Je prendrai certainement Hush 2 et Sonic X DC quand ils sortiront, très curieux de voir ça !
De mon côté, en juin je me suis acheté les trois séries “Absolute” de DC sorties par chez nous, dépeignant les héros DC dans un univers différent, après l’évènement DC Absolute, pas obligatoire de le lire pour comprendre ces histoires au passage (dites-vous juste que c’est un univers plus sombre puisque modelé en quelque sorte par Darkseid, un des méchants majeurs de DC).
D’abord Absolute Wonder Woman.

Je dois d’abord préciser qu’à la base je ne suis pas fan de Kelly Thompson (scénariste sur ce titre), mais j’ai quand même voulu essayer les trois titres alors je lui ai laissé sa chance.
Et je dois bien avouer que j’ai pas passé un mauvais moment à la lecture de ce premier tome, même si c’était loin d’être parfait.
J’y ai retrouvé un peu le côté épique et Fantasy-Mythologique que j’avais adoré dans le run N52 d’Azzarello (qui reste à ce jour un de mes run préférés de Wonder Woman).
Malheureusement le plaisir était quelque peu plombé par la lourdeur des dialogues et parfois l’excès d’exposition dans ceux-ci. À chaque chapitre il y a toujours des passages où les perso (en particulier Diana et sa “mère”) vont dans la surenchère de détails qui te sortent du récit et te hurlent “EXPOSITION !!” à la gueule. Il y a toujours une phrase de trop, un détail que sort Diana et que personne lui a demandé, par exemple.
C’est vraiment dommage parce que l’histoire est très intéressante et le travail graphique vraiment chiadé, avec notamment de superbes perspectives qui donnent le vertige. Sur ce point, excellent boulot de Heyden Sherman, même si son chara design demande un certain temps d’adaptation.
Bref, c’était quand même très sympa, je continuerai d’acheter ce titre en espérant qu’il reste de cette qualité graphique, et que ses dialogues soient plus digestes.
Maintenant Absolute Superman.

Je n’arrive pas à avoir un avis définitif dessus. Pour Absolute Wonder Woman, malgré ses défauts, j’en ai gardé une plutôt bonne impression. Ce qui m’a gêné dans AS c’est la surexposition.
Dans AWW, c’étaient les dialogues qui en disaient trop sur le lore et la mythologie de l’univers, là c’est toute la narration qui appuie bien fort sur le thème choisi par Jason Aaron, à savoir la lutte des classes et les inégalités sociales.
L’album entier (sur cinq chapitres) décrit la fin de Krypton mais également en parallèle les premières actions de Kal-El adulte sur Terre. Les deux époques sont marquées par des similitudes frappantes, dominées par la lutte des classes.
Sur Krypton, la société est divisée en deux catégories, les scientifiques portant l’emblème du soleil, classe des élites, et les ouvriers portant l’emblème bien connu dans l’univers principal de la famille El, le S qui ici désigne la classe inférieure, à laquelle appartiennent les parents de Kal. Il y a d’autres changements encore plus importants mais je laisserai cela à la discrétion du lecteur.
Dans l’ensemble ça reste la même histoire, Jor-El est une fois de plus méprisé et raillé lorsqu’il tente de prévenir ses compatriotes de l’imminence de la destruction de Krypton, avec une différence près, les scientifiques sont parfaitement au courant de la chose mais cachent sciemment la nouvelle aux ouvriers et projettent de quitter la planète en laissant derrière eux ces derniers. Les bâtards.
Sur Terre Kal parcourt le monde en choisissant les pays pauvres soumis aux plus grandes inégalités sociales et lutte contre une organisation exploitant les travailleurs de ces pays, la Lazarus Corp et sa milice privée, les Peacemakers, forçant l’arme au poing les travailleurs à risquer leur vie dans des mines pour l’excavation de minerais précieux. Les actions de Kal-El commencent à être reconnues et ce dernier est surnommé Superman. Lois Lane est la première dans le récit à l’appeler ainsi, même si on ignore si le surnom vient d’elle. Je dis ça parce qu’ici elle n’est pas journaliste au Daily Planet. Là encore je ne révèlerai pas son rôle dans l’histoire, mais elle a un lien particulier avec Kal-El.
Bref, comme sur Krypton, le thème des inégalités sociales est très prononcé, et la subtilité n’a pas vraiment sa place ici. Ça plaira ou pas, selon ce que vous attendez d’un Superman.
Personnellement, c’est pas vraiment ce que je recherche dans un récit sur l’homme d’acier, du moins pas de cette façon, pas quand ça prend autant de place dans l’histoire. J’avais par exemple beaucoup aimé le run de Grant Morrison dans les N52 qui ramenait aux premières histoires de Superman, par moment très ancrées dans le social. Cette version de Jason Aaron décide quant à elle de s’y investir à fond les ballons. Et tiens, puisque j’évoque le run de Morrison, on retrouve ici aussi le concept de la combinaison intelligente et protectrice avec un plus pour cette version, on lui a même donné la parole (et elle est très bavarde) ! Étonnant, non ?
Ce qui est intéressant ici, ce sont aussi les changements apportés dans la mythologie de Superman, dont certains sont vraiment originaux et apportent un véritable intérêt à cette version Darkseidienne. Le tout reste d’ailleurs étonnement fidèle à nombre de concepts déja abordés dans la très longue histoire du comics tout en les plaçant sous une lumière différente, comme le symbole du soleil utilisé pour représenter les scientifiques par exemple. Et ça c’est un très bon point.
Et puis graphiquement, c’est comme pour AWW de l’excellent boulot, Rafa Sandoval fait des merveilles et réussit à rendre Kal-El classe avec ses bouclettes ! 😛 Par contre, Lois Lane avec des cheveux courts, c’est un non négatif. -_-
Bref, je trouve que toute cette histoire manque un peu de spontanéité et de coeur. À vouloir faire de Superman un symbole de lutte sociale et rien d’autre, Aaron se perd dans le message qu’il a voulu transmettre. Tout son récit au cours de ces cinq premiers chapitres ne se consacre presque exclusivement qu’à ça, passé comme présent, ce qui rend à mes yeux l’histoire difficilement comestible. Et une donnée extrêmement importante du personnage principal est passée sous le coude, à peine évoquée (et l’image utilisée n’est guère rassurante), la famille adoptive terrienne de Kal-El, les Kent. Heureusement la dernière image du dernier chapitre laisse présager quelque chose de plus ragoûtant.
Je continuerai donc aussi l’aventure avec Absolute Superman. Malgré mes réticences sur les choix scénaristiques, Jason Aaron a créé un univers assez dense avec beaucoup de voies possibles qui peuvent soit l’éloigner plus encore de la version de base, soit l’en rapprocher, ce qui fait que j’arrive pas à me décider pour l’instant si ce que j’ai lu m’a plu ou pas. Je sais que je n’aime pas la voie empruntée par l’auteur pour l’instant, ça c’est indéniable, mais les pistes abordées peuvent changer la donne. Allez hop ! On verra ! 8)
Et enfin Absolute Batman.

Ces trois titres ont une force commune, leur indéniable beauté graphique. Je ne suis pas très familier du travail de Nick Dragotta, mais je lui trouve un charme certain, me faisant penser à un mélange entre Dustin Nguyen et Greg Capullo. Et le choix de couleurs de Frank Martin, faisant cohabiter des tons sombres avec des aplats vifs rouges, violets, bleus mais aussi verts ou jaunes, est également très marquant, parfois même déstabilisant.
Pour ce qui est de l’histoire, Scott Snyder reste dans son domaine, il commence comme toujours très fort avec un concept de départ clairement percutant, puis brode autour tout le long de son arc, avec plus ou moins de réussite selon que l’on soit fan ou non de sa narration très verbeuse (il aime définitivement jouer avec les mots par exemple, ce qui a parfois tendance à mettre les traducteurs dans l’embarras comme c’est le cas ici où l’éditeur n’a d’autre choix que d’expliquer l’origine de certains termes entre les cases).
En ce qui me concerne, j’aime beaucoup son style et son jeu d’équilibriste entre excès et retenue. C’est souvent casse-gueule mais pourtant je lui trouve un véritable charme, peut-être à cause de ses dialogues, que j’estime être son point fort.
Maintenant Absolute Batman donc.
C’est ce qui a fait parler le plus dans la sphère des fans et des lecteurs occasionnels, le physique mastoc de Batman, devenu plus que jamais une force de la nature, armé de “gadgets” tout aussi imposants (rien que son emblème sur la poitrine qui peut carrément servir de… !!) et dont la batmobile est un mélange de monster truck et de la version tank de Dark Knight Returns de Miller. Tout est fait délibérément dans la démesure, comme pour compenser le fait que ce Bruce Wayne là n’est pas un milliardaire mais un prolo ayant subi une tragédie enfant et utilisant ses propres ressources et un système D impressionnant, le tout soutenu par une intelligence et une vision des choses hors-normes. Et en parlant d’hors-normes, les méthodes de Batman ne font pas dans le subtil, le gars n’hésite pas à trancher dans le vif. Trancher une main ne lui fait pas peur !
Plus étonnant encore est l’entourage proche de Bruce, mais dans ce cas précis, je me demande si à long terme ce ne serait pas un handicap que s’impose Snyder, à moins qu’il ne fasse évoluer les choses. Mais de toute façon j’ai cru comprendre qu’il ne souhaitait pas en faire une série à long cour (deux ans tout au plus), il doit avoir une idée bien précise sur ces personnages-ci tout du moins.
J’aime particulièrement son Alfred qui a des faux airs physiques de Ra’s Al Ghul ou de Slade Wilson, et sa relation avec Batman évolue avec le récit, passant de l’antagonisme à la méfiance, puis à la collaboration, ces deux-là passent leur temps à se jauger, à essayer de voir quelles sont leurs limites. Il y a quelque chose de très intéressant dans cette dynamique entre les deux hommes, c’est l’un des gros points forts de ce récit.
D’autres relations sont aussi très intéressantes, notamment une impliquant Gordon et un autre personnage dont je ne dévoilerai pas le nom, mais là encore c’est l’un des gros points forts du titre, cette envie d’impliquer des connexions inédites et d’en ressortir quelque chose pour l’intrigue.
L’antagoniste principal ici est Black Mask, dont le gang terrorise Gotham de la façon la plus abjecte et barbare possible, et dont la réponse de Batman rivalise en brutalité. Malgré toute cette débauche de violence et la tentative d’Alfred d’y répondre de façon pragmatique et peu héroïque, le Chevalier Noir démontre sa plus grande force ici, sa résilience et sa ténacité à tenir la barre en pleine tempête, et c’est ce point qui est à mes yeux le plus gros point fort d’Absolute Batman. Passé l’étonnement des changements opérés pour cette version Absolute, on reste accroché au récit grâce à ce Batman différent sur plein de points de la version principale mais qui conserve malgré tout la caractéristique intrinsèque, sa capacité à inspirer le côté héroïque qui sommeille en chaque homme, et d’abord chez le lecteur.
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead