[i]Le grand retour du topic des trucs bizarrement étranges.[i]

20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 29)

Posté dans : Manga & BD

  • Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286561

    Oyez oyez ! Ô vous fiers lecteurs au coeur aventurier, Ô vous chers amateurs d'oeuvres les plus inabordables de la création, Ô vous forumeurs explorateurs en quête perpétuelle de ravissement, ouvrez grands vos yeux !
    Il est là, il a ressuscité des tréfonds de la V2, oublié de presque tous, ignoré des petits nouveaux de la V3, oui, il est enfin de retour et il va à nouveau défricher les terra incognita de l'animation, de la BD et du manga.

    Oui, le topic des trucs bizarrement étranges est de retour.

    Petit rappel, ici seront chroniquées, analysées, vénérées les oeuvres les plus improbables, audacieuses, inclassables, expérimentales que nous pourrons croiser dans notre modeste existence d'humbles (a)mateurs de japanime et autre.
    Vous avez lu ou vu un OVNI ? Et bien ce sujet est fait pour en parler.
    Je rappelle à toutes fins utiles que des oeuvres comme Lain ou Evangelion ne rentrent ABSOLUMENT PAS dans cette catégorie. Vous pouvez jeter un oeil au lien ci-dessus pour vous faire une petite idée de l'esprit du précédent thread. Et pour mieux illustrer la chose, quoi de mieux que de vous proposer une oeuvre digne de ce nom ?

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286562

    Les éditeurs couillus d'Akata ont eu l'excellente idée de publier ma voie de père d'Hiroshi Hirata.
    Il s'agit dans une première partie d'un recueil de brèves histoires mettant en scène l'auteur lui-même et sa petite famille. Chaque chapitre fait 4 pages en moyenne et met notre auteur dans une situation quelconque qui est pour lui l'occasion de laisser libre court à ses réflexions artistiques ou métaphysiques, et tantôt de faire la leçon à ces "petits jeunes" et cons de gosses qui s'égarent sur la voie à suivre pour devenir des adultes. Ainsi Hirata explique à sa manière ce qu'il croit être important dans la transmission des savoirs père/enfants ( il en a 5, l'occasion de plaisanter à ce sujet dans un des chapitres ). Chaque leçon se fait généralement de façon exaltée, outrancière, histoire de bien enfoncer le clou sur la voie à suivre. D'autres chapitres plus métaphysiques jonglent avec les concepts, et certaines réflexions rencontreront un écho familier aux lecteurs de Vagabond ( surtout le moine Takuan ).
    En somme, ce fatras sans queue ni tête de réflexions et de leçons est comme une sorte d'autobiographie à la Hirata. Bordélique, humain, suranné, mais toujours sincère comme se plait à le rappeler l'éditeur. Toutes valent le détour, ne serait-ce que par leur humour ( souvent gras faut bien le dire, mais encore une fois les amateurs de philosophie orientale y retrouveront leurs marques, amateurs de Drukpa Kunley ce livre est fait pour vous ) si particulier.
    On trouve ensuite en plein milieu du recueil trois articles écrits par l'auteur sur les attentats du 11 septembre, les réflexions qu'il en a tiré.
    Et puis enfin la seconde moitié du livre est composée d'oeuvres diverses, dont le très gros morceau est un titre fantastico-gore humoristique, plutôt sympa. Quelques sketch débiles ( dans le bon sens du terme ) clôturent le volume.

    Akata s'est donc clairement fait plaisir en publiant cette oeuvre dont il n'en tirera rien du tout, mais c'est vraiment tout à leur honneur et la densité du bouquin fait que l'on y reviendra régulièrement, à coup sûr.

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286563

    Je suis tombé par hasard sur cette nouvelle publication des éditions "Le lézard noir".
    Pour faire simple, disons que c'est une sorte de guide illustré sur l'art et la manière de prendre les bains au Japon ( "en étant compliqué c'est la même explication" copyright Toriyama in Dr Slump. ).
    Les auteurs expliquent en 12 points les différentes étapes à suivre dans les bains publics nippons. Sur la page de gauche, un texte décrit la procédure à suivre, le comportement à respecter, les quelques règles de bienséances qu'il convient de ne surtout pas contrevenir et tutti quanti.
    Sur la page de droite, c'est l'illustration proprement dite, parfois sur toute la planche, parfois en 2 ou 3 cases, dans un style à la fois réaliste, clair et dépouillé. En somme un dessin particulièrement sobre et efficace.
    Ce qui fait 12 illustrations en tout et ça se lit en 10 minutes maxi.
    Le tout vendu 10E.

    L'éditeur n'étant pas à un suicide commercial près a le bon goût de proposer sur son site quelques extraits de l'oeuvre en question : extraits

    Je reparlerais très certainement de cette maison d'édition qui propose pas mal d'oeuvres bien underground qui me semblent valoir le détour : catalogue
    J'ai par exemple feuilleté vite fait Eiko et ça m'a fait une très grosse impression. J'y reviendrai donc.

    http://lerbd.blogspot.com/

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286564

    Je tiens à soutenir cet excellent topic de Bub, et ce limier habile, quoique rond-de-cuir (nul n'est parfait) nous a déniché là deux beaux exemples. Je vais d'ailleurs sûrement me procurer le truc sur les bains japonais, et peut-être bien aussi le Hirata (autoportrait en couverture).
    Justement je viens de relire Alien 9, de ce cinglé de Tomizawa que personnellement j'adore. On suit une collégienne très peu mature appelée Yuri qui se trouve "élue" contre son gré par sa classe pour entrer dans "l'équipe anti-aliens". Deux autres filles bien plus dynamiques et audacieuses s'y trouvent. On leur fournit des rollers et sur la tête un "bogue", qui est un alien ressemblant à un casque ailé et qui vivra avec elles en animal de compagnie. Périodiquement, le collège est attaqué par des aliens à l'allure absolument délirante et en général cauchemardesque : l'imagination de Tomizawa est prodigieuse !! l'héroïne est nulle au combat, ce qui oblige les deux autres à la protéger, et bientôt les saloperies de bestioles qu'elles doivent capturer pour obéir à leur prof les rapprochent d'une même amitié. Ces aliens sont toujours plus glauques, et Yuri n'en peut plus, devient dépressive. Le bogue, arme de combat qui n'a rien de chaleureux, se nourrit des peaux mortes de ses hôtes, et leur lèche le dos dans la salle de bain. Puis, des aliens plus dangereux encore arrivent, et l'on s'aperçoit que la prof est plus que louche…
    Ne ratez pas ces trois volumes hallucinés, c'est … étonnant.

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286565

    Citation (Lord Yupa @ 11/04/2010, 22:12)
    Je tiens à soutenir cet excellent topic de Bub, et ce limier habile, quoique rond-de-cuir (nul n'est parfait) nous a déniché là deux beaux exemples.

    Nous, les ronds-de-cuir… 😛

    Blague à part, j'ai envie de parler de ça :

    L'île Panorama, adaptation de Suehiro Maruo du roman éponyme écrit au début du XXème siècle par Ranpo Edogawa, est une curiosité ma foi qui se laisse lire sans déplaisir.
    Ou plus précisément, qui exerce une fascination notable sur le lecteur.

    J'ai pas lu l'article dans AL, donc j'ignore ce qui en a été dit, et je me contenterai d'en donner ici mes propres impressions, même si j'ai lu le manga dans des conditions pas kikoolol et un peu survolé tout ça.

    L'histoire nous conte l'improbable plan d'un aspirant romancier visant à prendre la place d'un millionnaire décédé depuis peu, son parfait sosie. Son but est de profiter des richesses et de la puissance du jeune magnat japonais pour créer une île idéale, qui serait une sorte de Paradis terrestre.

    Les premiers chapitres développent la mini-intrigue consistant à l'échange des rôles, le gros du volume (2/3) étant lui consacré à la contemplation de cette île hors du commun.
    Je passe rapidement sur les analyses possibles à tirer des premiers chapitres, sur l'échange des rôles entre un aspirant écrivain raté et son parfait antagoniste millionnaire. Je dirais juste que cette première partie est franchement moyenne. Peut-être que dans le roman original le côté troublant de la situation ressort mieux, j'en sais rien, mais jai eu du mal à rentrer dedans, tant cela me paraissait peu crédible et simpliste.
    Edogawa était un auteur de polars, je suppose donc qu'élaborer ce genre de scénario rationnel, fondé sur un mobile particulier (la réalisation d'un rêve fou), est plus académique qu'une intrigue mâtinée de fantastique (à vrai dire, l'échange en lui-même, dans cette adaptation manga, est très superficiel, dans le sens où l'histoire n'aurait pas souffert de l'inexistence de ce fait : le millionnaire aurait très bien pu lui-même fonder cette île merveilleuse, mais cela aurait moins collé avec la vision rationaliste d'un auteur de polar). Bref, ce point mis à part, la suite se lit sans déplaisir aucun.
    Le personnage clef de l'intrigue se trouve être la veuve du millionnaire. Mais son rôle est absolument passif : elle ne fait que suivre les événements de bout en bout du récit, elle est complètement effacée, au sens propre comme au sens figuré au final.

    On suit donc cette femme et son faux mari, à travers les dédales de cette île insensée, fruit de la délirante vision d'un jeune romancier envouté par les utopies.
    Cette île est le reflet d'une âme tourmentée, d'un homme passé à côté de sa vie et dont toutes les obsessions éclatent au grand jour : envie de puissance (il se prend pour un démiurge), envie irréfrénée de sexe (les servantes se promènent nues sur l'île, immédiatement disponibles pour répondre aux pulsions du maître), envie d'immortalité (il n'y a que des jeunes sur l'île, beaux), etc.
    L'île Panorama porte bien son nom, c'est un monde d'illusions, de jeux. Un lieu de fuite pour un esprit corrompu qui a cru réaliser les utopies des philosophes qu'il admirait. Mais sa Création n'est que du vent, la supercherie très vite découverte, le sang va couler. Le héros qui s'est cru au-dessus des grands esprits philosophiques, dont les pensées et écrits sont immortels, va disparaître littéralement en fumée : de lui il ne restera rien, car le comble pour l'écrivain qu'il était est d'être devenu à ce point un être engoncé dans les désirs de sa chair, au point qu'à la fin, celle-ci sera logiquement pulvérisée dans un feu d'artifice final.

    Autre chose qui frappe le lecteur : la beauté, la précision du trait de l'auteur. C'est vraiment très réussi, et l'intérêt de ce titre se situe surtout là : Suehiro a su très bien retranscrire l'incroyable irréalité de cette île, sa fascinante perfection esthétique, ses fantasmes érotiques sophistiqués.

    En somme, un bon titre, sur lequel il y a beaucoup plus à dire que ce que j'en ai écrit aujourd'hui.

    Un lien intéressant sur l'oeuvre originale : clique-moi !

    Et pour l'anecdote, Wikipédia nous apprend que Ranpo Edogawa a inspiré le nom du personnage de Conan Edogawa, de Detective Conan, Ran étant elle par celui de Ranpo. Quant au détective Kogoro ce serait un personnage des romans d'edogawa.

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286566

    Je préfère te zapper un peu, bien cher Bub, car je me suis procuré L'Ile Panorama et ne souhaite aucun spoil, même indirect, avant de le lire.
    J'ai lu pas mal d'Edogawa Ranpo (= Edgar Allan Poe ou Promenade à la Rivière d'Edo, au choix), et c'est souvent très glauque. Comme le prochain projet de Maruo est d'adapter en manga "La Chenille", là je vous promets de chouettes cauchemars après lecture… sauf peut-être si Maruo édulcore un peu cette assez courte nouvelle.
    Il y en a une magnifique, c'est "Le Fauteuil", et quelle fin, un chef-d'oeuvre de littérature !!

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286567

    J'ai tout de même hâte de lire ton avis là dessus, car je suis certain que tu auras beaucoup à dire tant sur le plan scénaristique que sur le plan esthétique.

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286568

    Citation (bub @ 26/04/2010, 21:26)
    J'ai tout de même hâte de lire ton avis là dessus, car je suis certain que tu auras beaucoup à dire tant sur le plan scénaristique que sur le plan esthétique.

    A y est, j'ai lu… et adoré, évidemment, puis lu ton analyse, qui est vraiment intelligente, profonde ! à ceci près que probablement Edogawa Ranpo (je n'ai pas lu cette oeuvre-ci, mais plusieurs autres) ne condamne pas Hitomi, bien au contraire, j'en suis presque sûr. Ce n'est pas un raté, c'est un homme qui a réalisé son rêve, or le rêve est la seule réalité qui vaille, comme le rappelle la page de garde qui cite notre auteur. En fait Hitomi, sorte de Gatsby le Magnifique, aurait voulu montrer l'Ile au “Fitzgerald japonais”, le célèbre, beau et génial Akutagawa Ryonosuke (auteur de “Rashomon”) qui s'est suicidé en laissant pour message que c'était à cause d'une “vague inquiétude”. D'ailleurs le héros commet aussi un suicide, mais faux, pur moyen de réaliser le rêve qui échappait à Akutagawa, puis un second, un vrai, qui rachète son mensonge et le meurtre nécessaire de Chiyoko, le “seppuku” qui sauve l'honneur et n'est pas une fuite (“je ne fuirai pas” dit-il au détective).
    Le volume de Sakka / Casterman, déjà, c'est le Beau ! couverture mate somptueusement colorée dans les mauve-jaune-vert se détachant sur fond noir ; puis les pages de garde, le clown cynique à la Aubrey Beardsley (qui aurait idolâtré ce manga !) le frontispice voluptueusement kitsch, et l'entrée directe dans le rêve aux paysages à couper le souffle…
    Puis le récit, que moi je trouve bien construit sur ses deux volets (bien qu'on sente, tu as raison Bub, certaines ellipses). Et alors, la finesse et la richesse suprêmement élégante du trait de Maruo, avec des citations d'art foisonnantes : Beardsley souvent, mais aussi Jérôme Bosch, Courbet, la villa Efrussi de Rotschild, le parc de Versailles, le tableau d'Ophelia noyée, Jean-Léon Gérôme, les miniatures mogholes, les Ballets Russes, les têtes-paysages de la Renaissance, Arnold Böcklin, etc. Tout à fait jouissif pour l'amateur d'art 😂
    Donc L'Ile Panorama est à montrer de toute urgence aux pédants élitistes qui méprisent le manga comme “sous-culture”.
    J'y reviendrai, j'ai encore à dire !

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286569

    Ce que je voulais ajouter est vraiment un détail, un à-côté historique : il semble que Hirosuké organise son pseudo-suicide à Hayama, sur la côte, en prétextant le décès de l'empereur, qui eut lieu à cet endroit.
    Plus précisément, il y avait là une villa côtière, à très beau jardin, presque inaccessible du côté de la mer, où l'empereur Taishô est mort, comme le narre le journal, p. 13 du manga. J'ai visité l'endroit : la villa est rasée, remplacée par un musée d'art moderne en béton, mais le petit parc avec la véranda où l'on peut se servir du thé est toujours là, et les aigles de mer au-dessus des pins, et dans les rochers les nombreux crustacés qui passionnèrent tant le petit Hirohito (lequel aurait mieux fait de s'occuper de gérer efficacement ses casernes). Tout reste très discret, voire relativement secret sur la famille impériale au Japon, et beaucoup de Nippons ignorent que l'empereur Taishô était fou, donc extrêmement gênant. On ne sait pas davantage s'il n'est pas mort un peu “aidé”, hé, hé… 😉
    Bien sûr ma visite à Hayama ne m'a pas permis d'éclaicir le mystère, malgré tous mes efforts à la Conan Edogawa pour trouver des indices révélateurs 😂
    Après tout ce n'est pas si mal placé dans le topic des trucs bizarrement étranges.

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286570

    J'ai enfin pu lire ce spin off de Jojo qu'Animeland encensé à juste titre par le chroniqueur.

    L'objet, en lui même, est magnifique. Une superbe couverture rigide, un format un peu bâtard de 29×20, mais qui rend justice aux dessins d'Hirohiko Araki.
    Parlons-en de ses dessins : tout en couleur, l'ouvrage est d'ors et déjà à mes yeux l'un des plus beaux titres jamais parus chez nous. Mention particulière aux traits fins de "l'héroïne" Nanase, sublime.

    Le héros raconte un étrange épisode de son adolescence, quand un jour une superbe jeune femme vient vivre dans la pension de sa grand-mère. D'abord intimidé, le héros se liera très vite d'amitié avec la dame (qui fuirait un mystérieux époux…) qui manifeste un intérêt enthousiaste pour les croquis du héros, aspirant mangaka. Elle lui parle alors d'une vieille histoire d'un tableau maudit, qui serait l'oeuvre la plus sombre du monde. Quelques jours plus tard la jeune femme disparait mystérieusement. Dix ans plus tard, le héros se rend au Louvre pour admirer ce tableau qui le hante. Il ne se doute pas à ce moment-là quelles terribles forces sont scellées dans le prestigieux musée, et qu'il y a des choses maudites qu'il vaut mieux laisser là où elles ont été oubliées…

    Bon, l'histoire est sympa, quoique classique. Mais très franchement, c'est aussi très plaisant et bien amené. Le bouquin s'articule entre deux moitiés, l'une liée au passé du héros, et l'autre à la visite au Louvre (le prétexte de cette histoire, et de la collection de BD qui suivra en fait, par le biais d'auteurs différents). On va pas non plus se lancer dans une analyse hyper poussée de l'oeuvre, car ce serait se prendre la tête pour rien, je vous invite simplement à savourer ce one-shot d'exception avec un savoureux plaisir.

    Extraits du manga sur le site de BD'Gest

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286571

    Ah oui, il faut que je me le prenne, ce Rohan au Louvre.

    Le Voyage de Kuro, par Satoko Hiyuduki, mérite sa place ici.
    L'auteure est "atypique", dit la jaquette de couverture, en tant qu'illustratrice dans l'industrie du jeu vidéo, et illustratrice de nombreuses nouvelles. Bon, ça me paraît plutôt typique de la jeune génération des mangaka, à moi, mais bref, elle est indéniablement originale dans son petit délire narratif.
    Son dessin est superbe, voilà ce que j'appelle un trait nerveux, à l'opposé du "trait mou" que je hais très beaucoup. Et Otakugirl devrait le consulter pour s'y perfectionner encore, déjà qu'elle l'a presque.
    L'agencement des pages est tout à fait singulier : sur fond noir au lieu de blanc, en "yonkoma" verticaux de 4 cases rectangulaires toujours uniformes, en 2 colonnes. On trouve exceptionnellement de grandes cases occupant la surface de 4 petites. Ces dernières manquant d'ampleur, ce sont ces grandes surfaces où le talent de l'auteure se révèle le mieux. Un plus grand format aurait été bien, mais c'est déjà un peu cher le volume (12,50 E).
    Un peu cher pour le récit, oui, bien qu'agréable avec son sens poétique, ses étranges décrochements narratifs et ses gags un peu décalés. On s'intéresse à la motivation fort mystérieuse de la voyageuse Kuro (= Noir), portant son cercueil sur son dos, à sa chauve-souris parlante, Sen (= Mille), aux deux jumelles-chats Nijuku (= 29) et Sanju (= 30).
    Mais avouons-le, l'action reste minimaliste à l'excès, à moins que ça ne se corse au volume 2 (?).
    Et puis ça rappelle de fichtrement près cet animé (appelé aussi "Le voyage de Kuro", je crois bien) que je n'ai plus. Ou alors c'est inspiré de la même mangaka ??

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286572

    Citation (Lord Yupa @ 06/06/2010, 10:47)
    Et puis ça rappelle de fichtrement près cet animé (appelé aussi “Le voyage de Kuro”, je crois bien) que je n'ai plus. Ou alors c'est inspiré de la même mangaka ??

    Je pense que tu voulais parler de l'Odyssée de Kino ( un bel article en ligne ici ), qui à la base me semble-t-il était tiré d'un roman ). Cette série mériterait effectivement qu'on en reparle ici.
    Apparemment les deux oeuvres n'ont rien à voir.

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286573

    Citation (bub @ 06/06/2010, 12:02)
    Je pense que tu voulais parler de l'Odyssée de Kino ( un bel article en ligne ici ), qui à la base me semble-t-il était tiré d'un roman ). Cette série mériterait effectivement qu'on en reparle ici.
    Apparemment les deux oeuvres n'ont rien à voir.

    Ah OK, merci Bub, “L'Odyssée de Kino”, ben dis donc, je sais que je suis assez fatigué par d'assez lourdes obligations professionnelles tout ce mois de Mai, pourtant je ne croyais pas mes circuits mémoriels aussi endommagés !
    Du coup le petit problème est que côté scénario, “Le voyage de Kuro” y ressemble considérablement…

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286574

    Ouaah, il est fou, le bonhomme !
    Je parle de Kazuichi Hanawa.
    J'avais déjà Tensui, qui m'avait plu, surtout le premier tome, et pour faire de la place j'ai dû jeter le second qui me déprimait un peu (on ne vous offre que des miettes à la revente, et un lord ne mange pas de ce pain-là, donc je jette en général tout ce qui m'encombre).
    Mais je vais garder celui dont je viens parler, La Fille Fantôme, ne serait-ce que pour la longue postface de l'auteur, magnifique exemple de grave délire schizophrène où il raconte le sort des âmes (grosses comme des têtes d'allumettes, mais agglomérées finalement en anneaux saturniens autour du globe 😉 ) et comment il a tué le foetus de son demi-frère, ainsi que son beau-père, en leur jetant un sort… Il me rappelle John Cowper Powys, ce Gallois à l'univers ahurissant 😉 …
    Les 5 récits dessinés, horrifiques et souvent scatologiques, gardent une sorte de fraîcheur naïve à cause du dessin au trait mou (pourtant je déteste d'habitude), quasi-enfantin, et en correspondance avec la gentille héroïne centrale, petite fille-fantôme errante. Et heureusement il n'y a pas trace de louche intérêt sexuel pour elle. Elle est persuadée de n'être pas morte, et il est dommage que l'auteur n'exploite pas plus au long cette idée brillante. Le cadre (comme dans Tensui) est le Japon campagnard pauvre de l'ére Heian, ce qui est bien intéressant aussi ; sauf dans les 4 récits de la fin qui s'ajoutent à “La Fille-Fantôme” au sens propre (façon de parler, propre, avec tout le scato!). Alors que le premier cycle est porteur d'une éthique bouddhiste étrange et parfois choquante pour des “judéo-chrétiens” – mais une éthique quand même – les 2 derniers récits (“Jus de cerveau”, “Zombies”) ont une conclusion parfaitement immorale qu'on soit ceci ou cela !!
    Une curiosité ! c'est chez Sakka, mais on ne le trouve, soldé, que chez les revendeurs “Mona Lisait” car personne n'en veut !! et eux-mêmes ils en ont encore plein…

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286575

    Dorohedoro

    Le volume 9 vient tout juste de sortir ! Retour sur cette série culte injustement méconnue.

    Dorohedoro est l’œuvre hallucinante de la très talentueuse Q. Hayashida. C’est bien simple, elle excelle en tout : dessin (sublime), scénario (fouillé), mise en scène (parfaite) et humour (imparable).

    Le titre nous raconte les aventures de Nikaïdo la blonde et de Caïman, pauvre gars à qui un mage a jeté un sort. Il s’est alors retrouvé amnésique, et affublé d’une gueule de crocodile/lézard à la place de sa tête.
    Seul indice : tout au fond de sa gueule se trouverait le fantôme du coupable : il lui suffit de donc de croquer la tête des mages pour tenter d’obtenir le nom du mec qu’ils cherchent. Nos deux amis se sont donc fait une spécialité de la chasse aux mages dans leur vieille ville de Hole, qui communique avec le monde parallèle des mages qui tapent l’incruste chez les humains pour leur faire subir des expériences, ou des épreuves.
    Nos deux partenaires sont devenus tellement forts dans cette chasse que leur renommée est parvenue jusqu’aux oreilles de En, un puissant patron de la mafia du monde des mages qui ne tolère pas que nos héros viennent contrarier ses affaires dans la ville de Hole. Il dépêche alors sur place ses deux plus redoutables tueurs, authentiques psychopathes forts sympathiques et drôles.
    Les choses iront en empirant quand un mystérieux groupe des « yeux en forme de croix » se mêlera à l’intrigue pour chercher à faire la peau à Caïman, qui ignore pourquoi tout le monde lui vaut autant de mal, à lui, le placide lézard qui voudrait juste retrouver sa tête normale.


    Caïman dans ses œuvres

    Outre un dessin particulièrement léché, c’est surtout le scénario ultra complexe qui retient l’attention des lecteurs. Véritable histoire à tiroirs, chaque volume nous sert sont lot de révélations qui, loin d’épuiser le script, emmènent à de nouvelles interrogations qui se multiplient de façon exponentielle. Tant et si bien qu’on se demande au fond qui sont les véritables salauds dans cette histoire de vieux règlements de compte entre morts et amnésiques.
    Ajoutez à ça le monde des mages, avec son background d’une richesse exceptionnelle : le moindre objet est pensé, conceptualisé par l’auteure, qui donne une consistance et une cohérence à son univers d’une incroyable crédibilité.
    La densité de chaque chapitre est telle que bien d’autres auteurs auraient dilué le tout sur un volume entier.
    Et surtout, l’auteure a réussi une si parfaite alchimie entre tous ses personnages que l’on s’y attache à tous, bons (?) ou mauvais (?), que l’on est touché par leurs relations entre eux et leurs interrogations existentielles dans ce monde de brutes.


    La jolie Nikaïdo, au mystérieux passé…

    Zombis, démons, créatures fantastiques 100% originales, pouvoirs inédits, personnages complètements barrés, univers décalé, absurde, riche, profond et cohérent, Dorohedoro est une perle survitaminée qui hélas n’a pas rencontré le succès qu’elle mérite, cent fois, mille fois. L’œuvre est gore, mais rien de franchement écoeurant car l’esprit se veut à la fois léger et comique. Une parfaite réussite.
    Ajoutons à cela une traduction à la hauteur, une qualité d’impression plus que correcte, les pages couleurs respectées, des couvertures magnifiques, et le tout pour un prix raisonnable (11€).
    Ce titre mérite franchement un peu plus d’attention.


    Une petite pause lors d'une partie de chasse aux zombis

    Aujourd’hui, Soleil fait le forcing pour poursuivre la publication (chaotique !) de ce bijou du manga. Mais l’éditeur a promis mordicus qu’il irait jusqu’au bout de l’aventure !
    Les rééditions des premiers volumes sont rares, mais en cherchant bien en occasion on peut encore les trouver.

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286576

    Ce que tu en as dit et montré m'a tellement plu, Bub, que j'ai cherché Dorohedoro dans le Quartier Latin ce Lundi. Ai trouvé le volume 1 à la très sympathique boutique Little Tokyo, au 6 rue Dante. Il est en anglais mais ça ne me gêne pas. C'est… fascinant, comme histoire, et le dessin est superbe ! il y a une influence nette de Masamune Shirow, à mon avis. Une très grande mangaka ! je ne vois pas en Occident une auteure de BD avec une telle carrure ! et au Japon ils en ont plusieurs autres aussi costaudes et originales, Ichiko Ima (Cortège des Cent Démons), Satoko Hiyuduki (Le voyage de Kuro), Junko Mizuno …. je vous laisse compléter.

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286577

    Citation (Lord Yupa @ 26/11/2010, 20:08)
    C'est… fascinant, comme histoire, et le dessin est superbe ! il y a une influence nette de Masamune Shirow, à mon avis. Une très grande mangaka ! je ne vois pas en Occident une auteure de BD avec une telle carrure ! et au Japon ils en ont plusieurs autres aussi costaudes et originales, Ichiko Ima (Cortège des Cent Démons), Satoko Hiyuduki (Le voyage de Kuro), Junko Mizuno …. je vous laisse compléter.

    L'influence de Shirow se ressent surtout dans ce premier volume (mais très fortement tu as parfaitement raison, surtout les minois des persos féminins). Dès le milieu du 2nd tome, l'auteure commence à trouver ses marques cependant.
    Et quand tu parles d'auteure(s) du même calibre en occident, moi je pense tout simplement que cette fille a tout d'un maître du 9ème art, indiscutablement.
    Je ne sais pas si tu arriveras à te procurer facilement la suite (en tout cas je salue ton initiative, tu ne le regretteras pas !!!!), mais tu verras que la grande force de la miss se trouve dans sa mise en scène et son scénario d'une profondeur exceptionnelle dans tout l'univers de la bande dessinée.
    Le nombre de ramifications, d'idées originales (faut le dire!), de personnages attachant, tout cela fait de dorohedoro une oeuvre assurément digne des plus grands maîtres.
    Combien de titres réputés paraissent bien fades à côté…

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286578

    Citation (bub @ 29/11/2010, 21:09)
    … je pense tout simplement que cette fille a tout d'un maître du 9ème art, indiscutablement.
    Je ne sais pas si tu arriveras à te procurer facilement la suite (en tout cas je salue ton initiative, tu ne le regretteras pas !!!!), mais tu verras que la grande force de la miss se trouve dans sa mise en scène et son scénario d'une profondeur exceptionnelle dans tout l'univers de la bande dessinée.
    Le nombre de ramifications, d'idées originales (faut le dire!), de personnages attachant, tout cela fait de dorohedoro une oeuvre assurément digne des plus grands maîtres.
    Combien de titres réputés paraissent bien fades à côté…

    + 1000, Bub !
    Pas moyen de trouver, sauf chez Gibert, coup de pot : le volume 2 !!
    Du coup je suis retourné à Little Tokyo pour m'offrir le 8 et le 9, tant pis s'il m'en manque plein. Mais étant accro maintenant, je me suis rabattu sur Junku, pour avoir le 3, fort cher, près de 17 euros, et en japonais hélas (je suis loin de pouvoir lire les textes un peu long, et il n'y a pas de furigana avec les kanji, snif.
    Bah ça fait rien, l'oeuvre est géniale, et en avançant j'admire davantage encore la prodigieuse imagination de l'auteure, son humour (noir ? pas vraiment), ses personnages et leurs masques hallucinants. Je ne regarde plus les champignons de la même façon…

    Bub
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    bub le #286579

    Il a fallu attendre près d'une année entière, mais le volume 10 du meilleur manga de tous les temps est enfin sorti !
    Il va sans dire que la douzaine de fans irréductibles qui existent dans ce pays est au bord de l'extase.

    Que dire ?
    C'est juste extraordinaire (comme d'hab).

    Donc Caïman a recouvré la mémoire et mis la main sir le gang des yeux en croix. Mais c'était sans compter sur En qui entretemps a retrouvé la trace de Nikaïdo. Shin et Noï de leur côté accompagnent le doc pour mettre la main sur Risu, l'homme au corps de cire, il semblerait que le coprs du type disparu ne soit pas un inconnu pour le doc. Pendant ce temps Ebisu fiche le camp mais doit faire face à de gros gros problèmes, Fujita sera-t-il enfin à la hauteur pour lui venir en aide ? Quant à Chôta, il est toujours aussi crétin. Et à un moment donné c'est le gros bordel, il y a des morts, il y a des pleurs, il y a des rigolades. Et le cafard géant est toujours aussi mignon.
    C'est tout ça Dorohedoro. Et bien plus encore. Merci à Soleil de poursuivre l'aventure pour les quelques rares fidèles de ce titre mythique et unique.
    En passant, le rédacteur de la fiche sur le site s'est trompé : Dorohedoro coûte 11,95 € et non 8,99.

    Lord-Yupa
    Participant
    • Offline
      • Ancien
      • ★★★★
    Lord Yupa le #286580

    Wah, en voilà une bonne nouvelle ! j'ai bien fait de me retenir d'acheter le 10 au Japon, dans le vague espoir de la continuation d'adaptation ici !! aligatô et caïman, Bub !!

20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 29)

Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.

Members Currently Active: 1
dekamaster2
Membres en ligne pendant les dernières 24 heures : 8
dekamaster2, Lord-Yupa, geoff34, Bruno, benjamin, DD69, Josephine Lemercier, Dareen
Keymaster | Moderator | Participant | Spectator | Blocked
Additional Forum Statistics
Threads: 10, Posts: 169, Members: 48
Welcome to our newest member, 234
Most users ever online was 8 on 6 June 2016 17 h 13 min