Le bistro politique de la banquise… ( topic où on cause d’Obama dorénavant :)

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Posté dans : Forum Général

  • Babamanga
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    Babamanga le #114053

    Merci pour ces précisions, gexian. Tes camarades ont signé la pétition pour le principe, ce qui est compréhensible. Mais je comprends parfaitement aussi les raisons pour lesquelles tu ne l’a pas signée.

    Concernant la mixité ethnique dans les facs, Paris 1, où je suis étudiant d’histoire, compte pas mal d’étudiants étrangers, surtout en droit, éco, et gestion. Il n’est pas rare d’y croiser des filles voilées. Et puisqu’on est sur un forum de fans de manga et d’anime, je tiens à préciser que j’ai vu une fille voilée à la dernière Japan Expo. Ce n’est pas une blague…

    Gexian
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    Gexian le #114054

    Disons que paris 13 est à l’image du 93, la population estudiantine blanche y est minoritaire, la réputation générale est mauvaise à cause de sa situation et ils ont le nombre de boursiers le plus important en France (champion des facs de boursiers si je puis dire). Et mis à part cet incidant, je doit dire qu’il n’y a aucun clash ni problème ce qui prouve bien que c’est possible mais qu’il faut rester vigilent.

    Babamanga
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    Babamanga le #114055

    J’ai trouvé un article d’un étudiant hongrois en sciences politiques, Miklos Kovacs, qui se demande, avec raison selon moi, si la position de Sarkozy au ministère de l’Intérieur n’est pas de nature à faire peser un risque sur la sincérité des résultats des élections, et donc sur la démocratie française. Je rappelle que le nabot est le chef des RG, lesquels ont enquêté (à la demande de qui ?) sur le patrimoine du couple Royal-Hollande et sur la vie privée des collaborateurs de Royal. Cette dernière n’est pas très populaire sur la banquise, et tout le monde ici sait pourquoi, mais ce genre d’enquêtes est d’un goût douteux…

    Mais je laisse la parole à Miklos Kovacs. L’article est long, mais mérite votre attention :

    Citation (Miklos Kovacs)
    Editorial – La France risque-t-elle de voir les résultats de son élection présidentielle manipulée ?

    Written by Miklos Kovacs

    Friday, 02 February 2007

    N’étant pas Français, mais Hongrois, vous pouvez donc légitimement vous demander a priori, pourquoi cette question “La France risque-t-elle de voir les résultats de son élection présidentielle manipulée ?” m’intéresse-t-elle ?

    Et bien en fait, c’est tout simple. Comme l’a fait fort justement remarqué un récent article paru dans Newropeans-Magazine, du fait de l’intégration européenne, chaque élection nationale a un impact direct (via le Conseil européen notamment) sur ses 26 partenaires communautaires. Et puis aussi parce que je vis dans un pays qui est toujours secoué par la découverte de l’ampleur du cynisme et de la manipulation dont nous avons été victimes lors de la dernière élection législative.

    Et en plus, la France, ça n’est pas n’importe quel pays en Europe et dans le monde :

    → 2° pays par la population, l’une des deux puissances nucléaires de l’UE avec siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, 2° langue véhiculaire intra-communautaire après l’Anglais, en voie d’ici 10/15 ans de faire jeu égal avec l’Allemand comme 1° langue maternelle en Europe du fait de son dynamisme démographique, pays géographiquement et culturellement charnière entre l’Europe du nord et du Sud, …

    → 5° puissance économique mondiale, l’un des très rares pays à oser s’affirmer contre les Etats-Unis ou toute autre grande puissance, au centre d’un vaste réseau culturel transcontinental: la francophonie, ….

    Donc, pour toutes ces raisons, je suis concerné, même indirectement, par ce qui va se passer dans ce pays en Avril prochain.

    Et je dois dire que je suis inquiet car j’ai l’impression, à la lecture de la presse et suite à de nombreuses discussions récentes avec des Français, qu’il y a un vrai risque de manipulation des résultats électoraux pour cette présidentielle.

    Or, en faisant précédemment la liste des éléments qui soulignent l’importance de la France, ce sentiment n’a fait que se renforcer car j’avais l’impression de dresser le tableau des atouts de la cible idéale pour un « hedge fund » politique. Si je fais cette comparaison avec le monde de la finance internationale actuelle, c’est que ceux qui peuvent politiquement avoir intérêt à agir de la sorte sont les « petits frères » de ceux qui le font dans la sphère financière, à savoir les réseaux qui opèrent derrière l’administration Bush.

    Ces mêmes réseaux qui sont suspectés dans leur propre pays d’avoir manipulé les résultats électoraux des élections présidentielles de 2000 (en Floride en particulier) et 2004 (en Ohio notamment).

    Or, soyons honnête : arriver à placer la France sous contrôle d’un « ami » des puissances dominantes actuellement à Washington ne peut pas ne pas être un rêve de l’immense machine à dominer et corrompre mise en place aux Etats-Unis via les gigantesques budgets destinés aux agences de renseignement (qui opèrent en Europe sans contrôle comme l’illustrent toutes les affaires d’enlèvement par la CIA) et les montagnes de Dollars circulant dans les entreprises liées au pouvoir washingtonien.

    Pourtant, vu de l’extérieur, et en suivant cette campagne présidentielle française, on a l’impression que les Français sont inconscients des risques et des enjeux.

    Je veux souligner d’abord l’enjeu central d’une France insoumise en rappelant que sans une France pour dire « Non », comme en 2002/2003 avec l’Allemagne, permettant ainsi de donner une vraie voix à l’immense majorité des 500 millions d’Européens contre l’invasion de l’Irak, nous serions tous impliqués totalement dans la déroute américaine au Moyen-Orient, et complices d’actes qui relèveront demain de la justice internationale. Il n’y a pas beaucoup de pays démocratiques dans le monde capables de jouer ce rôle essentiel. Même si les Français sont souvent arrogants, agaçants et insupportables, on ne peut pas leur enlever ce mérite.

    Et je veux maintenant éclairer les risques qui pèsent selon moi sur l’élection française :

    – des médias qui ne contribuent pas à générer un débat sur ce thème en adoptant une attitude telle que l’évocation de tels risques est immédiatement qualifiée d’anti-américaine. On se croirait revenu dans mon pays à l’époque de l’ex-URSS : toute critique contre l’URSS ou le parti était une attaque contre le marxisme et le peuple ami soviétique. Ou bien à l’époque actuelle aux Etats-Unis, où est accusé d’être un adepte des théories du complot toute personne évoquant le risque que le pouvoir en place tente de corrompre les institutions et la société : comme si les premiers utilisateurs de théories du complot (avec Al Quaida, les armes de destruction massive, etc .. n’étaient pas justement les actuels dirigeants).

    – une inconscience citoyenne, comme aux Etats-Unis avant l’élection de 2000, qui laisse chacun penser que les procédures électorales du pays sont parfaites et non manipulables.

    – un oubli collectif de ce que l’avidité du pouvoir et la corruption, par ce même pouvoir ou par l’argent, peuvent produire comme effets pervers sur un système politique et administratif, déjà bien affaibli par une décennie d’affaires touchant les plus hauts niveaux de l’Etat. Ceux qui sont prêts à étouffer des affaires judiciaires problématiques pour les puissants d’aujourd’hui sont prêts à manipuler les résultats électoraux au profit des puissants de demain.

    – le non respect de principes démocratiques de base comme l’interdiction du cumul de deux rôles nécessairement incompatibles : candidat et organisateur d’élection. Ce qui est pourtant, et d’une manière qui étonne toute l’Europe, le cas avec l’actuel ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy (dont les racines viennent de mon pays), candidat et organisateur de l’élection, contrôleur des résultats, orchestrateur de la sécurité et du déroulement de l’élection, chef des services de renseignement surveillant la campagne électorale.

    Parfois, je m’imagine si cette situation était en Hongrie, avec Nicolas Sarkozy dans une telle position, ce que la presse française dirait de la démocratie dans mon petit pays ex-communiste. Je crois qu’ils diraient que nous sommes décidément incapables de sortir des méthodes non démocratiques des régimes précédents.

    Et ça n’est pas le tout premier voyage de candidat de Nicolas Sarkozy pour aller voir Tony Blair, l’alter-égo européen de G.W. Bush, comme son admiration déclarée pour la politique de G.W. Bush, qui contrediraient ces analyses.

    Mais, on parle ici de la France : la « Grande Nation », la « Patrie des Droits de l’Homme », … alors pas de risques n’est-ce pas ? Eh bien, je ne suis pas d’accord du tout car la France ça a aussi été l’effondrement brutal devant l’Allemagne nazie en 1940, la collaboration du régime pétainiste, etc .. . Dans les années 30, si ma connaissance de l’histoire de France n’est pas trop mauvaise, une grande partie des élites politiques et intellectuelles françaises se sont laissées séduire, fasciner, acheter par les modèles totalitaires émergents en Europe. Et ils ont été les complices d’une impréparation complète du pays à l’agression qui s’annonçait, trop heureux de se partager les miettes de pouvoir que leur laisserait le vainqueur.

    Serait-on en train de revoir se jouer un tel scénario ? Les élites parisiennes seraient elles en train de trahir à nouveau ? Cette fois-ci au profit du nouveau fascisme à l’américaine incarné par G.W. Bush et ses partenaires ?

    Nous aurons bientôt la réponse.

    En tout cas, deux autres questions m’intriguent :

    – que ferons les Français si au lendemain d’un premier tour très serré avec 4/5 candidats autour des 15% (Le Pen, Sarkozy, Bayrou, Royal, Bové), Sarkozy passe au second tour avec 0,2% d’avance sur le suivant ? Sachant qu’un petite faiblesse du contrôle des votes en Corse, par exemple, permettrait une telle variation. Accepteront-ils passivement, comme les Américains finalement en 2000 et 2004, les résultats de l’élection ? Ou bien agiront-ils, « à la française », en sortant dans les rues pour défendre leur démocratie ?

    – que ferait Nicolas Sarkozy s’il ne passait pas le premier tour ? Ferait-il comme Jospin et quitterait-il la tête de l’UMP ? Ou bien ce scénario est-il tellement impensable qu’il ne peut pas, ne doit absolument pas se produire ? Et dans ce cas, n’est-on pas dans la situation que j’ai décrite précédemment ?

    Pour conclure, je vais me répéter. Cette élection française m’inquiète. Pour la France, et pour l’Europe. Car si mes craintes s’avèrent justifiées sur les risques d’une manipulation électorale, la France entrera dans une grave période d’instabilité politique. Je ne pense pas en effet que les Français auront la passivité américaine à ce sujet ; il suffit de constater comment ils ont rejeté le projet de Constitution européenne pour savoir qu’ils ont toujours l’esprit rebelle bien vivant. Et tout cela plongera toute l’UE dans une grave crise d’identité, sans parler des relations transatlantiques qui risqueraient d’en sortir dans un état encore pire qu’aujourd’hui.

    Miklos Kovacs

    Etudiant en sciences politiques, Budapest

    http://www.newropeans-magazine.org/index.p…=5254&Itemid=84

    Reiichido
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    Reiichido le #114056

    Moi je voudrais réagir à propos de l’émission “A vous de juger”, diffusée jeudi soir sur France 2.

    Bien sûr, il y aurait beaucoup de choses à dire sur l’intervention des candidats, en particulier de Mr Le Pen. Je pense que des Pingouins beaucoup plus cultivés que moi en matière politique sauront commenter le débat.

    En revanche, je voudrais m’attarder sur la position de Mme Voynet sur le nucléaire, qui en plus est assez congruente avec celle de Mme Royal.

    La vidéo est consultable ici

    Pour fixer les choses, je ne suis pas “blanc comme neige” dans le ce débat, puisque je suis ingénieur dans le nucléaire. (Ce qui avait déjà provoqué un débat assez intéressant avec LaetiWan, que j’ai interrompu faute de temps, je m’en excuse d’ailleurs auprés des participants. Neshi, c’est pas exclu que je te réponde avant un ou deux ans :/ )

    Ma position : l’énergie nucléaire sera indispensable dans le futur mix énergétique mondial, dans des proportions raisonnables (Pas 5pc ni 80pc, quoi)

    Bref.

    Pour faire simple et pas trop ch…, je vais commenter allégrement les propos de la candidate. En deux parties, puisque pour l’esprit humain à l’ère du WEB, la somme des parties est souvent plus courte que le tout.




    Par tête, on consomme autant de pétrole qu’un Allemand ou un Italien. Est-ce que c’est vraiment un signal qui laisse à penser que le nucléaire permet d’augmenter l’indépendance énergétique de la France ? Pas du tout.</


    Après recherche sur Internet, cela est complétement vrai. Et j’ai beau avoir cherché, je n’ai pas trouvé d’explication. peut-être est-ce à cause de son agriculture trés dévellopée ? (Car les engrais sont fabriqués avec des hydrocarbures, et pas en proportions négligeables)

    En revanche, on peut tout à fait penser que sans le nucléaire, la situation serait pire. C’est un peu comme dire que la chimiothérapie ne sert à rien car il y a encore des morts par cancer.




    Quel est le secteur dans lequel on a le plus d’émissions de carbone ? Le secteur des transports. Est ce que c’est un secteur dans lequel le nucléaire peut apporter une partie de la réponse ? Pas du tout


    Deux remarques :

    Il y a trois pôles majeurs de consommation énergétique finale, dans le sens large (Source : livre blanc ministériel sur l’énergie)

    Industrie (24pc), Résidentiel (42pc), Transports (31pc)

    Et déjà, première remarque : si il est vrai que le secteur des transports représente le premier émetteur de gaz à effet de serre, cela serait encore pire sans une électricité à faibles émissions de gaz à effet de serre, par exemple au niveau du résidentiel. (On me rétorquera sans doute qu’on peut avoir une énergie sans effet de serre et sans nucléaire, avec les renouvelables; à cela je réponds oui, certes, mais c’est infiniment plus complexe que la simple addition des puissances installées. Si quelqu’un d’autre veut engager le débat, qu’il le fasse sur le post précédemment cité sur l’énergie nucléaire)

    Comme solution au problème des transports, qu’y a t-il ? (Si j’en oublie, je serai content que quelqu’un me rectifie). On peut faire parallèlement :

    1 Limitation des véhicules individuels

    2 Développement des transports en commun (bus, train)

    3 Ferroutage pour le transport des marchandises

    4 Développement des carburants “verts”

    5 Véhicules à pile à combustible

    Déja, le point 4 me semble typique de l’emballement médiatique sans couverture scientifque : (Agriculture fortement polluante, et j’en passe et des meilleures, mais juste :




    Leur développement restera probablement limité. En effet, il a été estimé que sur la base des consommations de 2004, il faudrait des surfaces de production couvrant six fois la surface terrestre si l’on voulait remplacer tous les carburants fossiles par des biocarburants


    Enfin, les points 2, 3 et 5 font appel à l’électricité (Trains, hydrolyse pour les PAC). On ne coupera donc pas au questionnement sur la provenance de l’énergie électrique.

    Quand au point 1, je suis prêt à parier que toute baisse des véhicules dans les pays riches sera compensée par une hausse dans les nouveau-ex-pays émergents : l’Inde et la Chine.

    Edité par Reiichido le 10-02-2007 à 19:10

    Reiichido
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    Reiichido le #114057



    C’est un choix qui n’a été partagé par à peu prés aucun des grands pays développés, qu’on ne peut pas proposer aux pays en voie de développement qui sont ceux dans lesquels, probablement, on va assister à l’explosion de l’émission des gaz à effet de serre dans les années qui viennent


    Il suffit de jeter un coup d’oeuil icipour se persuader du contraire. Le Japon compte porter à 40pc sa part d’énergie nucléaire. Les Etats-Unis comptent y revenir. L’inde et la Chine ont entrepris de construire un sacré paquet de centrales. En revanche, on comprend bien que la part totale de nucléaire restera faible au niveau mondial, de l’ordre de 20 à 40pc.




    Il est urgent d’associer des solutions plus riches en emploi, c’est pas moi qui le dit: la commission européenne dit que par million d’euros investi on a quatre fois plus d’emplois dans les énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique que dans, effectivement, le choix du nucléaire civil


    Là encore, deux remarques (Je n’ai pas réussi à trouver l’étude dont parlais Mme Voynet, je me contente de critiques annexes)

    Premièrement, à quel coût ? Le KW/h fournit par l’éolien et surtout par le solaire reste encore beaucoup plus cher que le KW/h nucléaire. Si on a plus d’emplois mais qu’on doit payer plus, d’un point de vue strictement comptable, autant augmenter le prix du kWh nucléaire et payer des gens à creuser puis combler des trous. D’autre part, on a plus d’emplois oui, mais certainement plus d’emplois moins qualifiées (Ouvriers du bâtiment et techniciens plutôt qu’ingénieurs). Ca m’est égal, hein, mais qu’on le dise. (Note: j’ai devant les yeux un document nettement plus complexe et intéressant, qui parle de 15 fois plus d’emploi pour le renouvelable et les économies que pour le nucléaire. Comme il fait 114 pages, la critique, au sens noble du terme, est très longue à faire. Mais je ne désespère pas)

    Deuxièmement, puisqu’on parle de la commission européenne, il ne faudrait pas oublier qu’elle a produit une étude appelée ExternE (lien) qui montre que le nucléaire a le cout externe (= impact sur l’environnement) le plus faible de toutes les énergies. Je vous le dis comme je le pense : cette étude n’est pas parfaite, il manque par exemple l’extraction de l’uranium, mais également le stockage du photovoltaïque et de l’éolien. En tout cas, elle nuance grandement les qualités écologiques qui ont été attribuées d’office à certaines énergies.

    Voilà, en gros, ce que je pouvais apporter au débat.

    Edité par Reiichido le 10-02-2007 à 19:09

    Edité par Reiichido le 10-02-2007 à 19:09

    Babamanga
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    Babamanga le #114058

    On a constaté un grand nombre d’inscriptions sur les listes électorales dans les cités des banlieues populaires. Est-ce que la participation sera plus forte ? pas si sûr…

    Citation (Le Monde)
    Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen estiment que “l’abstention est devenue la norme”

    En banlieue, “la politique est un spectacle ésotérique”

    LE MONDE | 13.02.07 | 14h40 • Mis à jour le 13.02.07 | 14h40

    Vous publiez La Démocratie de l’abstention (Folio “Actuel”, Gallimard), résultat de cinq années de recherche dans un quartier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Qu’est-ce qui caractérise, sur le plan politique, la population de ce quartier sensible ?

    Jean-Yves Dormagen : C’est une forme d’indifférence à la politique. Elle s’exprime d’abord à travers l’inscription sur les listes et la participation aux votes. Il faut bien se rendre compte de l’état de la démocratie dans un quartier comme celui des Cosmonautes : on compte 1 400 habitants, dont 700 environ sont des Français en âge de voter. Parmi eux, 500 seulement étaient inscrits sur les listes en 2002. Et au premier tour de la présidentielle, moins de 300 de ces inscrits sont allés voter. Lorsqu’on étudie les listes d’émargement sur la longue période, pour voir qui participe régulièrement, on se rend compte que le noyau dur des électeurs tombe à 150 personnes.

    Cela signifie que, même s’il y a eu un mouvement plus important d’inscription en 2006, c’est la participation qui est aujourd’hui minoritaire alors que l’abstention est devenue la norme.

    Cela se traduit de manière très concrète dans une commune comme Saint-Denis : en 2001, le maire (Patrick Braouezec) a été élu, au premier tour, avec un peu moins de 7 500 voix sur une population de 85 000 habitants ! Son prédécesseur (Marcelin Berthelot) avait, quant à lui, été élu au premier tour en 1977 avec 20 515 voix. Quand on s’intéresse aux banlieues populaires, on s’aperçoit que la France est en voie d’américanisation électorale.

    Ce type de quartiers a longtemps constitué la “banlieue rouge” de Paris. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

    Céline Braconnier : Dans les années 1970, la cité des Cosmonautes votait plus que le reste du pays. A partir du début des années 1980, on assiste à un renversement de tendance avec une très forte progression de l’abstention, deux fois plus rapide dans ce quartier populaire que dans le reste du pays. L’encadrement partisan et syndical y a totalement disparu. En cinq années d’enquête sur le quartier, nous n’avons pas rencontré un seul militant communiste. Pas un seul ! Une cellule du PCF a fonctionné jusque dans les années 1990 mais le déménagement de son principal animateur a mis fin à toute forme d’organisation politique.

    Lorsque nous questionnons les habitants, une partie connaît à peine les noms des candidats à l’élection présidentielle. Beaucoup ne savent pas ce que recoupe la distinction entre la droite et la gauche et, a fortiori, ne différencient pas gauche et extrême gauche. Ici, la politique est perçue comme un spectacle assez ésotérique.

    Constatez-vous des votes identitaires ou ethniques ?

    C. B. : Oui. Plusieurs éléments importants en témoignent. D’abord, le vote Le Pen qui, ici, présente une forte dimension ethnico-communautaire. Ce vote, dans ce quartier comme dans beaucoup de cités du même type, s’est effondré entre 1993 et 2002, passant de 45 % des voix à 15 %. La raison en est très simple : pendant cette période, un grand nombre d’électeurs dits “Français de souche”, des “Blancs” généralement retraités, ont quitté la cité.

    Ensuite, le vote Taubira en 2002 : on constate que les électeurs d’origine antillaise se sont particulièrement mobilisés pour cette élection et ont massivement voté pour “leur” candidate. Alors même qu’elle tenait un discours universaliste, elle a ainsi, elle aussi, profité d’un vote ethnico-communautaire dans le quartier en obtenant 10,6 % des suffrages. Ce qui au passage révèle à quel point le vote peut prospérer sur un malentendu entre le message du candidat et le sens que les électeurs donnent à leur bulletin de vote.

    Un phénomène similaire s’est reproduit lors des européennes, cette fois-ci plutôt avec des électeurs d’origine maghrébine : la liste Europalestine a obtenu 14 % des suffrages. Ces résultats témoignent aussi d’une demande de reconnaissance identitaire de la part de la population.

    Comment expliquez-vous cette démobilisation ?

    J.-Y. D. : Par la déstructuration des environnements populaires et la déstabilisation de leurs populations ! Le travail, par exemple, a longtemps constitué un espace de politisation individuelle et collective. Il le demeure en partie d’ailleurs : ceux qui sont inscrits sur les listes et vont voter appartiennent, dans des proportions significatives, à la petite fonction publique. Leur participation garantit localement, à la gauche, une majorité électorale. Mais, à l’inverse, les chômeurs ou ceux qui se trouvent dans la précarité ont déserté les bureaux de vote : ils sont majoritaires dans le quartier (44 % des salariés de la cité) mais ultraminoritaires à la sortie des urnes.

    Si on comprend que la démobilisation en cours n’est rien d’autre que le prolongement de la ghettoïsation dans l’ordre électoral, on comprend également qu’il faudra plus que des opérations de communication pour que le pays légal ressemble à nouveau au pays réel.

    Propos recueillis par Luc Bronner

    Article paru dans l’édition du 14.02.07

    Et les électeurs n’ont pas des choix biens arrêtés :

    Citation (Le Monde)
    ubliez les grilles des sondeurs et les catégories savantes des politologues qui rangent les électeurs dans des cases. Oubliez-les, car dans les galeries, au marché, dans les immeubles de la Villeneuve, un quartier de Grenoble classé zone urbaine sensible (ZUS), on peut être de gauche et apprécier Sarkozy pour la sécurité. Ou réclamer plus de répression mais s’opposer fermement au candidat de l’UMP. On peut être militante socialiste, heureuse de voir une femme porter les couleurs du parti, mais rêver de la candidature d’une personnalité civile comme l’abbé Pierre. On peut aussi s’interroger pour savoir si, après vingt-cinq années d’abstention, une envie de voter Bayrou ne va pas réveiller son désir de participation. Ou se demander qui, de Bové le radical ou de Bayrou le centriste, héritera de sa voix.

    Caricature ? Les habitants qui emmènent leurs enfants à l’école, qui reviennent du marché, vont travailler ou promènent leur chien sont, pour la plupart, des inclassables sur le plan politique. A gauche pour le social ou l’économique. A droite pour la sécurité ou le logement. Ou l’inverse, ou un peu des deux.

    Prenez Louisa Benfakir, par exemple, 30 ans, mère de deux enfants de 4 et 6 ans. Sa préoccupation première, c’est l’absence d’égalité dans la société actuelle. “Certains ont suffisamment de revenus pour vivre dix vies ! D’autres ne peuvent pas manger ni se loger. C’est normal ? Et la justice ? Le type qui vole des bonbons va en prison avec des cafards. Le politique, lui, il se retrouve à la Santé avec tout le confort.”

    Son inquiétude est très concrète pour ses enfants. Elle a comparé leurs cahiers d’école avec ceux de ses nièces, scolarisées en dehors du quartier. “Mes enfants travaillent nettement moins que les enfants de l’extérieur. Ça va encore au primaire, mais au collège, qu’est-ce que ça va donner ?”

    A défaut de pouvoir quitter le quartier, elle envisage de les inscrire dans le privé. Un choix qui se situerait aux antipodes du programme de Besancenot, le candidat pour lequel elle avait pourtant voté en 2002.

    Depuis cette date, Louisa Benfakir a adhéré au Parti socialiste. Ce qui ne l’empêche pas de penser que Jacques Chirac n’est “pas si mal”. Ou de rêver d’une candidature de la société civile qui bouscule la classe politique. De se dire aussi qu’une femme présidente serait “très bien”. Mais que, pour l’heure, la candidate socialiste “brasse trop d’air” pour obtenir sa voix. “Faut attendre”, résume-t-elle.

    Togolais récemment naturalisé Français, Benoît Anani, 49 ans, va, lui, voter pour la première fois en avril. Ce postier se définit comme un homme de gauche – parce que, à ses yeux, la droite ne se distingue jamais assez de l’extrême droite. Mais, dans le même temps, il soutient la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, réclamant “plus de policiers, plus de répression”. Lui qui n’a jamais été victime d’agression, ce sont les incivilités quotidiennes qui l’insupportent. Le bruit des scooters sans pot d’échappement, par exemple. A l’heure actuelle, il pense voter pour Ségolène Royal. Sa femme hésite avec François Bayrou.

    Christian Mezin, 53 ans, gardien d’immeuble, est un électeur en colère. Il n’a plus voté depuis 1981 et un bulletin glissé dans l’urne pour François Mitterrand. Trop de rancoeur accumulée contre les politiciens, gauche et droite mélangées, contre lesquels il porte des jugements cinglants : “Douste-Blazy, un médecin devenu ministre des affaires étrangères : il en est encore à prendre des cours d’anglais. Sarkozy, en six mois au pouvoir, il est capable de nous déclencher une guerre avec la Suisse…” Cet ancien du quartier se dit en désaccord avec les idées du ministère de l’intérieur, mais il lui reconnaît des “compétences” et de la “volonté”. Contrairement à Ségolène Royal, qu’il juge incapable d’assumer des fonctions présidentielles. Bertrand Delanoë lui plaît bien mais il ne se présente pas. François Bayrou, aussi, le fait hésiter à revenir aux urnes, avec sa volonté de rapprocher droite et gauche.

    Le kinésithérapeute du quartier aimerait croire en José Bové, un homme qui porte, selon lui, des idées généreuses. Sans illusion toutefois : “Je ne suis pas énarque mais je vois bien que ses idées ne sont pas réalistes”, explique Boris Capdevieille, 36 ans, entre deux visites à domicile dans les immeubles où il a grandi. Le pragmatisme le fait hésiter entre Royal et Bayrou, parce qu’il a vu ce dernier débattre avec Nicolas Hulot et Michel Rocard, un signe d’ouverture bienvenu à ses yeux. Seule certitude : alors qu’il n’avait pas voté au premier tour, en 2002, incapable de choisir parmi les 16 candidats, il se dit aujourd’hui certain de ne pas manquer l’échéance d’avril. Au pire, il votera “pour la démocratie” et pas pour un candidat.

    Dans ce maelström d’opinions, les jeunes sont les plus décidés. La mairie a constaté une hausse des inscriptions des 18-30 ans sur les listes électorales en 2006 sans pouvoir la chiffrer précisément. Un engouement ciblé contre Sarkozy, “ses lois” et ses propos sur les “racailles”. “Pas un jeune ne peut voter pour lui”, résume Fayçal Louraichia, ouvrier de 21 ans, qui s’est inscrit cette année sur les listes pour faire barrage au ministre de l’intérieur. Voilà qui rassurera peut-être les sondeurs sur le fait que, à moins de trois mois du premier tour, certains électeurs aient, malgré tout, une opinion déjà arrêtée.

    Luc Bronner

    Article paru dans l’édition du 04.02.07.

    A méditer…

    Edité par Babamanga le 13-02-2007 à 16:21

    Babamanga
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    Babamanga le #114059

    On dirait que oui :

    Citation (Libération)
    Le discours de Nicolas Sarkozy est celui qui résout le mieux la contradiction entre promesse et déception.

    La synthèse libérale et ferme du candidat de l’UMP

    Par Marc WEITZMANN

    QUOTIDIEN : lundi 12 février 2007

    Marc Weitzmann, écrivain. Dernier ouvrage paru: Fraternité (Denoël, 2006).

    En moins de deux décennies, les sociétés occidentales ont connu des bouleversements technologiques, économiques et politiques sans précédents. Or les discours qui dans ce pays structurent la vie publique, qu’ils soient dits «de gauche» ou «néogaullistes», ont 60 ans d’existence. Ils appartiennent à une époque révolue, celle de la guerre froide. Si l’on veut tenter de saisir le monde dans lequel nous sommes entrés, il faut bien constater qu’aucune de ces représentations n’a plus la moindre pertinence, mais fige le pays quelque part dans les années 50 (n’est-ce pas pour cela que Mai 1968 reste encore la référence ultime ?). Comme tout ce qui est dépassé, ces idéologies se complaisent dans le ressassement de mythes intellectuels usés, de rancoeurs politiques impuissantes, dont témoigne tous les jours l’invraisemblable déstructuration du langage chez des gens aussi différents, en apparence, que Ségolène Royal et Dominique de Villepin. (On se moque à raison de la première, mais on oublie un peu vite les phrases tout aussi dénuées de sens du second.)

    Dans ce contexte, parmi les candidats, Nicolas Sarkozy apparaît sans trop de mal à vrai dire comme le plus cohérent, le plus structuré, et ses discours les plus ancrés qui soient dans le monde réel et la société contemporaine. Sur la crise et les blocages français, au moins a-t-il le mérite de poser ouvertement un certain nombre de problèmes, comme, parmi bien d’autres, celui de l’égalitarisme, de la méritocratie, ou de la discrimination positive, et il est aussi le seul à s’opposer à l’entrée de la Turquie en Europe.

    Cela fait-il de lui un homme providentiel ? Certes non, et l’on pourrait tout à fait critiquer certains points de sa vision des choses, comme sa survalorisation du travail, ses ambiguïtés sur la laïcité, que le soutien récent à Charlie Hebdo n’a pas entièrement dissipés, ou, encore, ce qu’il laisse voir de ses positions quant à ce que l’on appelle le communautarisme. Encore faudrait-il s’y prendre sans jeter sur lui ­ et sur ceux qui lui trouvent quelques vertus ­ un anathème de principe.

    Quant à ce qu’il fera, s’il est élu, qui le sait ? Les hommes politiques, après tout, sont des hommes politiques. C’est le drame de la démocratie que d’être l’invention d’une minorité ; et une minorité suffisamment sophistiquée pour faire la différence entre «les mots et les choses». Nous vivons sa version oxymore ­ sa version monstrueuse qui est la démocratie «de masse». Elle est née après guerre, sur les ruines du totalitarisme (nul hasard), et son citoyen consommateur idéal, bercé par le suffrage universel et le développement des médias, rêve de «participation», d’auto-expertise et de réconciliation avec un candidat «qui fait ce qu’il dit». Mais seuls les dictateurs, hélas, font cela. Seuls les dictateurs font vraiment ce qu’ils disent et disent vraiment ce qu’ils font, voyez Hitler : qui peut prétendre avoir été trompé sur la marchandise ? Voyez Robespierre, Lénine, Pol Pot, Mao. Pour aller vite, et emprunter la métaphore à un jargon «psy» lui aussi dépassé, on pourrait voir la dictature comme le «ça» du politique ­ son passage à l’acte ­ tandis que la démocratie en serait le «moi» ­ c’est-à-dire un système où le conflit est de règle, où les élus respectent moins la lettre de leur engagement que son esprit, et dont le résultat en acte serait, par conséquent, toujours déceptif.

    Où s’achève la déception, où commencent mensonge et démagogie : telle est toute la question. On peut risquer une hypothèse : plus la promesse est radicale ( «changer la vie» , lutter contre «les profits rapaces» ), plus vite s’estompera la frontière entre changement et poudre aux yeux. Comme le faisait déjà dire l’écrivain italien Lampeduza dans Le Guépard , à don Salina, le grand bourgeois défenseur de la Révolution : «Si tu veux que rien ne change, travaille à ce que tout change.»

    Nicolas Sarkozy, pour en revenir à lui, n’est pas moins que sa rivale accusé de démagogie populiste. Comment se joue dans son camp ce conflit entre promesse et déception ? Il semble que cela soit de façon plus articulée, dans un champ de tension entre ce que certains à l’UMP appellent «le fond et la forme» des discours du candidat. Autrement dit, entre ses deux rédacteurs principaux, que sont d’un côté, pour le fond, Emmanuelle Mignon, la libérale «programmatique», et de l’autre Henri Guaino le lyrique socialo-gaulliste, que, manifestement, Sarkozy a choisi de privilégier en ce moment. Seulement pour la forme ? Cela reste à voir. Mais, outre que le conservatisme n’est pas forcément là où l’on pourrait le croire, la synthèse que fait Sarkozy de ces deux courants paraît également moins contradictoire que ne le voudraient ses adversaires. Elle indique, me semble-t-il, une direction globale ­ celle d’un libéralisme ferme, mais pour l’instant, en tout cas, mesuré. Et pourquoi pas ? On est loin du grand soir comme de la «rupture» ; mais loin également du cauchemar sécuritaire qu’agite la gauche.

    http://www.liberation.fr/rebonds/234541.FR.php



    Le débat politique vole très haut mes amis…

    Saffran
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    Saffran le #114060

    Ben, je pense que les articles cités résument bien le problème.

    Des électeurs très désabusés et peu motivés à aller voter.

    Des électeurs qui, s’ils votent, ont tendance à voter “à la tête du candidat”.

    Des électeurs enfin qui définissent le vote par la négative: “Pas Le Pen”, “Pas Royal”, “Pas Sarkozy”, etc.

    Je n’ai pas suivi par le menu les propositions de Mme Royal, mais avant de porter un jugement, j’attends de voir quelle poudre de perlimpimpin ses rivaux vont essayer de nous jeter aux yeux…

    Il y a un candidat qui est en train de monter dans mon estime en ce moment, mais il reste silencieux sur les affaires internationales. Hmm…

    Babamanga
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    Babamanga le #114061

    Pour le PDG de TF1, la première chaîne de France et d’Europe est “une entreprise moyenne” et est injustement critiquée par les politiques. Il ne manque pas d’air, le père Le Lay !

    http://www.jeanmarcmorandini.fr/news.php?id=3417

    Je connais beaucoup de PME qui aimeraient avoir le chiffre d’affaires de Télé Bouygues…

    Babamanga
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    Babamanga le #114062

    Lu dans 20 minutes aujourd’hui :

    Citation (20 minutes)
    Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen ont enquêté cinq ans sur la démobilisation électorale, à Saint-Denis. En pointant la «malinscription» ou le «coût» de l’acte électoral, ils dessinent les contours de La Démocratie de l’abstention (Folio Actuel).

    En quoi l’abstention de plus en plus importante aux scrutins présidentiels marque-t-elle un tournant ?

    En France, l’abstention progresse fortement à partir de la seconde moitié des années 1980. Dans un premier temps, elle touche principalement les élections de « second ordre » (Européennes, cantonales…). Mais jusqu’en 2002, les présidentielles sont relativement épargnées : en 1995, la participation est encore de 79 %.

    Le 21 avril 2002 est bien une date importante dans l’histoire électorale de notre pays. En raison de la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour du scrutin. Mais aussi parce que la participation n’avait jamais été aussi faible à un scrutin présidentiel : 71,6 %.

    Et cette abstention touche en premier lieu les milieux les plus populaires. Dans une cité comme les Cosmonautes, moins d’un habitant sur deux s’est déplacé, au premier tour, pour élire le dernier président de la république.

    Le constat s’impose de lui-même : la France devient une démocratie de l’abstention. Et cette abstention touche en premier lieu les milieux populaires, qui pèsent ainsi de moins en moins sur le résultat des élections. C’est un phénomène nouveau. Et c’est une évolution majeure de notre civilisation électorale.

    Selon votre livre, la démobilisation électorale touche en premier les classes populaires ?

    Les ouvriers et les employés constituent une majorité sociale et, de plus en plus, une minorité électorale. On le voit bien quand on réalise une enquête de terrain pendant 5 ans dans une cité de la banlieue Nord de Paris. Aux Cosmonautes, il y a environ 700 Français de plus de 18 ans. Et il n’y a eu que 147 votants aux Européennes de 2004, 290 au Referendum sur la constitution européenne de 2005… sur 700 électeurs potentiels. Et l’on entend ici et là que la campagne aurait suscité l’intérêt des Français et que la participation aurait été élevée…

    De manière générale, on estime que le quart des habitants des Zones Urbaines Sensibles n’étaient pas inscrits sur les listes électorales au moment des présidentielles de 2002.

    Quels effets ont eu les appels, de rappeurs par exemple, à l’inscription ?

    Même si les chiffres ne sont pas encore disponibles, il y a eu une reprise des inscriptions sur les listes en 2006. Le mouvement était déjà perceptible en 2005 dans les quartiers « sensibles », à la suite des émeutes.

    On manque de données et de recul pour interpréter un tel phénomène. Mais peut-être va-t-on assister-t-on à une remobilisation ?

    Les associations et les rappeurs ont probablement joué un rôle, en particulier en contribuant à faire émerger la question dans les médias.

    D’autres facteurs ont-ils pu jouer ?

    Sur la jeunesse des cités, le souvenir du 21 avril 2002 ou certains propos de Nicolas Sarkozy ont pu également produire de l’inscription. La candidature de Ségolène Royal mobilise aussi, semble t-il, les jeunes filles de ces quartiers.

    Parlez-nous du phénomène des « malinscrits »…

    La malinscription, c’est être inscrit, mais dans un autre quartier ou une autre ville que ceux où l’on réside effectivement. Donc ne pas pouvoir voter près de chez soi. L’ampleur de ce phénomène est encore plus difficile à établir que celle de la non inscription.

    Ils nous a fallu plusieurs semaines d’enquêtes pour nous rendre compte que 28 % des inscrits au bureau de vote du quartier des Cosmonautes n’habitaient plus, en réalité, dans la cité. Or, les malinscrits votent beaucoup moins que les autres. Il faut des scrutins de haute intensité, tel que le second tour Le Pen/Chirac pour qu’une partie d’entre eux fassent l’effort de se déplacer jusqu’au bureau de vote d’un quartier où ils n’habitent plus.

    Vous soulignez le « coût rédhibitoire » de l’inscription ?

    Le coût est proportionnel à la distance que chacun entretient avec le monde institutionnel. Distance géographique, dans les quartiers écartés du centre ville et qui ne disposent pas de mairie annexe à proximité. Mais aussi distance d’ordre symbolique. Quand on hésite à se rendre au guichet d’une administration parce qu’on redoute, d’y être méprisé ou victime de racisme, alors le coût à payer pour être inscrit devient vite rédhibitoire.

    Les sondages sont-ils inadéquats pour rendre compte de la réalité du vote ?

    Nous le pensons. Les refus de répondre sont extrêmement élevés. Par ailleurs, beaucoup de sondés dissimulent leurs préférences politiques et leurs attitudes effectives. Pour prendre deux exemples, nous avons appelé tous les habitants de la cité présents sur l’annuaire téléphonique et seuls 13 % de ceux qui nous ont répondu ont reconnu ne pas être inscrits sur les listes électorales. Deux fois moins que dans la réalité. De même, au cours des 13 sondages que nous avons réalisés entre 2002 et 2006, et alors que notre dispositif garantissait le secret des réponses, nous n’avons jamais eu par ce biais plus de deux électeurs reconnaissant donner leurs voix au Front National.

    Si on prend en compte les non-inscrits, mal-inscrits,

    abstentionnistes, votes blancs, votes nuls, que représentent les votes exprimés par rapport aux votes potentiels ?

    Dans un quartier comme les Cosmonautes, les votes exprimés sont largement minoritaires par rapport aux votes potentiels : alors qu’il s’agissait d’élire le président de la République et un député à l’Assemblée nationale, c’est en moyenne moins d’1 électeur potentiel sur 2 qui s’est rendu aux urnes à chaque tour de scrutin du printemps 2002.

    Au niveau national, ce sont 4 électeurs potentiels sur 10 qui ne sont pas allés voter aux quatre tours de scrutins du printemps 2002. Sur la dernière séquence Présidentielle/Législative, les non votants n’étaient pas très loin d’être majoritaires. À cela, on peut, en plus, ajouter, les votes blancs et nuls : 3,4 % le 21 avril 2002.

    En résumé, à peine plus d’un électeur potentiel sur dix a voté pour Jacques Chirac, au premier tour des dernières élections présidentielles.

    Certains réclament la prise en compte du vote blanc dans les suffrages exprimés pour contrer la démobilisation…

    Il est difficile pour des sociologues de se livrer à des prédictions de ce type. Mais il ne nous semble pas que la mesure puisse avoir des effets significatifs. Ce n’est pas une demande que l’on enregistre dans les dizaines d’entretiens réalisés aux Cosmonautes, ainsi que dans d’autres quartiers populaires. Dans ce type de quartiers, les bulletins blancs sont d’ailleurs peu nombreux. Il serait assez paradoxal de penser que l’on va remobiliser les quartiers sur la base du vote blanc

    En milieu populaire, ce qui domine c’est l’indifférence pour la politique.

    Et ce que montrent les études c’est que plus les affrontements politiques étaient clairs et marqués, plus les clivages étaient forts et plus cet indifférentisme avait des chances de reculer. Les 6 alternances gauche/droite entre 1981 et 2002, ont été assez largement perçues comme étant sans alternative, comme n’entraînant aucune amélioration. Ce désenchantement politique a renforcé encore l’indifférentisme.

    Vous soulignez la dimension « collective » du vote…

    Plus on est indifférent à la politique, plus on a besoin d’être entraîné – quasi physiquement – pour aller s’inscrire ou voter. Longtemps, les espaces de travail et les quartiers populaires, parce qu’ils étaient encadrés par les syndicalistes et les militants, ont été des territoires où l’on votait beaucoup. Aujourd’hui, ceux qui votent le font encore souvent en groupe mais la famille et les amis sont désormais les seuls à exercer des pressions civiques. Le travail politise beaucoup moins qu’avant. Et le travail précaire ou l’absence de travail encore moins. Sans compter que les familles elles-mêmes n’échappent pas à la fragilisation et à la déstructuration. Nous avons vu des femmes cesser de voter après un divorce, des enfants ne voter qu’en présence de leurs parents. L’abstention contemporaine dans les milieux populaires, c’est le prolongement dans l’ordre électoral de la déstructuration des liens sociaux.

    Certains partis sont-ils particulièrement pénalisés par l’abstention ?

    Le non vote – non inscription plus abstention – est tout particulièrement important en milieux populaires. Donc le non vote pénalise ceux qui s’adressent, en priorité, aux milieux populaires. Aujourd’hui, il y a un vrai avantage concurrentiel à représenter les couches moyennes-supérieures et les segments les plus âgés de la population. C’est sans doute ce qui explique que la droite, mais aussi une partie de la gauche, aient des programmes en matière fiscale qui ne favorisent que la minorité la plus favorisée. Parce que cette minorité sociale est sureprésentée dans les urnes.

    De même, les milieux populaires, lorsqu’ils votent, donnent majoritairement leurs suffrages à la gauche. En l’absence d’étude précise sur cette question, on peut faire l’hypothèse que la démobilisation électorale pénalise, en premier lieu, la gauche, ainsi que le Front National, dont l’électorat, peu diplômé en moyenne, est, sans doute l’un des plus prédisposés à l’abstention.

    Quels risques peut présenter cette situation ?

    Une évolution à l’américaine : le basculement dans l’abstention massive et durable des milieux populaires, et l’émergence d’une démocratie au sein de laquelle il n’est plus rentable politiquement de chercher à représenter les employés et les ouvriers. Et dans laquelle, bien évidemment, les programmes et les politiques publiques visent, en priorité, à satisfaire les intérêts de ceux qui votent, c’est-à-dire des plus privilégiés, classes moyennes et supérieures.

    Quels autres moyens ont les classes populaires pour faire entendre leur voix ?

    Contrairement à ce que l’on croit parfois, les modes d’expression politique ne se concurrencent pas, mais se cumulent. Ce sont, en général, les mêmes qui votent, et parfois signent des pétitions, voire manifestent et – même si c’est de moins en moins – font grève. On le voit bien avec les fonctionnaires qui sont des votants et qui savent aussi se faire entendre par le recours à la manifestation ou à la grève.

    À l’inverse, les plus précarisés n’ont guère de moyens de « se faire entendre ». Ils sont nombreux à ne pas voter et ne sont, en général, pas en situation de recourir aux formes les plus conventionnelles d’actions collectives, comme les grèves et les manifestations. Entre autres, parce qu’il n’y a plus d’encadrement politique dans les quartiers populaires et parce qu’il n’y a presque plus de syndicats dans le secteur privé.

    Dans un tel contexte, il ne faut pas s’étonner d’assister à des « émeutes » en banlieue. C’est finalement l’un des seuls répertoires d’action encore disponible pour une partie de la population de ces quartiers. Il ne requiert aucune forme d’organisation. Il exprime une révolte, sans pour autant porter de revendication. Il est « protopolitique ».

    Recueilli par Anne Kerloc’h et Arnaud Sagnard

    Nicolas-Penedo
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    Nicolas Penedo le #114063

    http://desmotsetdebats.blogs.liberation.fr…_avec_jean.html

    http://www.liberation.fr/rebonds/238900.FR.php

    Voilà deux articles confondants sur le sujet : franchement, il y a de quoi se poser des questions. A l’heure actuelle, je vois Le Pen au second tour : je me base sur des recherches personnelles sur le Net, mais je crois que le fascisme a de nouveau droit de cité dans notre pays.

    WIZARD
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    WIZARD . le #114064

    On reste dans le sujet tout en s’eloignant mais c’est pour rebondir sur ce que disait nico en voyant jean marie le stylo au second meme si l’article montre plus un vote de contestation.

    http://fr.news.yahoo.com/05032007/202/cett…e-peter-le.html

    Toute façon, à mon avis, ça ne deplairait pas aux “gros candidats” que de se retrouver au round 2 face à lui. Le pen au round 2 et il y a une chance sur 2 (on peut dire meme une grosse chance) d’obtenir le report des voix des adversaires.

    Nicolas-Penedo
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    Nicolas Penedo le #114065

    Ouais Wiz : ceci m’amenant à prédire sa présence au second tour. Et ton idée comme quoi les candidats souhaiteraient se trouver face à lui n’est pas bête du tout.

    Bub
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    bub le #114066

    Citation (Nicolas_Penedo)
    Voilà deux articles confondants sur le sujet : franchement, il y a de quoi se poser des questions. A l’heure actuelle, je vois Le Pen au second tour : je me base sur des recherches personnelles sur le Net, mais je crois que le fascisme a de nouveau droit de cité dans notre pays.

    Dans mon département plus-rural-y-a-bien-que-la-Creuse ( le Lot-et-Garonne donc ), Le Pen avait fait un “beau” score aux dernières présidentielles. Ceux qui ont voté pour lui sont souvent eux-mêmes issus de l’immigration polonaise, italienne et espagnole, entre autre. Faut croire que les Hitler, Franco et Mussolini n’ont pas suffit…

    Enfin bref, d’une manière plus générale, les commentaires journalistiques à l’égard des extrêmistes de tout poils se sont fait effectivement plus doux.

    Qui se souvient qu’il n’y a pas si longtemps l’Union Européenne promettait aux Autrichiens de les mettre au ban de l’Union pour avoir fait élire le fameux Jorg Haïder ? Aujourd’hui on carresse dans le sens du poil les jumeaux à la tête de la Pologne qui n’ont pas grand chose à envier à JH. Encore plus fort, ça n’a pas l’air de chagriner plus que ça les esprits bien-pensants de voir le retour des nazis dans certaines chambres allemandes, de voir les néofranquistes imposer leurs vues en Espagne ( avec la bénédiction d’Aznar ), de voir la ligue du Nord ( italie ) revendiquer son attachement au fascime ( ni plus ni moins ). Voilà même que l’on nous ferait presque pleurer sur le sort d’un réalisateur hollandais asassiné par un taré aussi raciste que lui. Et sinon, tout se passe bien dans nos stades de foot ( et autour ) ?

    Mais voilà, le plus fort, c’est que les grands penseurs de notre pays n’hésitent même pas à faire l’amalgame entre ces fachos purs et durs et ceux qui votent NON au projet de Constitution européenne ( je me rappelle des très délicates appellations bien fines de “national-socialiste” à l’égard de cette gauche du NON ). Les partis extrêmistes n’en demandent pas tant et n’ont plus qu’à ouvrir les bras pour accueillir les dégoûtés de tous bords.

    En ce moment le borgne braille parce qu’il n’aurait pas ses 500 signatures. Le très altruiste Sarkozy a convenu que certains élus UMP devront lui apposer leurs autographes pour le plus grand bien de la démocratie ( en passant, Besancenot y aura droit aussi, quelle belle famille ! ). J’avoue que si d’aventure Le Pen arrivait une nouvelle fois au second tour après tout ça, cette fois-ci je ne ferais même pas le déplacement, tant mon dégoût serait profond.

    Edité par bub le 06-03-2007 à 19:13

    Saffran
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    Saffran le #114067

    Je n’ai pas l’envie d’en discuter en long, en large et en travers, mais il me semble que les votes blancs vont être nombreux.

    Telles qu’elles sont parties, ces élections ne peuvent probablement rien amener de concret. L’intox des uns noie l’intox des autres, on entend tout et n’importe quoi et le résultat, c’est que les gens parient sur la paire du 2eme tour plutôt que de se faire une idée concrète pour le 1er tour.

    J’ai lu pas mal de commentaires aujourd’hui, et une litanie revient bien souvent : on votera son préféré au premier tour et on ne votera pas au deuxième s’il n’y est pas.

    Mais que fait Haruhi…

    Nicolas-Penedo
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    Nicolas Penedo le #114068

    Non, je pense au contraire qu’il y a aura peu de votes blanc au vu du nombre de nouveaux inscrits sur les listes électorales : ces personnes qui ne votaient pas avant, on ignore tout de leur vote et cela risque de chambouler par mal de choses.

    Ensuite, si Le Pen est au second tour, ce sera d’autant plus important de CONTINUER de voter : sinon, cela revient à lui offrir un blanc seing.

    Si on ne veut pas du fascisme, il suffit de voter pour n’importe lequel des candidats (à l’exception de monsieur Vendée) : au 2ème tour, tu pourras TOUJOURS faire barrage au FN.

    Saffran
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    Saffran le #114069

    Mais justement Nicolas, c’est là qu’est le problème! Je lis souvent dans les commentaires “J’ai du voter Chirac avant, cette fois-ci je voterai blanc” (au 2eme tour). Je trouve cela scandaleux, mais c’est apparemment dans la bouche de très nombreux électeurs.

    Darklara
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    Darklara le #114070

    Citation (Nicolas)
    au 2ème tour, tu pourras TOUJOURS faire barrage au FN.

    Oui, mais non.

    Parce que non.

    Moui, c’est confus, mais je vais m’expliquer. Barrage au FN, peut-être. A l’abomination, certainement pas.

    “Faire barrage au FN”, ce n’est que mon avis cogité avec mes maigres moyens intellectuels, mais pour moi dans mon avis personnel, ça ne veut pas dire grand-chose. Je ne sais pas s’il y a des Pingouins sarkozystes, mais si je dois voter Sarkozy pour faire barrage contre Le Pen, j’appelle pas ça un barrage digne de ce nom, vu que… euuuh… M. Sarkozy, il raffole pas des bipèdes nés ailleurs qu’en France…

    Ils me répugnent autant l’un que l’autre. Mais celui-là se laisse aller à des généralités douteuses, aussi. Il est plus… plus… “”””délicat”””” (avec beaucoup de guillemets, hein) que l’autre, voilà tout.

    L’un comme l’autre, le racisme et la stupidité passeront, c’est tout ce que je vois. Vous vous êtes vraiment sentis efficaces en votant Chirac, vous? L’UMP est un parti qui, à mon sens, fait preuve d’un mépris assez spectaculaire pour les citoyens. C’est pas éloigné de la haine pure et simple, ni des généralisations stupides…

    A 500 mètres de chez moi, il y a un centre de rétention pour immigrés en attente de leurs charters, construit contre l’avis des habitants du quartier. Un jeune y a mis fin à ses jours, il y a trois-quatre mois.

    Et c’est pas le FN qui l’a construit, ce centre.

    Si le FN passait, il y en aurait peut-être plus, de ces centres? mais quelle importance? la plaie inadmissible, c’est leur simple existence. Et ce n’est pas le Front National qui a permis d’aller chercher les mômes à l’école pour les ramener au pays. Enfin, peut-être que je me trompe, si c’est le cas, dites-le moi.

    Alors, voter UMP pour faire “barrage au FN”, pardon, mais pour moi, ça ne veut plus rien dire. Les préjugés stupides et le mépris sont dans les deux parties.

    Je ne suis pas spécialement fière d’avoir voté au second tour en 2002.

    Au contraire, j’ai honte. Je n’ai pas eu l’impression d’empêcher quoique ce soit, ni de faire barrage. Enfin, si, sur le moment, mais aujourd’hui, je me rends compte que… pas tellement… Je vois juste que moi, Dkl, j’ai donné ma voix à ça…

    Je comprends, sans les excuser, ceux qui appellent à voter Le Pen juste “pour tout faire péter”. C’est une lutte plus facile, plus évidente, cependant, cela revient à attendre que la démocratie s’écroule complètement pour se battre pour elle, ce qui est absurde.

    Un jeune UMP, révolté des horreurs de notre Seconde Guerre Mondiale adorée, dira sûrement “oh, mais, je ne suis pas raciste comme Le Pen”, en oubliant que le racisme a changé de forme depuis 1940. On ne dit plus “race inférieure”, mais “musulman égale intégriste” (parce que des intégristes cathos, il n’y en a pas, hin hin hin…), “Noirs et Arabes sont tous délinquants et égorgent les moutons sur leurs balcons”. C’est moins froid et moins méthodique, c’est plus spontané.

    C’est tout aussi consternant.

    Edité par Darklara le 07-03-2007 à 10:37

    Edité par Darklara le 07-03-2007 à 10:49

    Edité par Darklara le 07-03-2007 à 10:52

    Shinta85
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    shinta85 le #114071

    Dans un mois faudra choisir notre président de la République, enfin si on peut appeler ça comme ça! Parce que l’on a une belle brochette de larron de foire cette année autrement dit vaudra mieux aller grimper le mat de cocagne plutot que de prendre d’assault l’Elysée!

    ça tombe sous le sens entre une gauche qui avance à l’aveuglette et une droite pourri de l’intérieur qui a choisi un candidat plus que suspect quand à ses choix politique en matière d’immigration par exemple (je ne le citerai pas ça lui ferait trop d’honneur) Y’a de quoi s’inquiéter!

    Ms que fait la police?

    Te biles pas elle va pas tarder bientot tu pourras plus aller faire couler le bronze sans qu’elle soit derrière toi!

    Et l’autre là l’enc*** de gros L* P** comme chante si bien les Béru,il ose remettre ça, eh man t’as du retard presque 70ans c’est fini la france de Vichy!

    Et le facteur qui se croit héritier du Che, va faire le tour du continent et va vivre dans la jungle après tu saura comment on fait une révolution, Paris c’est beau ms il y a la France autour!

    On parle meme pas des Coco, ils ont disparu de l’échiquier, si ça continue il vont se faire bouter par les verts qui malgré eux ont encore un peu de retard au démarrage!

    Mon Dieu, le plus lucide serait notre ami François, the électron libre de la politique, eh bien quel panade!

    Les autres c’est meme pas la peine qu’on en parle de toute façon ils ne feront pas 5%!

    Alors suivez votre ame et conscience,dissèquer au mieux les professions de foi et aller voter comme ça ils pourront pas dire que l’émergence des extrémismes est de la faute de ceux qui n’ont pas voter car c’est par leur façon d’agir que les français ne croient plus en la politique.

    Moi je crois en notre pays car il sait se bouger quand il le faut!

    HASTA LA VICTORIA SIEMPRE!

    Nicolas-Penedo
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    Nicolas Penedo le #114072

    Citation (Darklara)

    Citation (Nicolas)
    au 2ème tour, tu pourras TOUJOURS faire barrage au FN.

    Oui, mais non.

    Parce que non.

    Moui, c’est confus, mais je vais m’expliquer. Barrage au FN, peut-être. A l’abomination, certainement pas.

    “Faire barrage au FN”, ce n’est que mon avis cogité avec mes maigres moyens intellectuels, mais pour moi dans mon avis personnel, ça ne veut pas dire grand-chose. Je ne sais pas s’il y a des Pingouins sarkozystes, mais si je dois voter Sarkozy pour faire barrage contre Le Pen, j’appelle pas ça un barrage digne de ce nom, vu que… euuuh… M. Sarkozy, il raffole pas des bipèdes nés ailleurs qu’en France…

    Ils me répugnent autant l’un que l’autre. Mais celui-là se laisse aller à des généralités douteuses, aussi. Il est plus… plus… “”””délicat”””” (avec beaucoup de guillemets, hein) que l’autre, voilà tout.

    L’un comme l’autre, le racisme et la stupidité passeront, c’est tout ce que je vois. Vous vous êtes vraiment sentis efficaces en votant Chirac, vous? L’UMP est un parti qui, à mon sens, fait preuve d’un mépris assez spectaculaire pour les citoyens. C’est pas éloigné de la haine pure et simple, ni des généralisations stupides…

    A 500 mètres de chez moi, il y a un centre de rétention pour immigrés en attente de leurs charters, construit contre l’avis des habitants du quartier. Un jeune y a mis fin à ses jours, il y a trois-quatre mois.

    Et c’est pas le FN qui l’a construit, ce centre.

    Si le FN passait, il y en aurait peut-être plus, de ces centres? mais quelle importance? la plaie inadmissible, c’est leur simple existence. Et ce n’est pas le Front National qui a permis d’aller chercher les mômes à l’école pour les ramener au pays. Enfin, peut-être que je me trompe, si c’est le cas, dites-le moi.

    Alors, voter UMP pour faire “barrage au FN”, pardon, mais pour moi, ça ne veut plus rien dire. Les préjugés stupides et le mépris sont dans les deux parties.

    Je ne suis pas spécialement fière d’avoir voté au second tour en 2002.

    Au contraire, j’ai honte. Je n’ai pas eu l’impression d’empêcher quoique ce soit, ni de faire barrage. Enfin, si, sur le moment, mais aujourd’hui, je me rends compte que… pas tellement… Je vois juste que moi, Dkl, j’ai donné ma voix à ça…

    Je comprends, sans les excuser, ceux qui appellent à voter Le Pen juste “pour tout faire péter”. C’est une lutte plus facile, plus évidente, cependant, cela revient à attendre que la démocratie s’écroule complètement pour se battre pour elle, ce qui est absurde.

    Un jeune UMP, révolté des horreurs de notre Seconde Guerre Mondiale adorée, dira sûrement “oh, mais, je ne suis pas raciste comme Le Pen”, en oubliant que le racisme a changé de forme depuis 1940. On ne dit plus “race inférieure”, mais “musulman égale intégriste” (parce que des intégristes cathos, il n’y en a pas, hin hin hin…), “Noirs et Arabes sont tous délinquants et égorgent les moutons sur leurs balcons”. C’est moins froid et moins méthodique, c’est plus spontané.

    C’est tout aussi consternant.

    Edité par Darklara le 07-03-2007 à 10:37

    Edité par Darklara le 07-03-2007 à 10:49

    Edité par Darklara le 07-03-2007 à 10:52

    Dans ce cas là, tu voterais Le Pen pour faire pêter le système ?

    Le problème est le suivant : une fois que Le Pen est élu, tu ne sais pas jusqu’où il peut aller. Et je vais te citer un article de la Constitution, le 16 : il donne les pleins pouvoirs au Président en cas de crise : de Gaulle l’a utilisé lors du putsch des généraux en Algérie. Si Le Pen utilise cet article 16, on fait quoi contre lui ?

    Sans compter que l’armée est sous ses ordres. Lors de la prochaine crise en banlieue, tu imagines bien que Sarko va envoyer des CRS taper dessus. Le Pen, il fera quoi ? Gageons qu’il proposera aux policiers de tirer dans le tas.

    Que Sarkozy soit un ministre de l’intérieur dur, oui, mais raciste, je ne crois pas. Il est soumis à tout un tas de pression et de stress et pendant la campagne, il doit ratisser large. Et Sarko est Républicain, pas Le Pen. Donc, mieux vaut Sarko et Chirac à Le Pen, sans aucun doute. Une fois que tu as laissé la bête entrer dans ta maison, tu ignores les dégats qu’elle peut faire.

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