du travail
    – la morale égalitaire
    – la morale de l'amour romanesque
    ceci par ordre à peu près chronologique, associé à l'influence de certaines classes socio-culturelles. Il est très marrant de faire ce test en groupe, et de compter les coups…
    Au Japon, je pense de même, malgré une histoire moins complexe, qu'il n'y a pas UNE éthique, mais plusieurs. La morale du travail n'est sûrement pas donc seule en fonction, même si elle nous frappe par rapport à son statut moins prestigieux en France.
    Comme Nico en tout cas, je salue toujours les gens dont je suis le formateur d'un "Bon courage!" car j'apprécie beaucoup qu'on me le dise quand je dois fournir un effort.
    Toutefois j'ai appris qu'au Japon on ne doit pas user n'importe comment du "Gambatte!", car cela peut être pris comme un constat que jusque là les gens à qui on le dit n'ont pas foutu grand-chose… Aïe !

  5. Onishiro

    "les Français ont plus la possibilité de choisir leur travail et souhaitent travailler de leur passion. "

    Plus de possibilité je vois pas pourquoi
    Ensuite souhaité et le faire c'est deux je sais ce que je dit sad.gif

    Perso j'ai toujours dit préféré faire un métier qui me plait que de faire un que j'aime pas même pour gagner plus.

    Pour moi l'idéal c'est pas le salaire mais le fait de ne pas aller travailler a contre coeur et faire un métier qu'on aime malheureusement ce n'est pas si simple sad.gif

    et quand on fait un boulot qu'on aime pas l'utilisation du « Gambatte » peut aider ^^

  6. Steve-Naumann

    Je profite du jour de congé de Nicolas pour donner mon avis sur ce sujet.
    Tout d'abord, Nicolas ne cesse de nous encourager à la rédaction. Chaque jour, il nous dit "Bon courage!" (véridique) et au nom de tous, nous le remercions.

    Mais je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qui est exposé ici. Oui, avec Bakuman, nous sommes dans un manga sur la passion. Nous sommes en présence de héros qui aiment leur travail. Et ceci est extrêmement rare au Japon. Enfin, quand je dis aimer, c'est en être passionné. Les Japonais ont tendance à prendre le travail comme une action faite pour gagner de l'argent et se situer dans la société. Les Français ont plus la possibilité de choisir leur travail et souhaitent travailler de leur passion. Et je pense que les personnes qui travaillent plus que de raison sont plus nombreux que nous le pensons. Car la passion a dépassé la raison.

    Bakuman veut justement montrer une histoire où la passion aide à surpasser ses limites. C'est exagéré, mais nous sommes dans un manga nekketsu!
    Je vous conseille de trouver (car c'est épuisé depuis longtemps) le Gang Mazda, une BD qui racontait avec humour le quotidien d'un atelier de BD (y avait Darasse et Yslaire dedans pour ceux qui connaissent). Si parfois on voyait des gags sur les manières d'échapper au boulot, y en avait aussi où on ne les voyait pas dormir. Tout auteur de BD du magazine Spirou a un jour fait un clin d'oeil dans sa BD sur les conditions de rendu de travail, sur les charettes et nuits blanches. On est parfois proche de Bakuman.